La Fed augmente ses taux de manière agressive, une première depuis 22 ans

La banque centrale américaine (Fed) a relevé mercredi d'un demi-point de pourcentage ses taux directeurs, première hausse de cette ampleur depuis 2000, pour tenter de contrôler l'inflation record et a signalé que d'autres hausses "seraient justifiées" à l'avenir. Craignant un resserrement plus sévère, la Bourse de New York a paradoxalement terminé la séance en hausse.
(Crédits : Carlo Allegri)

Pour lutter contre l'inflation et éviter de voir les Etats-Unis tomber en récession, la Réserve fédérale américaine (Fed) a relevé mercredi son principal taux d'intérêt d'un demi-point, sa plus importante hausse depuis près de 22 ans, et annoncé qu'elle commencerait à réduire son bilan le mois prochain, accélérant ainsi le resserrement de sa politique monétaire face à l'inflation. L'objectif de taux des fonds fédéraux ("fed funds"), le principal instrument de la politique monétaire de la Fed, est porté entre 0,75% et 1%. Cette décision a été prise à l'unanimité. La Fed a indiqué que d'autres hausses "seraient justifiées" à l'avenir. Pour autant, un resserrement plus sévère est pour l'heure exclu, ce qui a permis à la Bourse de New York de finir en forte hausse. Selon des résultats définitifs à la clôture, l'indice Dow Jones a grimpé de 2,81% à 34.060,99 points. Le Nasdaq, à dominante technologique a bondi de 3,19% à 12.964,86 points tandis que le S&P 500 a avancé de  2,99% à 4.300,20 points.

Par ailleurs, la Réserve fédérale, qui a accumulé pour 9.000 milliards de bons du Trésor et autres titres à son actif en versant des liquidités dans le système financier pour soutenir l'économie pendant la pandémie, va commencer à réduire son bilan à partir du 1er juin, autre outil de resserrement monétaire pour tempérer la pression inflationniste. A partir de cette date, son bilan va commencer à être réduit au rythme de 47,5 milliards de dollars par mois et à hauteur de 90 milliards après trois mois, une autre façon de renchérir le coût du crédit pour tempérer la demande et les hausses de prix.

Enfin, la Fed prévient que la guerre en Ukraine et les confinements en Chine vont aggraver l'inflation et les problèmes de logistique. En effet, la guerre russo-ukrainienne qui s'enlise pèse sur la croissance européenne, fait grimper les prix mondiaux de l'énergie et met en péril la sécurité alimentaire dans le monde. Parallèlement, la politique de tolérance zéro contre le Covid-19 en Chine a aggravé les problèmes sur les chaînes d'approvisionnement mondiales. Tous ces facteurs ralentissent la croissance américaine. Le Produit intérieur brut (PIB) du pays s'est même contracté de 1,4% au premier trimestre.

 Néanmoins, les membres de la Fed continuent de penser que l'inflation reviendra progressivement à l'objectif de 2% que s'est fixé la Fed à mesure qu'elle va augmenter les coûts du crédit, mais elle insiste sur le fait qu'elle va "être particulièrement attentive à l'inflation".

Inflation

Pour rappel, en mars, la Fed avait commencé à relever ses taux, pour la première fois depuis 2018. Mais elle avait agi avec prudence en les portant dans une fourchette comprise entre 0,25 et 0,50%, soit une hausse de 0,25 point de pourcentage. Elle avait toutefois signalé sa volonté de procéder à six autres hausses cette année, soit autant que de réunions d'ici à fin 2022. Depuis, l'inflation a continué de grimper. Aggravée par la guerre en Ukraine, elle a atteint en mars un sommet jamais vu depuis décembre 1981: +8,5% sur un an, selon l'indice CPI.

 La Banque centrale américaine a deux missions principales: assurer la stabilité des prix et le plein emploi.

Outre la poussée des prix, Jerome Powell déplore un marché de l'emploi à un niveau "malsain". En effet, le taux de chômage est proche de son niveau d'avant la pandémie (3,6% en mars contre 3,5% en février 2020).

Et les entreprises sont confrontées depuis des mois à des pénuries de main-d'œuvre et à des démissions massives. En mars, 4,5 millions de personnes ont encore quitté leur emploi, alors que le nombre d'offres a grimpé à 11,5 millions, un record, selon le bureau des statistiques. Pour attirer les candidats et fidéliser leurs employés, les entreprises augmentent les salaires, ce qui a pour effet d'alimenter l'inflation.

Commentaires 9
à écrit le 05/05/2022 à 10:18
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C'est marrant, ce matin sur Boursorama, les articles étaient plus dans le "les marchés soulagé de la "politique" pas agressive", dow Jones +2.8, le Nasdaq + 3.19, à l'annonce.

le 05/05/2022 à 11:45
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Boursorama? Lol ce sont des vendeurs / commerciaux d outils de bourse spécifiques par des analystes macro- economique .. bref pas le même objectif : vente/ analyse information .

le 05/05/2022 à 21:38
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Et ce soir ils disent quoi ? Tout est à -3%... faut pas prendre au pied de la lettre et les analystes boursiers sont obligés de dérouler du câble en permanence. Ils ne croient pas une seconde à se qu'ils racontent mais tout le monde s'en fout.

à écrit le 05/05/2022 à 8:54
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ca n'a rien de paradoxal; tous ceux qui ont eu des cours d'eco un peu sereiux savent que les boucles prix salaires menent a la cata; ca fait longtemps qu'ils auraient du relever les taux, ils vont le faire brutalement, et ca va envoyer une baffe; c'e...

à écrit le 05/05/2022 à 7:43
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Alors monsieur Bruno Le Maire, on continue avec le 'quoi qu'il en coûte". Maintenant les taux d’intérêts qui remontent, vous avez mis la France dans la panade. Et la solution maintenant serait de ponctionner les citoyens en puisant dans leurs économi...

le 05/05/2022 à 11:50
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raccourci C'est donc nous les contribuables français (et du sud Europe) de la zone euro qui allons financer la modernisation des infrastructures américaines. Nous (français) aurons encore moins de capitaux pour assurer une transition énergétique e...

à écrit le 05/05/2022 à 2:19
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Les démocrates viennent de réaliser qu'une fois le dentifrice sorti du tube, on ne peut plus le refaire entrer. La planche à billet n'a fait que creuser le déficit commercial.

à écrit le 05/05/2022 à 0:03
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"agressive"...0,75 %!

à écrit le 04/05/2022 à 20:59
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Dans les années 90 les taux étaient à 20%... y-a d'la marge.. de quoi alimenter le feuilleton encore quelques temps... faudrait scénarisé..

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