Les manifestations pro-démocratie pèsent sur l'économie de Hong Kong

Après deux mois de manifestations dont le rythme ne faiblit pas, l'économie du territoire, qui avait déjà commencé à ralentir avant la contestation, accuse le coup. Au premier trimestre, elle a baissé de 0,6 % sur un an, la pire performance trimestrielle en dix ans. Le gouvernement table sur une croissance de 2% à 3% pour 2019, une estimation que nombre d'experts jugent trop optimiste.
Cortège de manifestants ce dimanche 11 août dans les rues de Hong Kong.
Cortège de manifestants ce dimanche 11 août dans les rues de Hong Kong. (Crédits : Reuters)

Chambres d'hôtel vides, commerces à la peine, même la fréquentation à Disneyland a reculé: l'économie de Hong Kong, le secteur du tourisme au premier chef, commence à accuser sévèrement le coup après plus de deux mois de manifestations pro-démocratie qui semblent bien loin de faiblir. Carrie Lam, la cheffe de l'exécutif de Hong Kong, a accusé vendredi les contestataires de mettre en danger l'économie du territoire. Les conséquences pourraient être pires que celles de l'épidémie du SRAS (Syndrome respiratoire aigu sévère) en 2003 et de la crise financière de 2008, a-t-elle averti, et "la reprise économique prendra très longtemps".

Le territoire du sud de la Chine, place financière internationale, connaît sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession par Londres à Pékin en 1997. Plusieurs défilés sont encore prévus ce dimanche. Le secteur privé, en particulier l'industrie du tourisme, commence à évaluer les répercussions sur ses comptes de plus de deux mois de manifestations parfois violentes.

Chute de l'activité touristique

Les chiffres sont mauvais: en juillet, le taux d'occupation des chambres d'hôtel et le nombre de visiteurs ont chuté. Les réservations de visites de groupe ont reculé de 50%. "Ce qui se produit à Hong Kong ces derniers mois place l'économie et la population locale dans une situation préoccupante, voire dangereuse", a averti cette semaine Edward Yau, secrétaire d'Etat au commerce et au développement économique de Hong Kong.

L'industrie du tourisme de la ville se dit "assiégée". "Je pense que la situation est de plus en plus grave", a déclaré Jason Wong, président du Conseil de l'industrie du tourisme de Hong Kong. L'impact est tel que les agences de voyage commencent à envisager de placer des employés en congés sans solde pour résister à la tempête, a-t-il ajouté. Alors que les images de confrontations entre certains manifestants et la police dans les rues de Hong Kong ont circulé dans le monde entier, les contestataires ont déjà prévenu que leur mobilisation se poursuivrait en août.

Les réservations pour août et septembre ont "chuté de façon significative", déclare à l'AFP un porte-parole du Bureau du tourisme de Hong Kong. Ce climat laisse présager un recul persistant pour le reste de la saison estivale, d'autant que plusieurs pays, dont les Etats-Unis, l'Australie et le Japon, ont émis des avertissements aux voyageurs. La chute des arrivées à Hong Kong heurte de plein fouet la compagnie aérienne hongkongaise Cathay Pacific qui a dû annuler des vols cette semaine en raison d'une grève générale.

Même Disneyland est touché

Même Disneyland Hong Kong accuse le coup. Le PDG de Disney Bob Iger a reconnu mardi que les manifestations pesaient sur la fréquentation du parc. "Vous en sentirez les effets dans les résultats du trimestre en cours", a-t-il déclaré, "elles ont provoqué des perturbations qui ont réduit le nombre de visiteurs".

Les experts affirment que la crise aggrave un ralentissement économique que Hong Kong subissait déjà en raison de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. L'impact réel des manifestations sur la croissance ne sera connu que plus tard dans l'année mais pour Martin Rasmussen, économiste sur la Chine chez Capital Economics, cette crise va peser lourd. Au départ, les manifestants "étaient assez pacifiques, comme la contestation des "parapluies" de 2014", fait-il valoir, "maintenant, ils deviennent beaucoup plus radicaux, aussi estimons-nous que l'impact sur l'économie va se faire sentir".

Commentaires 11
à écrit le 12/08/2019 à 12:08
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Il y eut avant la rétrocession en 1997 des manifestations contre les Britanniques...maintenant, certains doivent regretter " l'oppression" britannique...trop tard les gars !

à écrit le 11/08/2019 à 22:47
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Ah...si Disney Land est touché, c'est grave. Plus grave que le désir de liberté, de démocratie. Hong Kong est une grosse épine fichée dans le talon (d'Achille ) de la Chine dont l'apparence communiste est dépassée par la réalité de la dictature. On...

à écrit le 11/08/2019 à 19:06
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Pour mieux connaître l'évolution de la Chine, lisez "Mémoires chinoises" de Jean Tuan chez CLC Editions. L'auteur évoque la venue de son père en France en 1929 et son intégration, l'exceptionnel voyage qu'ils ont fait en Chine en 1967 durant la révol...

à écrit le 11/08/2019 à 18:18
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Printemps de Prague 2, le retour ?

à écrit le 11/08/2019 à 17:59
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Croire que le gouvernement chinois va céder, sous la pression de quelques habitants de HK; et mettre en danger tout le pays en faisant entrer le ver dans le fruit, c'est une vision qui confond le politique chinois et le politique occidental. En Chi...

le 12/08/2019 à 5:44
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H-K est une place financiere d'importance pour la Chine. Y sevir comme a Tien sera pour Beijing une grosse erreur avec des consequenses sur l'economie locale qui n'est pas loin s'en faut que touristique. Et puis aussi aux hierarques chinois qui o...

à écrit le 11/08/2019 à 13:50
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A court terme c’est peut être certain qu’il y’aura une baisse d’activité. Mais un vrai économiste devrait se poser la question quel aurait été le coût sur l’economie d’une loi d’extradition ? Certainement bcp plus importante sur le long terme. Quels ...

le 11/08/2019 à 14:28
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60% des investissements internationaux vers la chine et 90% des financiers de haut niveau se font par, et vivent à, Hong Kong. C'est une plate forme (encore) vitale pour la finance de la "République Populaire de Chine" (3 mots, 2 mensonges...). La...

à écrit le 11/08/2019 à 12:14
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Nos pauvres gilets jaunes (ou du moins ce qu'il en reste) se comparent aux manifestants de Hong Kong. On leur souhaite de n'avoir jamais à connaitre un gouvernement dirigé par un chef de parti unique, désigné par 99.9% des apparatchiks pour un mandat...

le 11/08/2019 à 13:59
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Il n'y a pas eu de morts, de mutilés et de bléssés graves parmi les manifestant à HK. Pour ce qui est des apparatchiks, des procureurs à la solde du pouvoirs, des "IGPN" chargés de dédouaner les auteurs de violence policière, on les a aussi en Fra...

le 11/08/2019 à 15:11
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Si la France est un telle dictature, une solution raisonnable serait l'exil: En Chine peut être? Puisse qu'on peut selon vos dires y manifester en paix.

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