La NSA a aussi espionné l'entourage de Schröder et de Kohl

Les services secrets américains, en plus d'avoir écouté les conversations d'Angela Merkel, ont également espionné ses prédécesseurs, selon les dernières informations de WikiLeaks. Pour le moment, Berlin n'a pas commenté ces révélations.
Selon WikiLeaks, qui diffuse trois documents présentés comme des enregistrements de conversations d'Angela Merkel et un autre qui répertorie les numéros visés, l'agence américaine a écouté pendant une longue période les communications de 125 numéros de téléphone de haut dirigeants allemands.

Les relations entre Berlin et Washington pourraient bien se crisper de nouveau. Après l'épisode du téléphone portable d'Angela Merkel révélé en 2013, et finalement classé sans suite, faute de preuves suffisantes, en juin, par le parquet fédéral de Karlsruhe, le lanceur d'alerte WikiLeaks livre de nouvelles informations.

Le 1er juillet, Libération, Mediapart et la Süddeutsche Zeitung, en partenariat avec WikiLeaks avaient déjà rapporté que des documents fournissaient la preuve de l'espionnage des conversations de la chancelière. Ils notaient également que quatre ministères allemands et la Banque Centrale Européenne (BCE) étaient dans le viseur de l'agence outre-atlantique.

Cette fois, les documents révèlent que la chancelière allemande a été espionnée au moins depuis 2009. Et ce n'est pas tout... Comme le révèle Libération, les services de la chancellerie  "des hauts fonctionnaires et des responsables politiques", à Bonn (l'ancienne capitale) comme à Berlin, ont été écoutés par l'Agence nationale de sécurité américaine (NSA).

125 numéros de téléphones de hauts dirigeants allemands

Mercredi 8 juillet, trois comptes-rendus d'interceptions de communications datés entre 2009 et 2011 ont été révélés. La chancelière allemande y évoque notamment la crise financière de 2009 et recommande "une réforme rapide et un élargissement du FMI". Le second rapport relate une conversation du 28 août 2011 sur le Fonds européen de stabilité financière "dont le rôle a été élargi lors d'un sommet européen le 21 juillet", rapporte le journal Libération. Enfin, le troisième évoque les relations avec l'Iran au cours d'un entretien avec le prince héritier des Emirats arabes unis, Mohammed ben Zayed al Nahyane.

Mais le plus surprenant, c'est ce quatrième document révélé par le lanceur d'alerte WikiLeaks qui répertorie les numéros de téléphone visés par cet espionnage. Parmi les numéros placés sur écoute, figurent ceux de proches collaborateurs de la chef du gouvernement, notamment celui de Ronald Pofalla, son ancien chef de cabinet.

On apprend également que l'agence américaine a écouté les communications de 125 numéros de téléphone de haut dirigeants allemands, pendant une très longue période. A tel point que les conversations de l'entourage des prédécesseurs de la chancelière, Gerhard Schröder (de 1998 à 2005) et Helmut Kohl (en fonction de 1982 à 1998), ont fait l'objet d'écoutes par la NSA.

"Les noms associés à certaines cibles montrent que l'espionnage dont la chancellerie a fait l'objet ne date pas d'Angela Merkel, puisqu'il inclut les équipes de l'ancien chancelier Gerhard Schröder (en poste de 1998 à 2002) et de son prédécesseur, Helmut Kohl", précise WikiLeaks dans un communiqué.

Dans le document, le journal Süddeutsche Zeitung a notamment identifié Bodo Hombach, directeur de la chancellerie d'octobre 1998 à juillet 1999, sous Gerhard Schröder.

Merkel accusée d'espionnage

Ces nouvelles révélations risquent de crisper de nouveau les relations entre Berlin et Washington, alors même que les dirigeants allemands et américains ont récemment voulu aplanir leur différend au sujet des précédentes affaires d'espionnage. A l'occasion du G7 en Bavière début juin, Barack Obama avait assuré que les deux pays étaient des "alliés inséparables".

Mais si l'Allemagne n'a pas encore réagi à ces nouvelles révélations, c'est bien parce que Angela Merkel se trouve elle-même dans une situation délicate. Fin avril, la presse allemande a ainsi révélé que la chancelière outre-Rhin aurait donné son feu vert aux services secrets allemands (BND), en vue de collaborer avec la NSA pour espionner de grands groupes industriels - dont EADS - et des responsables politiques européens.

Ces révélations avaient affaibli la chancelière allemande. Ainsi, le 6 mai, un sondage publié par Bild révélait que 62% des Allemands estimaient que cette affaire donnait un coup à la crédibilité d'Angela Merkel. Le 28 avril, le quotidien Münchner Merkur n'avait pas hésité à qualifier la chancelière, accusée de jouer un double jeu, d'"hypocrite" sur la question des écoutes.

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