L'OCDE abaisse ses prévisions de croissance mondiale pour 2023

L'économie mondiale traverse la plus grave crise énergétique depuis les années 1970, prévient l'OCDE. Résultat, la croissance du produit intérieur brut (PIB) mondial doit marquer le pas à 2,2% en 2023, contre 3,1% cette année, avant d'accélérer en 2024 à 2,7%, a estimé l'institution internationale, revoyant légèrement à la baisse sa prévision pour cette année. En juin, les économistes tablaient sur une croissance du PIB de 2,8% en 2023.
Grégoire Normand
La crise énergétique continue de frapper sévèrement l'économie mondiale.
La crise énergétique continue de frapper sévèrement l'économie mondiale. (Crédits : Reuters)

L'horizon, au bout du tunnel, s'est encore assombri. Après les longues années de pandémie et l'éclatement de la guerre en Ukraine, l'économie mondiale traverse des zones de violentes turbulences. Entre l'inflation persistante, la crise énergétique, la baisse des salaires réels, les chocs sur les marchés boursiers, les perspectives de la croissance planétaire se sont considérablement dégradées ces derniers mois.

Le scénario d'une reprise post-pandémie longue et solide fait flop

Dans ce contexte morose, l'OCDE a révisé à la baisse ses chiffres de croissance du produit intérieur brut de 2023 par rapport à juin dernier. L'institution internationale table désormais sur un PIB à 3,1% en 2022 et 2,2% en 2023 après des prévisions au début de l'été de, respectivement, 3% pour 2022 et 2,8% pour 2023.

« Notre scénario central ne prévoit pas de récession mondiale, mais un net ralentissement de la croissance mondiale en 2023 et une inflation encore élevée, bien qu'en recul, dans de nombreux pays », a déclaré le chef économiste par intérim de l'OCDE, Álvaro Santos Pereira, dans un édito dévoilé ce mardi 22 novembre.

Il y a un an, beaucoup d'économistes espéraient une reprise post-pandémie longue et solide, poussée par des plans de relance budgétaires expansionnistes partout sur la planète et une extinction de l'épidémie de Covid. Le déclenchement de la guerre en Ukraine le 23 février a mis fin à tous ces espoirs.

Coup de frein brutal de la croissance en Europe

En Europe, l'onde de choc de la bataille ukrainienne continue de faire trembler toutes les économies. Résultat, l'OCDE projette une croissance du PIB de seulement 0,5% en 2023 contre 1,6% en juin dernier. Il faut dire que toutes les grandes puissances de la zone euro sont frappées de plein fouet par un coup de frein sévère de l'activité.

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En Allemagne, première puissance de la zone euro, l'OCDE prévoit une récession de -0,3% l'an prochain contre une croissance de +1,7% en juin dernier. Compte tenu de la dépendance de Berlin au gaz russe, l'industrie, moteur de l'économie allemande, est en plein marasme. À cela s'ajoutent toutes les difficultés d'approvisionnement, certes moins élevées qu'au tout début de la pandémie, mais qui demeurent bien supérieures à la période d'avant-crise sanitaire.

« Étant donné son ampleur, l'inflation érode les revenus réels et l'épargne, ce qui freine la consommation privée », complète l'OCDE.

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Du côté de l'Italie, l'économie devrait frôler la récession l'année prochaine avec un maigre +0,2% de croissance anticipé contre +1,2% estimé en juin dernier. « Le chômage augmentera et le taux d'activité fléchira, une contraction de l'emploi étant attendue en 2023. L'inflation des prix à la consommation, qui devrait s'élever à 10% environ fin 2022, ne devrait diminuer que progressivement », soulignent les économistes.

La croissance de la France va marquer le pas

Concernant la France, le tableau dressé par l'OCDE est certes légèrement moins sombre, mais la croissance devrait nettement marquer le pas à +0,6% contre +1,4% au début de l'été dernier. De son côté, le gouvernement a conservé sa prévision de croissance de +1%, inscrite dans le budget 2023. La poussée de fièvre des prix de l'énergie, des matières premières et des denrées alimentaires devraient continuer de peser sur la consommation, traditionnel moteur de l'économie tricolore. L'institution du château de la Muette, basée à Paris, table sur une inflation de 5,9% en 2022 et 5,7% en 2023. Après avoir atteint un creux en 2022 à 7,4% de la population, le chômage au sens du Bureau international du travail (BIT) devrait se redresser à partir de l'année prochaine pour atteindre 7,7% et 8,1% en 2024, éloignant toujours plus l'objectif de « plein emploi » du président Macron.

Au plan monétaire, la hausse des taux enclenchée par la Banque centrale européenne (BCE) depuis l'été dernier devrait porter un coup à l'économie de la zone euro alors que la crise énergétique s'éternise avant le pic de l'hiver.

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L'économie américaine à l'arrêt

Après les trois années de pandémie marquées par un coup d'arrêt violent de l'économie et de nombreuses victimes, les États-Unis peinent à sortir la tête de l'eau. Malgré un fort rebond à 5,9% en 2021, la plus grande puissance la planète continue de ralentir à +1,8% cette année 2022 et +0,5% en 2023 contre respectivement 2,5% et 1,2% en juin dernier. « La disparition complète des perturbations sur les chaînes d'approvisionnement prendra sans doute un certain temps, notamment compte tenu de l'impact de la guerre en Ukraine et des confinements liés au Covid-19 en Chine », souligne l'OCDE. Outre-Atlantique, les plans de relance de Joe Biden ne vont pas empêcher l'activité d'enregistrer un fort ralentissement.

Il faut néanmoins rappeler que la politique monétaire agressive de la Réserve fédérale (Fed) pèse amplement sur l'un des piliers de l'économie, à savoir la consommation des ménages dont le rythme devrait être divisé par trois entre 2022 et 2023.

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Le PIB de la Chine devrait se redresser

Après avoir marqué le pas en 2022, l'économie de la Chine devrait rebondir l'année prochaine, passant de +3,3% à +4,6%. Le rebond de la demande domestique devrait largement soutenir l'activité de la vaste puissance asiatique. En revanche, la politique de restriction sanitaire, certes assouplie, perturbe toujours l'économie chinoise. « Les restrictions continuent d'affecter fortement le secteur des services et la consommation », note l'OCDE.

Au plan monétaire, la banque centrale chinoise continue de mener une politique expansionniste. « Pour faire baisser les taux débiteurs sans réduire le taux d'intérêt de référence et sans accentuer les tensions sur les marchés des changes, les principaux établissements de prêt d'État ont abaissé les taux des dépôts de façon concertée en septembre, une première depuis 2015. L'offre de crédit est abondante », précisent les experts de l'OCDE, mais ce crédit abondant est toujours affecté par la crise de l'immobilier qui frappe le géant chinois depuis plusieurs mois maintenant.

Grégoire Normand
Commentaires 4
à écrit le 23/11/2022 à 16:02
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Cela sert à quoi d'avoir des économistes qui ne sont capables de prédire qu'une fois l'année écoulée ?

à écrit le 23/11/2022 à 12:24
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Contrairement à ce que l'on croit, le fait que l'OCDE abaisse ses prévisions de croissance mondiale pour 2023 est une très bonne nouvelle pour le quidam que nous sommes ! ;-)

à écrit le 23/11/2022 à 10:27
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Étonnant! Non?

à écrit le 23/11/2022 à 8:59
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C'est plutôt positif, non ? Moins de croissance, égale moins de pollution ? C'est bien ce qu'on voulait ?

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