Pékin ne cache plus sa volonté d'influence en Afrique, et sur les points chauds du monde. Le gouvernement chinois entend jouer un « rôle de médiateur » dans la crise politique qui s'est nouée au Niger, selon l'ambassadeur de Chine sur place dans une interview lundi à la télévision nationale nigérienne.
« Le gouvernement chinois entend bien jouer un rôle de bons offices, de médiateur, sur le respect total des pays régionaux pour trouver une solution politique à cette crise nigérienne », a affirmé l'ambassadeur dans cet entretien, après une rencontre avec le Premier ministre nigérien Ali Mahaman Lamine Zeine, nommé par les militaires qui ont pris le pouvoir. « La Chine poursuit toujours un principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays » et dit vouloir encourager les pays africains « à régler leurs problèmes à l'africaine », a ajouté l'ambassadeur Feng.
La Chine, incontournable partenaire économique du Niger
La Chine représente un partenaire économique incontournable du Niger, principalement dans le secteur de l'énergie. Les deux pays bâtissent notamment un oléoduc de 2.000 km, le plus long d'Afrique, destiné à exporter du pétrole brut à partir des champs d'Agadem (sud-est nigérien) jusqu'au port de Sèmè au Bénin. Les gisements d'Agadem sont gérés par le géant China National Petroleum Corporation (CNPC), qui a également construit une raffinerie à Zinder, dans le sud du Niger, d'une capacité de 20.000 barils par jour et dont la société chinoise détient une majorité du capital.
Des entreprises chinoises s'occupent également des travaux de construction du barrage de Kandadji, sur le fleuve Niger, un projet pharaonique de 740 milliards de francs CFA (1,1 milliard d'euros) situé dans l'extrême ouest du pays, qui doit générer annuellement 629 GWh pour permettre au Niger de sortir de sa dépendance énergétique au puissant Nigeria voisin. A la suite du coup d'État, le Nigeria n'a pas hésité à couper au Niger son approvisionnement en électricité au Niger, en phase avec les sanctions décidées par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) qui dénonce le coup d'Etat et les putschistes qui ont renversé le président Bazoum.
