La Banque mondiale prévoit une croissance du PIB de 4% en 2021

La persistance de la pandémie et les retards dans la mise en oeuvre des campagnes de vaccination risquent de pénaliser la reprise de l'économie planétaire selon la Banque mondiale. Après une contraction de 4,3% en 2020, le produit intérieur brut à l'échelle du globe devrait rebondir de 4% en 2021 et de 3,8% en 2022 selon un scénario médian.
Grégoire Normand
(Crédits : Reuters)

Le chemin de la reprise économique s'annonce long et périlleux. Selon les dernières prévisions économiques de la Banque mondiale rendues publiques ce mardi 5 janvier, le produit intérieur brut (PIB) planétaire devrait progresser de 4% en 2021 et 3,8% en 2022 selon un scénario médian. Dans une version optimiste avec une vaccination rapide et une propagation limitée du virus, le PIB pourrait bondir de 5% cette année. À l'opposé, dans un scénario noir de poursuite des contaminations et de retard dans les campagnes de vaccination, l'économie globale pourrait ne regagner que 1,6%.

Après une récession vertigineuse en 2020 (-4,3%), l'économie globale reste meurtrie par les effets dévastateurs de la pandémie. Dans leur épais document de 234 pages, les rapporteurs recommandent de mettre le paquet sur le contrôle de la propagation du virus et les campagnes de vaccination.

"Alors que l'économie mondiale semble s'orienter vers une reprise timide, les décideurs sont confrontés à des défis redoutables — qu'il s'agisse de la santé publique, de la gestion de l'endettement, des politiques budgétaires, de l'action des banques centrales ou des réformes structurelles — pour faire en sorte que cette dynamique toujours fragile se confirme et jette les bases d'une croissance solide", a déclaré David Malpass, président du Groupe de la Banque mondiale dans un communiqué.

Les conditions du rebond économique vont en grande partie dépendre de l'efficacité et de la vitesse de vaccination des populations. Sur ce point, le cas de la France est à cet égard particulièrement criant. Même si les autorités tentent de se défendre, beaucoup d'observateurs ne cessent de pointer les retards pris par l'Hexagone au regard de certains de ses voisins (Italie, Allemagne). Il faudra encore sans doute de longs mois pour atteindre l'immunité collective. "La vaccination lente et progressive aura un impact sur l'activité jusqu'au moment de l'immunité collective. La question est de savoir à quel moment cela va-t-il arriver ? Christine Lagarde a parlé de la fin de l'année 2021", a rappelé l'économiste en chef de BNP Paribas William de Vijlder lors d'un point presse en décembre dernier.

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Économies avancées : la reprise grippée par la recrudescence de l'épidémie

Après un premier semestre 2020 catastrophique, le rebond du produit intérieur brut (PIB) dans la plupart des économies avancées a été plus fort qu'anticipé. Ce rebond amorcé a pris fin au troisième trimestre au moment où la propagation du virus a de nouveau accéléré, obligeant beaucoup de pays à prendre de nouvelles mesures de restriction.

Après avoir enregistré une récession historique depuis la Seconde Guerre mondiale (-5,4%), l'activité aux États-Unis devrait retrouver des couleurs en 2021 (3,3%) et 2022 (3,5%). Dans son programme, le président Biden a prévu un plan de relance massif "build back better" d'environ 2.000 milliards de dollars sur l'ensemble de son mandat. La mise en œuvre et l'efficacité de cet arsenal va en grande partie dépendre du Congrès américain.

De son côté, la Réserve fédérale (FED) a annoncé qu'elle poursuivrait encore sa politique monétaire accommodante en prolongeant sa politique de rachats d'actifs. "La consommation des ménages s'est contractée en novembre et décembre. L'économie américaine sera probablement en récession en début d'année 2021. L'hiver sera dur. On s'attend à un rebond très fort du PIB au printemps. C'est l'économie qui pourrait rattraper rapidement son niveau de 2019 à fin 2021", a déclaré l'économiste de BNP-Paribas Jean-Luc Farandou, en charge du suivi des États-Unis.

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En Europe, la reprise s'annonce également laborieuse. Après un recul cataclysmique du PIB en 2020 (-3,6%), les économistes de l'institution internationale basée à Washington anticipent une hausse du PIB de 3,5% en 2021. Là encore, les difficultés s'accumulent dans l'Union monétaire. Si les États européens ont trouvé un accord sur un plan de relance d'environ 750 milliards d'euros à l'été 2020, beaucoup d'incertitudes demeurent sur l'avancée des campagnes de vaccination dans les semaines à venir. En outre, cette pandémie devrait avoir des effets à long terme sur le tissu productif déjà fragile en Europe et pourrait provoquer une flambée du chômage dans les mois à venir.

En matière de politique monétaire, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé en décembre qu'elle prolongeait et renforçait de 500 milliards d'euros, à 1.850 milliards, l'enveloppe du programme d'achats d'urgence face à la pandémie, le PEPP, devenu le principal instrument de sa politique de réduction des coûts de financement des États et des entreprises, jusqu'en mars 2022.

