Immigration : en quoi consiste le programme "Dreamers", supprimé par Trump ?

L'administration Trump a mis fin mardi à un décret instauré par son prédécesseur Barack Obama qui avait permis la régularisation d'environ 880.000 jeunes.
Anaïs Cherif
Manifestation pour le maintien du programme d'immigration "Dreamers" à Washington, le 15 août 2017.

[Publié le 04/09 à 16h58, modifié le 05/09 à 18h36]

Donald Trump continue de détricoter les mesures mises en place par son prédécesseur à la Maison Blanche. Le président américain s'en prend cette fois-ci au programme Deferred Action for Childhood Arrivals (Daca), instauré en 2012 par un décret de Barack Obama. Cette mesure a permis la régularisation temporaire de plus de 880.000 jeunes, baptisés "dreamers", arrivés illégalement sur le sol américain depuis quatre ans. Le ministre de la Justice Jeff Sessions a annoncé ce mardi la suppression de ce programme. "Nous ne pouvons pas accepter tous ceux qui aimeraient venir ici, c'est aussi simple que cela", a commenté Jeff Sessions, rapporte Reuters. Le Congrès va disposer six mois pour trouver une alternative législative. Retour sur une décision controversée.

■ Qui sont les "dreamers" ?

Quelque 886.814 régularisations temporaires ont été délivrées depuis l'instauration du décret Daca en 2012, selon les chiffres officiels. Ce programme permet de délivrer un permis de séjour d'une validité de deux ans renouvelable à un immigré entré clandestinement sur le sol américain avant ses 16 ans. Pour y prétendre, l'individu doit avoir été présent aux Etats-Unis continuellement depuis 2007. Il doit également être à l'école, avoir un diplôme équivalent au bac ou bien avoir été engagé dans l'armée. La plupart des "dreamers" viennent du Mexique et d'Amérique latine.

■ Quel est l'impact financier de la suppression ?

La suppression du programme "dreamers" pourrait faire perdre au PIB américain 460,3 milliards de dollars sur la décennie à venir, selon une étude de FWD.us - groupe de lobby politique co-fondé par le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg.

"Plus de 97% [des "dreamers"] sont à l'école ou sur le marché du travail, 5% ont créé leur propre entreprise, 65% ont acheté un véhicule et 16% ont réalisé leur premier investissement immobilier, souligne le FWD.us. Au moins 72% des 25 premières entreprises Fortune 500 (ndlr, classement annuel des 500 entreprises américaines générant le plus de chiffre d'affaires) comptent parmi leurs employés des "dreamers"".

Un argument insuffisant pour Steven Mnuchin, secrétaire du Trésor. "Le président est très concentré sur l'immigration légale", a-t-il assuré à Fox News Sunday. "Je suis peu préoccupé par l'impact économique. Nous allons nous assurer qu'il y a  de travailleurs pour notre économie."

■ Qui sont les défenseurs et les détracteurs du programme ?

Aux Etats-Unis, la suppression de ce programme fait fureur du côté des démocrates et de la Silicon Valley. Plus de 350 dirigeants de grandes entreprises américaines ont signé jeudi dernier une lettre ouverte en faveur des "dreamers". Parmi les signataires, Microsoft, Amazon, Google ou encore Netflix.

"Les "dreamers" sont essentiels à l'avenir de nos entreprises et de notre économie ", indique la lettre. "Avec eux, nous nous développons et créons des emplois. Ils font partie de la raison pour laquelle nous continuerons à avoir un avantage concurrentiel mondial." Et de préciser : "Tous les bénéficiaires de DACA ont grandi en Amérique, sont enregistrés auprès de notre gouvernement, sont soumis à des vérifications approfondies et retournent versent des impôts sur le revenu."

Le PDG d'Apple, Tim Cook, a apporté son soutien aux "dreamers" dimanche sur Twitter, précisant que 250 bénéficiaires de ce programme travaillent chez Apple.

La suppression du programme Daca divise même au sein du camp républicain. "Je ne pense pas que [Donald Trump] devrait faire cela. Je pense qu'il appartient au Congrès de régler ce problème", a déclaré sur la radio WCLO Paul Ryan, le président de la Chambre des représentants. "Il y a des jeunes qui ne connaissent aucun autre pays, qui ont été amenés ici par leurs parents et ne connaissent pas d'autre maison."

Dix Etats américains incitent fortement le président américain à l'abrogation de ce décret. Un mouvement a été lancé en juin dernier par le Texas, a rapporté le Wall Street Journal. La coalition d'Etats menaçait alors de contester la légalité du programme devant la justice fédérale si l'administration Trump ne l'abroge pas d'ici le 5 septembre.

| Lire aussi : Trump se fâche avec la high-tech pour l'abrogation du "visa startup"

Anaïs Cherif
Commentaire 1
à écrit le 04/09/2017 à 18:08
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Les immigrés qui apportent une plus-value au pays sont en effet "the future" et je ne pense pas que Trump veuille restreindre leur arrivée. En revanche, les autres, défendus comme d'habitude par les gauchistes, ne sont pas les bienvenus :-)

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