Les journalistes dans le viseur de la Défense américaine

Le ministère de la Défense américain vient de publier son manuel du droit de la guerre. Fruit de plusieurs années de travail, il récapitule les règles qui encadrent le travail des militaires. Mais pas seulement: trois pages, sur les 1176 pages de l’ouvrage, s’intéressent spécifiquement aux journalistes… arguant qu’ils sont potentiellement des miliciens, entre autres...
"En général les journalistes sont des civils. Cependant, ils peuvent aussi être membres de forces armées, ou être en mesure d'accompagner ces forces armées. Le fait qu'un journaliste soit considéré comme civil ne l'empêche pas de devenir un milicien", pouvait-on lire dans le manuel du droit de la guerre du ministère de la défense américaine.

"En général, les journalistes sont des civils. Cependant, ils peuvent aussi être membres de forces armées, ou être en mesure d'accompagner ces forces armées. Le fait qu'un journaliste soit considéré comme civil ne l'empêche pas de devenir un milicien."

Le manuel rappelle les principes du droit de la guerre, notamment concernant la censure et la divulgation d'informations en cas de conflit. Dans certains cas, les journalistes peuvent être considérés comme ennemis:

"Le fait de relayer de l'information, directement utilisable dans le cadre des opérations de combat, peut constituer un parti pris dans les hostilités. La collecte d'informations peut être très proche de l'espionnage, il est donc nécessaire que les journalistes agissent avec la permission des autorités compétentes."

Une paranoïa internationale

Le gouvernement américain n'est pas le premier à faire ce rapprochement entre professionnels de l'information et ennemis de l'Etat. Selon le service de renseignement britannique chargé des écoutes électroniques (GCHQ), certains journalistes seraient une menace pour le Royaume-Uni, au même titre que les hackers et les terroristes:

"Les journalistes et reporters de tous types de média d'actualité représentent une potentielle menace pour la sécurité", pouvait-on lire dans un document exfiltré par le lanceur d'alerte Edward Snowden et consulté par le "Guardian".

Le journalisme, outil de propagande en or

La frontière entre journalisme et terrorisme est souvent brouillée, comme l'explique Michael Rubin, expert du Moyen-Orient pour le think tank American Enterprise Institute:

"Les deux terroristes qui ont assassiné le leader anti-Talibans afghans Ahmad Shah Massoud se sont fait passer pour des journalistes. Dans le même genre, les islamistes tchétchènes partent souvent en mission avec des équipes de caméramans", a-t-il rappelé sur le site du Washington Times.

L'utilisation des médias par des groupes terroristes ne date pas d'hier. Alors qu'Al Qaeda publiait une revue intitulée Inspire, l'Etat Islamique s'est carrément doté d'un organe de propagande appelé "Al Hayat Media Center".

Présenté en mai 2014, ce site réunit tous les contenus produits par l'organisation. Des publications du magazine Dabiq aux reportages vidéo, le tout a l'apparence dangereusement lisse d'un compte rendu de missions militaires. De quoi accentuer les difficultés des gouvernements à surveiller l'influence réelle des organisations terroristes.

Commentaires 3
à écrit le 25/06/2015 à 9:25
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Il faut aussi surtout des méfiez des faux journalistes comme ceux qui ont tué le commandant Massoud.

à écrit le 23/06/2015 à 23:47
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Excellent, les journalistes américains n'auront bientôt le droit de délivrer que les informations que l'état veut bien... plus aucun journaliste libre et indépendant ? euh attendez comment on appelle ça déjà .. ah oui, du fascisme je crois.

le 06/07/2015 à 11:35
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C'est bien ce qui ce passe dans notre pays... On nous rabâche depuis plusieurs semaines que si les grecs votaient "non" au referendum, ce serait la fin de l'Europe et ce matin, ils nous disent que ce "non" n'est pas un drame et ne changera rien... Le...

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