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Un rebond important de la Chine, beaucoup de flous

Sur l'échiquier mondial, la Chine semble tirer son épingle du jeu. Après avoir été le point de départ et l'épicentre de l'épidémie à la fin de l'année 2019, le géant chinois a limité la casse avec un PIB à 2% en 2020 (plus faible taux depuis 1976) annoncent les économistes de la Banque mondiale. Pour 2021, ils anticipent une envolée de la valeur ajoutée d'environ 7,9% avant un coup de frein en 2022 de 5,2%. "La reprise est solide mais inégale, avec des services aux consommateurs entraînant une production industrielle", expliquent les experts.

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Sur le plan international, la Chine veut poursuivre sa politique d'expansion via les Nouvelles routes de la Soie (Belt and Road Initiative/BRI). Entre 2013 et 2020, la Chine a investi près de 750 milliards de dollars dans les pays traversés par la BRI selon de récents chiffres du Centre d'études prospectives et d'informations internationales (CEPII). "En contribuant à leur développement, elle s'assure ainsi de nouveaux débouchés économiques et renforce son empreinte mondiale. Progressivement, le cadre géographique initial s'estompe et l'initiative englobe désormais les pays du monde entier ayant besoin de financer leur développement. Pékin se positionne ainsi au coeur d'un projet international visant à transformer la mondialisation", explique l'économiste Camille Macaire dans l'ouvrage du CEPII consacré à l'économie mondiale en 2021.

En dépit de ses vastes ambitions, la Chine suscite beaucoup d'interrogations chez les économistes et les observateurs. Le secteur financier chinois qui a pris une place prépondérante à l'échelle mondiale devrait être en grande partie fragilisé par la crise alors que les autorités chinoises avaient entrepris des réformes pour assainir le secteur et limiter l'emprise du "shadow banking" (finance de l'ombre). La pandémie a freiné les réformes importantes initiées par le gouvernement chinois qui veut renforcer la crédibilité de son système financier à l'international. En outre, beaucoup de doutes demeurent sur le nombre de victimes de la pandémie à l'intérieur des frontières chinoises. Les chiffres avancés par les autorités font l'objet de réserves et de critiques comme le rapportent certains médias étrangers

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Les économies émergentes et en développement au bord du gouffre

Le tableau dressé par les économistes de la Banque mondiale pour les pays émergents et en développement est particulièrement sombre. Sans la Chine, le PIB pour l'ensemble de ces pays devrait grimper de 3,4% en 2021 après un repli abyssal de 5% l'année précédente. La hausse de l'endettement public et privé dans ces pays déjà fragilisés avant la récession est particulièrement alarmante.

"La pandémie a fortement exacerbé les risques d'endettement dans les marchés émergents et les économies en développement, sachant qu'une croissance atone risque d'alourdir encore le fardeau de la dette et d'éroder la capacité des pays emprunteurs à en assurer le remboursement", souligne Ayhan Kose, vice-président par intérim de la Banque mondiale. Et d'ajouter : "La communauté internationale doit agir rapidement et avec détermination pour éviter que l'accumulation récente des dettes publiques ne débouche sur des crises de l'endettement en série. Les pays en développement n'ont pas les moyens d'assumer une nouvelle décennie perdue".

Grégoire Normand
Commentaires 6
à écrit le 06/10/2021 à 22:51
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1 core du Nord 2 Serbie 2 Chine 2 Russie 3 Allemagne 4 pays bas 5 Japon 6 Espagne 7 Turquie 8 Italie 9 rouymanie 10 Israël 11 egipte 12 mexico 13 Canada 14 Slovaquie 15 Grèce 16 gipre 17 Roumanie 18 France

à écrit le 06/10/2021 à 22:49
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1 Chine 2 Inde 3 Russie 3 usa 4Serbie 5 pays bas 6 rouymanie 7 Allemagne 8 Turquie 9 Espagne 10 Italie 11 Japon 12 mexico 13 Canada 14 France

à écrit le 06/10/2021 à 22:47
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1 Chine 2 Inde 3 Russie 3 usa 4Serbie 5 pays bas 6 rouymanie 7 Allemagne 8 Turquie 9 Espagne 10 Italie 11 Japon 12 mexico 13 Canada 14 France

à écrit le 06/10/2021 à 22:46
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1 Chine 2 Inde 3 Russie 3 usa 4Serbie 5 pays bas 6 rouymanie 7 Allemagne 8 Turquie 9 Espagne 10 Italie 11 Japon 12 mexico 13 Canada 14 France

à écrit le 06/01/2021 à 8:45
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ET visiblement également le basculement stratégique des états unis qui se désengage discrètement de l'économie chinoise. Même si ces derniers n'ont pas intérêt d'en parler, quand le premier consommateur au monde fait la tête au premier producteur au ...

à écrit le 05/01/2021 à 20:16
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4% par rapport a quoi? Pour ceux qui veulent gonfler leur compte en banque, c'est une référence mais pour ceux qui veulent vivre ou survivre cela ne veut rien dire!

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