Liban : le président Aoun dit craindre une "crise constitutionnelle"

À quelques heures de la fin de son mandat, le président libanais, Michel Aoun, a déclaré samedi que son pays risquait de sombrer dans le "chaos constitutionnel" en l'absence de successeur à la tête de l'Etat alors que le gouvernement se limite à gérer les affaires courantes.
Laurent Lequien
(Crédits : Dalati Nohra)

Michel Aoun doit quitter le palais présidentiel dimanche avant l'expiration de son mandat de six ans, mais le Parlement, malgré quatre tentatives, n'a pas été capable de former une majorité pour désigner son successeur. Si le Liban a déjà connu par le passé plusieurs périodes de vacance du pouvoir présidentiel, il est aujourd'hui menacé de basculer dans une situation sans précédent si l'absence de président s'ajoute à une limitation des pouvoirs du gouvernement.

Son gendre soupçonné de corruption

Michel Aoun a laissé entendre qu'il envisageait toujours une initiative de dernière minute pour tenter de sortir de l'impasse constitutionnelle, mais il a déclaré n'avoir pris "aucune décision définitive" sur la nature de cette initiative. Son gendre Gebran Bassil, inscrit par les États-Unis sur une liste noire en 2020 en raison de soupçons de corruption qu'il réfute, ne cache pas ses ambitions présidentielles.

Samedi, Michel Aoun a déclaré que les sanctions américaines ne suffiraient pas à empêcher Gebran Bassil de se porter candidat.

"Une fois qu'il sera élu, les sanctions disparaîtront", a-t-il ajouté, assurant que "nous les effacerons".

La dernière semaine de la présidence Aoun a été marquée par la ratification de l'accord conclu avec Israël, sous l'égide des États-Unis, sur la délimitation de la frontière maritime entre les deux pays, une avancée diplomatique modeste qui doit permettre aux deux pays de développer l'exploitation d'un gisement de gaz en Méditerranée.

Michel Aoun a déclaré que le Hezbollah, soutenu par l'Iran, qui a envoyé des drones non armés survoler le territoire israélien et menacé à plusieurs reprises d'attaquer des plates-formes d'exploitation gazière israélienne, avait joué un rôle "dissuasif" favorable au Liban dans les négociations.

"Cela n'était pas coordonné (avec le gouvernement). C'est une initiative prise par le Hezbollah et elle a été utile", a-t-il dit.

Le président a ajouté que l'exploitation des réserves de gaz à laquelle l'accord ouvre la voie pourrait être la "dernière chance" de l'économie libanaise, plongée depuis trois ans dans une crise majeure qui a fait chuter de 95% la valeur de sa monnaie et fait basculer 80% de la population dans la pauvreté.

Une loi modifiant les conditions du secret bancaire

Michel Aoun a par ailleurs signé samedi une loi modifiant les conditions du secret bancaire, une nouvelle étape dans les réformes conditionnant une aide de trois milliards de dollars (autant d'euros) du Fonds monétaire international (FMI). L'institution avait épinglé le Liban à plusieurs reprises pour sa lenteur dans la mise en œuvre de réformes préalable au déblocage des aides financières dont le pays a besoin. La patronne du FMI avait appelé mi-octobre les dirigeants libanais à "faire passer leur pays et leur population d'abord" afin de sortir de la crise économique qui secoue le pays depuis 2019.

Le Liban connaît l'une des pires crises économiques au monde depuis 1850 selon la Banque mondiale, marquée par une flambée vertigineuse des prix, une dégringolade historique de la devise nationale, une paupérisation inédite de la population et de graves pénuries. Quatre Libanais sur cinq vivent désormais en dessous du seuil de pauvreté selon l'ONU, une paupérisation accélérée par une inflation à trois chiffres.

(Avec AFP et Reuters)

Laurent Lequien
Commentaires 4
à écrit le 31/10/2022 à 2:07
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Je suis triste pour un si beau pays.

le 31/10/2022 à 9:10
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apres tout ces desordres depuis des decennies ces dirigeants sont comme la royaute francaise ou le star sur un monde qui n'est celui des citoyens et ils souhaite garder leur privilege soutenue par toutes les puissance financieres l'histoire et p...

à écrit le 30/10/2022 à 9:18
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Complétement hors sol le vieillard, a force de décennies de corruption de ces gens là, les libanais peinent a acheter a manger, a se soigner et lui s'inquiète d'un "chaos constitutionnel". Et dire qu'on a les mêmes en france.

à écrit le 30/10/2022 à 8:41
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L'exemple d'une société multiculturelle complètement fracturé par les différences qu' elle engendre pourtant proche, et on nous la met en exemple pour accueillir au nom du vivre ensemble, toutes les cultures du monde même les plus moyenâgeuses.

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