Les Etats-Unis et l'Europe peuvent échapper à la récession, selon un responsable de la Fed

Face aux craintes de récession, un responsable de la Banque centrale américaine juge qu'un « atterrissage en douceur » est réalisable aux Etats-Unis et en Europe. Il appelle à anticiper et à faire confiance aux stratégies des Banques centrales américaines et européennes qui donnent le ton aux banques commerciales.
(Crédits : Kevin Lamarque)

Rassurer et convaincre. Face à une inflation record aux Etats-Unis et en Europe, le président de la Fed de Saint-Louis, James Bullard, a défendu la stratégie des banques centrales. Pour juguler l'inflation, la Fed, resserre sa politique monétaire, ce qui fait grimper les taux d'intérêts des crédits des ménages et entreprises, afin qu'ils consomment et investissent moins, et, pour in fine, desserrer la pression sur les prix.

Ce responsable de la Fed, la Banque centrale américaine, a estimé lors d'un discours à l'Université de New York, que les Etats-Unis et l'Europe peuvent échapper à la récession, tout en ramenant l'inflation à un niveau acceptable.

« Un atterrissage en douceur est possible aux Etats-Unis et dans l'Union européenne », juge le président de la Fed de Saint-Louis, James Bullard.

Techniquement les Etats-Unis sont en récession : leur économie s'est contractée durant deux trimestres consécutifs. De l'autre côté de l'Atlantique, l'activité économique des pays de la zone euro y échappe, pour l'instant. L'institut Eurostat a annoncé vendredi dernier que la croissance économique dans la zone euro avait même fait mieux que prévu au deuxième trimestre, à 0,7% par rapport au trimestre précédent.

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Néanmoins, l'avenir reste très incertain. L'inflation de la zone euro a été propulsée à un nouveau record par la guerre en Ukraine et les sanctions occidentales contre Moscou, à 8,9% en juillet, après 8,6% en juin. Cet indicateur a atteint chaque mois un nouveau record depuis novembre. Outre l'envolée des prix de l'énergie (carburants, gaz, électricité), les ménages européens sont de plus en plus confrontés à celle des prix alimentaires. Aux Etats-Unis, l'inflation a atteint 9,1% sur un an en juin, un record depuis plus de 40 ans.

Anticiper l'inflation

Pour lutter contre cette flambée des prix, il convient d'anticiper, explique le responsable de la Fed. Il faut que le « changement » de politique monétaire soit « correctement exécuté », c'est-à-dire le passage d'une politique accommodante pendant la pandémie à une politique plus ferme face à l'inflation, a-t-il détaillé.

Un élément clé pour cela réside dans les anticipations d'inflation. En effet, si les marchés et consommateurs s'attendent à ce que les prix restent sur leur trajectoire ascendante, ils vont agir en conséquence : les magasins vont continuer à augmenter leurs prix, les consommateurs vont se dépêcher d'acheter avant que les prix ne grimpent encore, les salariés vont demander des salaires plus élevés, etc.

Et de comparer à la situation dans les années 70. « L'inflation actuelle aux Etats-Unis et dans la zone euro est proche des niveaux (à deux chiffres) des années 1970 », a souligné James Bullard. A l'époque, la lutte contre l'inflation « a coûté cher » à l'économie américaine, avec plusieurs périodes de récession, mais cela est dû, selon le responsable, au fait qu'elle « n'était pas crédible au départ » car « peu faisaient confiance à la Fed pour réduire l'inflation après l'avoir laissée monter pendant une décennie ». Par conséquent, le président de la Fed de l'époque, Paul Volcker, « devait gagner en crédibilité » en tapant fort. Mais « la Fed et la BCE ont une crédibilité considérable par rapport à leurs homologues des années 1970 », a encore commenté le président de la Fed de Saint-Louis.

Vers une nouvelle hausse des taux

« L'inflation a été plus forte au deuxième trimestre que ce à quoi je m'attendais », par conséquent « nous allons devoir aller un peu plus haut » que prévu, a-t-il également déclaré. Les taux directeurs de la Fed, qui donnent le ton aux banques commerciales aux Etats-Unis et sont actuellement situés entre 2,25 et 2,50%, devront être relevés jusqu'à 3,75%-4% d'ici fin 2022, a ainsi anticipé James Bullard.

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Fin juillet, la Fed a décidé d'augmenter une nouvelle fois ses taux directeurs de trois quart de points de pourcentage. Il s'agissait du quatrième relèvement consécutif : un quart de point en mars, un demi-point en mai, et trois-quarts de point en juin - sa plus forte hausse depuis 1994.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 03/08/2022 à 21:41
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S'échapper de la récession par la transition verte décroissante?

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