Le commerce extérieur chinois s'effondre avant Noël

La Chine a vu ses exportations et importations s'effondrer en novembre, de respectivement -8,7% et -10,6% sur un an. Soit le plus gros plongeon depuis le premier semestre 2020. Pékin pâtit de sa politique zéro Covid stricte, qu'elle commence néanmoins à alléger, et d'une demande internationale atone. Ses objectifs de croissance pour cette année, fixés à 5,5%, sont désormais irréalistes pour bon nombre d'économistes.
Cette chute des exportations est d'autant plus significative que la période octobre-novembre est traditionnellement celle où elles devraient être les plus fortes, avec les expéditions de marchandises en vue des fêtes de Noël.
Cette chute des exportations est d'autant plus significative que la période octobre-novembre est traditionnellement celle où elles devraient être les plus fortes, avec les expéditions de marchandises en vue des fêtes de Noël. (Crédits : Thomas Peter)

Ce n'était pas arrivé depuis février 2020, époque où les usines et ports chinois étaient pratiquement à l'arrêt en raison de la pandémie. En novembre, les exportations de la Chine ont dégringolé de 8,7% sur un an, à 296 milliards de dollars (283 milliards d'euros), selon les chiffres publiés ce mercredi 7 décembre par les Douanes chinoises.

Cette chute des exportations est d'autant plus significative que la période octobre-novembre est traditionnellement celle où elles devraient être les plus fortes, avec les expéditions de marchandises en vue des fêtes de Noël.

Confronté le mois dernier à sa plus importante vague de Covid-19 depuis le début de la pandémie - même si les chiffres restent infimes par rapport à sa population -, la Chine a poursuivi sa stricte politique sanitaire. Cette dernière consiste en des dépistages quasi-quotidiens pour la population, des quarantaines obligatoires pour les personnes testées positives ou encore des confinements dès l'apparition de cas. Des usines ont dû fermer et certains employés, confinés, n'ont pas pu rejoindre leur poste de travail.

Une politique qui grippe le fonctionnement de l'économie chinoise, et particulièrement de son industrie. L'activité manufacturière en Chine s'est en effet contractée en novembre, pour le deuxième mois consécutif. D'après le Bureau national des statistiques, l'indice des directeurs d'achat (PMI), baromètre du dynamisme de la production industriel tombe à 48 points, après 49,2 en octobre. Ce qui traduit un recul de l'activité quand il est inférieur à 50. La performance de novembre se situe en deçà des anticipations de l'agence Bloomberg qui tablait sur 49.

Une autre raison explique aussi l'affaiblissement de la demande internationale en produits chinois : la menace de récession aux États-Unis et en Europe, combinée à la flambée du prix de l'énergie.

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Un « coup de massue », néanmoins attendu

En novembre, les importations se sont quant à elles affichées en repli de 10,6% sur un an, à 226 milliards de dollars (216 milliards d'euros). Il s'agit de l'effondrement le plus fort depuis mai 2020. Par conséquent, l'excédent commercial de la Chine avec le reste du monde a atteint les 69,84 milliards de dollars en novembre (66,72 milliards d'euros). Soit un niveau globalement inférieur aux chiffres habituels.

« Une demande internationale et intérieure en baisse, les perturbations liées au Covid et une base de comparaison en hausse ont conduit à ce véritable coup de massue, qui était attendu », note Bruce Pang, analyste du cabinet américain Jones Lang LaSalle, auprès de Bloomberg News.

Cet écroulement du commerce extérieur met à mal un pilier de l'économie chinoise au cours des deux dernières années. Les exportations record avaient permis de contrebalancer une demande intérieure lestée par la crise de l'immobilier, la multiplication des confinements et les restrictions aux déplacements qui ont lourdement pesé sur la consommation.

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2023 dans le flou

Ces chiffres sont toutefois à relativiser sur le moyen terme. Car la Chine est en passe d'alléger sa doctrine concernant le Covid-19, après des manifestations historiques de colère à travers le pays en novembre. Ce mercredi, Pékin a ainsi annoncé de nouvelles consignes comme la fin des tests PCR obligatoires à grande échelle ou du placement en quarantaine des personnes contaminées.

Reste que « la mobilité n'a pas encore beaucoup repris au niveau national », souligne toutefois l'analyste économique Zhiwei Zhang, président du cabinet chinois Pinpoint Asset Management. Les déplacements entre provinces restent par exemple compliqués pour l'instant. Or, pour l'expert, puisque les « exportations devraient rester faibles au cours des prochains mois, car la réouverture de la Chine sera laborieuse ». Et donc le pays « devra compter davantage sur la demande intérieure lorsque la demande mondiale s'affaiblira en 2023 ».

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Le gouvernement a fixé cette année un objectif de croissance d'environ 5,5%, après 8,1% en 2021. Mais nombre d'économistes le jugent désormais irréaliste. « Le démantèlement progressif du zéro Covid et le renforcement du soutien au secteur immobilier finiront par entraîner une reprise de la demande intérieure. Mais elle n'interviendra probablement pas avant le second semestre de l'année prochaine », prédisent toutefois Julian Evans-Pritchard et Zichun Huang, du cabinet Capital Economics.

Le Fonds monétaire international (FMI) a en tout cas fait savoir la semaine dernière qu'il devrait revoir à la baisse les prévisions de croissance chinoise. « Alors que nous prévoyons une croissance de 3,2% pour cette année et de 4,4% pour l'année prochaine, il est possible qu'en cette période de très grande incertitude, nous devions revoir ces projections à la baisse », a indiqué sa directrice Kristalina Georgieva. Au troisième trimestre, la Chine a connu une croissance de 3,9% après 0,4% au deuxième trimestre, soit sa pire performance trimestrielle depuis 2020.

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(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 07/12/2022 à 17:16
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"Un siècle chinois" de Jean Tuan (C.L.C. Éditions) est une lecture incontournable pour ceux que la Chine intéresse. Il fait découvrir l'évolution de la Chine à travers le parcours du père de l'auteur. Chinois arrivé en France en 1929, il exercera le ...

à écrit le 07/12/2022 à 12:46
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Pourquoi un démantèlement "progressif" de la politique zéro covid ? C'est absurde. Si c'était une erreur, il faut la stopper d'un seul coup, et totalement

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