Législatives russes : la Commission électorale dénonce des cyberattaques de l'étranger

La Commission électorale russe a dénoncé samedi des cyberattaques "de l'étranger" ayant visé ses ressources, au deuxième jour du vote aux législatives, pour lesquelles les autorités ont mis sous pression les géants de l'internet.
(Crédits : ANDREW KELLY)

Le scrutin, qui se tient jusqu'à dimanche, intervient après des mois de répression ayant visé le mouvement de l'opposant Alexeï Navalny et ses alliés, qui ont appelé les Russes à "voter intelligent" en choisissant les candidats en meilleure position pour battre ceux du pouvoir.

Samedi, les autorités électorales ont affirmé avoir subi "trois cyberattaques" organisées "depuis des pays étrangers". Selon un responsable de la Commission électorale, Alexandre Sokoltchouk, deux ont visé les ressources du site internet de la commission et une troisième a tenté de le surcharger par déni de service.

"L'attaque était assez puissante", a-t-il dit, cité par les agences de presse russes, assurant que d'autres attaques étaient en "préparation" pour dimanche, principal jour du vote, qui se déroule également en partie en ligne.

Il n'a pas précisé quels pays étaient accusés de l'attaque.

L'opposition russe a elle accusé vendredi les géants américains de l'internet Google et Apple de "censure" après la suppression d'une application électorale mobile qui visait à donner des consignes de vote aux Russes.

Les autorités s'attèlent depuis des mois à bloquer l'accès à ces consignes de vote mises au point par Alexeï Navalny, bête noire du Kremlin, actuellement emprisonné et dont les organisations ont été classées comme "extrémistes".

Selon la liste des violations tenues par l'ONG de défense des droits des électeurs Golos, plus de 2.700 irrégularités ont été reportées au deuxième jour du vote, dont du bourrage d'urnes et des pressions pour aller voter.

Presque aucun candidat opposé à la politique du président Vladimir Poutine n'a été autorisé à se présenter pour ces législatives, que devrait remporter sans surprise le parti au pouvoir Russie Unie, pourtant très impopulaire.

Un bot Telegram contre le pouvoir en place

La messagerie Telegram, qui avait annoncé dans un premier temps son intention de résister à l'injonction du pouvoir russe de bloquer les consignes de vote aux législatives de l'opposant Alexeï Navalny, a finalement supprimé ces consignes samedi.

Le gendarme russe des télécoms, Roskomnadzor, avait exigé lundi le blocage d'un robot (bot) sur Telegram, grâce auquel les électeurs pouvaient obtenir des instructions pour voter en faveur des candidats les mieux placés dans chaque circonscription pour battre ceux du pouvoir.

La messagerie, fondée par le Russe Pavel Dourov, a expliqué vouloir "limiter le fonctionnement des bots liés aux campagnes électorales" sur son service. M. Dourov a lui expliqué ne faire que suivre Apple et Google, qui "dictent les règles du jeu pour les développeurs tels que nous".

Les géants américains Apple et Google se sont eux aussi conformés à ces instructions vendredi en supprimant de leurs boutiques l'application de M. Navalny, l'opposition les accusant de "céder au chantage du Kremlin".

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Sur Telegram, M. Dourov a souligné que les géants de l'internet avaient demandé "déjà cette année" à son service de supprimer des contenus violant les lois de certains pays, sous peine d'être retiré de leurs boutiques. Il a estimé que "le blocage d'applications par Apple et Google crée un précédent dangereux qui affectera la liberté d'expression en Russie et dans le monde entier".

Comme presque aucun candidat véritablement opposé à Vladimir Poutine n'a été autorisé à se présenter aux législatives, les partisans de M. Navalny ont mis sur pied une stratégie dite du "vote intelligent", destinée à soutenir le candidat - souvent communiste - le mieux placé pour défaire celui du parti au pouvoir, Russie Unie.

Par le passé, cette tactique avait rencontré un certain succès, notamment à Moscou en 2019, et les autorités se sont attelées ces derniers mois à bloquer tout accès à ces consignes de vote. M. Navalny a lui été emprisonné et son mouvement classé comme "extrémiste" et interdit.

Après la disparition du bot de Telegram, les partisans de M. Navalny se sont rabattus sur Twitter, y publiant des liens vers des documents sur Google Docs, contenant les consignes de vote. Selon les alliés de M. Navalny, Google a exigé samedi la suppression de ces documents suite à une demande de Roskomnadzor, menaçant de l'effacer.

Les élections législatives mais aussi locales en Russie ont commencé vendredi et dureront jusqu'à dimanche soir.

(avec l'AFP et Reuters)

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Commentaire 1
à écrit le 18/09/2021 à 18:20
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Encore plus sympa que la guerre froide ! Zéro victime directe et c'est tout ce qui compte.

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