La croissance allemande plombée par la guerre en Ukraine en 2022

L'institut économique IFO vient d'abaisser ses prévisions de croissance pour l'Allemagne : il table désormais sur « 2,2% à 3,1% » pour 2022, contre 3,7% auparavant. Une réduction due à la guerre en Ukraine, aux sanctions prises par les pays européens contre la Russie et à l'incertitude liée au conflit. Un cas loin d'être isolé : le Royaume-Uni vient aussi de déclarer miser sur une hausse de son PIB de 3,8% cette année, contre 6% jusqu'à présent. Ce type d'annonce est d'ailleurs récurrent depuis la semaine dernière.
L’Institut économique IFO estime désormais aussi la hausse des prix entre « 5,1% et 6,1% » cette année, contre 3,3% précédemment.
L’Institut économique IFO estime désormais aussi la hausse des prix entre « 5,1% et 6,1% » cette année, contre 3,3% précédemment. (Crédits : CHRISTIAN MANG)

Pour la deuxième fois en moins d'une semaine, les prévisions de la croissance allemande pour 2022 sont revues à la baisse. L'institut économique IFO, l'un des plus influents d'Allemagne, a en effet indiqué ce mercredi 23 mars tabler désormais sur une hausse du PIB « entre 2,2% et 3,1% » cette année, contre 3,7% en décembre. En cause : « l'invasion russe en Ukraine », qui « freine la conjoncture ». Il emboîte le pas à l'institut IfW, qui a divisé par deux, la semaine dernière, ses prévisions annuelles, tablant sur 2,1% de hausse du PIB.

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Par ailleurs, « la forte hausse des prix de l'énergie cause une inflation élevée », a commenté Clemens Fuest, président de l'IFO, lors d'une conférence de presse. L'Institut estime désormais la hausse des prix entre « 5,1% et 6,1% » cette année, contre 3,3% précédemment. Pour réduire sa facture énergétique, et par la même occasion sa dépendance à l'égard des énergies fossiles russes, Berlin envisage de suspendre la fermeture programmée de certaines de ses centrales électriques au charbon, selon un projet que Reuters a pu consulter ce mercredi.

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Une année 2022 qui avait pourtant bien commencée

Les mois de janvier et février, avant la guerre, ont été pourtant marqués par une amélioration de la situation sanitaire et une levée des restrictions contre le Covid-19, stimulant l'activité, selon l'IFO. La performance économique a ainsi été, au début de l'année, « meilleure qu'attendue », a indiqué Timo Wollmershäuser, chef de la division conjoncture de l'institut. Mais à partir de mars, et de l'invasion russe, « la conjoncture s'est affaiblie », a-t-il ajouté.

Une situation qui devrait durer, en raison de la « hausse des prix des matières premières », et d'une aggravation des « goulots d'étranglement » sur les marchés internationaux, a détaillé l'expert. « L'incertitude » et les « sanctions économiques » des Occidentaux contre la Russie auront aussi un fort impact.

L'industrie, pilier économique, en souffre particulièrement, et a « connu un recul de sa production en mars », selon les experts. La hausse des prix à la production bat déjà des records pour les industriels, avec un bond record de 25,9% en février sur un an, pour le troisième mois consécutifs, selon les derniers chiffres officiels. L'Allemagne craint désormais de connaître une nouvelle récession, après un PIB au quatrième trimestre 2021 en baisse de 0,3%.

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Londres baisse aussi ses prévisions de -2,2 points

Le Royaume-Uni a lui aussi annoncé ce mercredi 23 mars une baisse de ses prévisions de croissance. S'il est « trop tôt pour connaître le plein impact de la guerre en Ukraine » sur le pays, Londres s'attend désormais à une croissance de 3,8% cette année, contre une précédente estimation de 6%, a annoncé le Chancelier de l'Echiquier Rishi Sunak au Parlement pour son discours budgétaire de printemps.

La situation pourrait encore s'assombrir, a-t-il prévenu, appelant le pays à se préparer « à une détérioration des finances publiques qui pourrait être importante ». Cette nouvelle prévision de croissance représente un gros coup de frein comparé au rebond de 7,5% de l'économie britannique en 2021, plus forte progression du G7, après une contraction historique de 9,4% l'année précédente à cause de la pandémie. L'organisme public de prévisions économiques OBR estime aussi que l'inflation pourrait atteindre un plus haut en 40 ans au dernier trimestre 2022 à 8,7% sur un an, après avoir encore accéléré à 6,2% en février.

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Les économies allemande et britannique ne sont pas les seules à pâtir des conséquences de la guerre en Ukraine. L'OCDE annonçait la semaine dernière tabler sur un point de croissance en moins à l'échelle mondiale. Le FMI va rabaisser sa prévision, actuellement fixée à 4,4% pour 2022. La communication la plus sombre est venue le 18 mars de la BERD, du FMI et de la Banque mondiale qui se sont dits « profondément inquiets », évoquant « une croissance plus lente, des perturbations des échanges commerciaux » et un impact particulièrement sévère pour « les plus pauvres et vulnérables ».

La semaine dernière également, la Banque de France indiquait que le PIB français serait impacté de 0,5 à 1 point. Les économistes tablent ainsi désormais sur une croissance à 3,4% en 2022 si le prix du baril de pétrole s'établit en moyenne sur l'année à 93 dollars, mais de seulement 2,8% si ce prix atteint 119 dollars. Sans la guerre, elle aurait relevé sa prévision de croissance de 3,6% à 3,9%.

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(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 23/03/2022 à 19:58
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Comment dit-on boomerang en allemand? La réponse est: bumerang!

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