Intelligence artificielle : face à la Chine, Trump veut protéger l'avantage américain

Le président américain Donald Trump a lancé le lundi 11 février son "American AI Initiative", un décret présidentiel exigeant au gouvernement fédéral de consacrer plus d'investissements dans l'intelligence artificielle. Cette stratégie intervient dans un contexte de relations tendues avec la Chine, qui est devenue un puissant concurrent dans ce domaine.
Ce plan intervient dans un contexte de relations pour le moins tendues entre Washington et Pékin.
Ce plan intervient dans un contexte de relations pour le moins tendues entre Washington et Pékin. (Crédits : Reuters)

Le président américain Donald Trump a ordonné officiellement lundi 11 février à son administration de faire de l'intelligence artificielle une priorité, un domaine où la suprématie américaine pourrait être menacée par la Chine. Le décret présidentiel exige « que le gouvernement fédéral consacre toutes ses ressources » à aider l'innovation en matière d'intelligence artificielle (IA).

« Les Américains ont énormément bénéficié d'avoir été des précurseurs et des leaders internationaux dans l'IA », a fait valoir la Maison Blanche dans un communiqué. « Néanmoins, compte tenu de la vitesse à laquelle avance l'innovation en intelligence artificielle, nous ne pouvons rester passifs en nous disant que notre suprématie est garantie », a poursuivi le communiqué.

En revanche, le texte présidentiel ne détaille aucun montant ni aucune stratégie pour ce faire.

La Chine va investir 150 milliards d'ici 2030

Il intervient dans un contexte de relations pour le moins tendues entre Washington et Pékin. Parmi leurs nombreux sujets de discorde figurent les technologies et notamment certains pans de l'intelligence artificielle, un domaine dans lequel la Chine investit énormément. Si Darrell West, à la tête du groupe de réflexion Brookings Institution's Center for Technology Innovation, comprend le moment choisi pour cette décision, il s'interroge sur cette initiative annoncée sans détails.

« Avec la Chine qui compte investir 150 milliards de dollars d'ici 2030 pour devenir premier pays en matière d'IA, il est important que les États-Unis gardent le rythme parce que l'IA transformera de nombreux secteurs. » Mais, « le président lance parfois des initiatives qui semblent bien mais qui n'ont que peu d'effets », relève-t-il.

Même son de cloche pour le Center for Data Innovation : bonne idée, mais il faudrait aux Etats-Unis une stratégie globale, sur le libre-échange numérique, la réglementation de la collecte des données, etc.

La Maison Blanche a évoqué des pistes : davantage de ressources allouées à la recherche, des recommandations pour une réglementation, la promotion de l'IA dans l'éducation ou l'amélioration de la compétitivité des États-Unis. Son communiqué ne cite pas la Chine mais appelle à « protéger l'avantage (américain) dans l'IA et les technologies cruciales pour les intérêts liés à la sécurité nationale et à l'économie contre des concurrents stratégiques et adversaires étrangers ».

L'Europe à la traîne

En France, le gouvernement et nombre d'experts placent beaucoup d'espoirs dans les capacités françaises en matière d'intelligence artificielle, et les consultants de McKinsey placent l'Hexagone dans le peloton européen, derrière des échappés comme le Royaume-Uni. « Les pays du Nord (Royaume-Uni, Suède, Finlande, Irlande) sont les plus en avance », ajoutent-ils, plaçant la France dans un deuxième groupe (sur quatre) qui comprend également l'Estonie, les Pays-Bas, le Danemark, l'Allemagne et l'Autriche.

Selon eux, pour reprendre un peu de terrain sur les États-Unis et la Chine, il faudrait investir chaque année « 10 à 15 milliards de dollars » en Europe dans l'intelligence artificielle, contre les quatre ou cinq milliards qui sont aujourd'hui la norme.

Commentaires 2
à écrit le 12/02/2019 à 13:33
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Trump a voté des baisses d’impôts pour les multinationales et a augmenté sérieusement le budget de l'US army. Maintenant les USA se rendent compte qu'ils n'ont plus de marge de manœuvre pour concurrencer les investissements chinois, car quand la Chin...

à écrit le 12/02/2019 à 11:17
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"L'Europe à la traîne" Encore et toujours le même refrain... Vite un frexit.

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