Plus de 30% en un an. Les exportations de gaz de l'Azerbaïdjan vers l'Europe ont grimpé d'un tiers en 2022, s'est félicité ce lundi le gouvernement azerbaïdjanais. L'ancienne république soviétique du Caucase, richement dotée en hydrocarbures, a déjà « livré 7,3 milliards de mètres cubes » de gaz à l'Europe sur les huit premiers mois de 2022. L'annonce a été faite sur Twitter par le ministre azerbaïdjanais de l'Énergie Parviz Chahbazov.
Sur l'ensemble de l'année, Bakou s'apprête à livrer 12 milliards de mètres cubes de gaz à l'Europe, ce qui représentera un volume supérieur de 31% aux exportations de 2021. Bakou profite à plein de la crise énergétique en Europe qui force les dirigeants du Vieux Continent à trouver des fournisseurs de substitution à la Russie. A la veille d'un hiver où les pays européens risquent de manquer d'hydrocarbures et d'électricité, Moscou ferme progressivement le robinet de gaz vers l'Union européenne en réponse aux sanctions de Bruxelles à la suite de l'invasion de l'Ukraine.
Vives réactions contre ce rapprochement entre l'UE et l'Azerbaïdjan
En juillet, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s'était rendue en personne en Azerbaïdjan pour obtenir de Bakou davantage de livraisons du gaz azéri acheminé de la mer Caspienne vers l'Europe par gazoduc.
Ursula von der Leyen et le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev avaient ainsi scellé un accord très ambitieux afin de doubler « en quelques années » le volume de gaz vendu à l'Europe par Bakou.
Sur le plan politique, le soudain rapprochement entre Bruxelles et Bakou a surpris et suscité de vives réactions en particulier en France. Une soixantaine de députés français de l'extrême-gauche à la droite avaient ainsi réclamé à la Commission européenne « de renoncer à ce projet avec l'Azerbaïdjan (...) qui aurait pour effet de substituer à la dépendance au gaz russe, une dépendance au gaz azerbaïdjanais », tout en dénonçant la guerre sanglante que mène « l'Azerbaïdjan en Arménie qui exterminent les Arméniens au Haut-Karabakh ou dans la République d'Arménie ».
L'accord qui ne suffira pas à éviter un hiver de pénurie selon l'AIE
D'un point de vue énergétique, se pose surtout la question de l'efficacité de ces contrats et plus généralement de la politique européenne qui consiste à chercher dans l'urgence de nouveaux fournisseurs de gaz. Selon l'Agence internationale de l'énergie, cette stratégie sera, quoiqu'il advienne, insuffisante pour garantir à l'Europe suffisamment d'énergie cet hiver.
« Il ne faut pas juste compter sur les ressources gazières non-russes : celles-ci ne vont tout simplement pas suffire en volume pour remplacer les livraisons de la Russie », explique le directeur de l'AIE.
Fatih Birol conseille en priorité aux Européens de diminuer leur consommation.