40.000 livres pour un dollar : le Liban reste sourd aux réformes faisant encore chuter sa devise

La livre libanaise s'échangeait en matinée à plus de 40.000 pour un billet vert, après s'être stabilisée autour de 38.000 LL durant des semaines. Malgré cela, la banque centrale du pays continue d'imprimer des billets, renforçant encore davantage l'usage du dollar, l'autre monnaie d'usage.
Le Liban est en proie à des braquages de banques de citoyens souhaitant récupérer leurs économies.
Le Liban est en proie à des braquages de banques de citoyens souhaitant récupérer leurs économies. (Crédits : MOHAMED AZAKIR)

Jusqu'où s'enfoncera la livre libanaise ? La devise nationale du pays, en proie à la pire crise économique de son histoire, a atteint sur le marché noir un pallier historique, à 40.000 livres pour un billet vert américain. Alors que la communauté internationale pousse l'Etat du Proche-Orient à se réformer, l'assainissement de sa classe politique au pouvoir semble toujours illusoire. En à peine trois ans, la valeur de la monnaie nationale comparée au dollar a été divisée par dix.

« Si la livre continue de s'effondrer, c'est tout simplement parce qu'il n'y a pas de plan de réforme global », a déclaré à l'AFP Michel Fayad, analyste politique et financier. Le Fonds monétaire international (FMI) a aussi épinglé le Liban à plusieurs reprises pour sa lenteur dans la mise en œuvre de réformes préalable au déblocage des aides financières dont le pays a besoin. Mais rien ou personne ne semble y remédier.

Jeudi, la patronne du FMI a appelé les dirigeants libanais à « faire passer leur pays et leur population d'abord » afin de sortir de la crise économique qui secoue le pays depuis 2019. Mais la corruption des élites politiques est structurelle au Liban.

La « planche à billets » fonctionne toujours

Pire, « la Banque du Liban fait tourner la planche à billets », ajoute M. Fayad. Autrement dit, face à une inflation non maîtrisée, la confiance des entreprises et consommateurs envers leur monnaie est en chute libre.

Selon des bureaux de change interrogés par l'AFP, la livre libanaise s'échangeait en matinée à plus de 40.000 pour un billet vert, après s'être stabilisée autour de 38.000 LL durant des semaines. En 1997, son taux avait été officiellement fixé à 1.507 livres pour un dollar.

Résultat, ce nouveau plus bas coïncide avec une série de braquages de clients voulant retirer leurs économies bloquées après des années de crise, poussant les banques à fermer partiellement depuis des semaines.

Le Liban connaît l'une des pires crises économiques au monde depuis 1850 selon la Banque mondiale, marquée par une flambée vertigineuse des prix, une dégringolade historique de la devise nationale, une paupérisation inédite de la population et de graves pénuries.

Quatre Libanais sur cinq vivent désormais en dessous du seuil de pauvreté selon l'ONU, une paupérisation accélérée par une inflation à trois chiffres.

Sur le plan politique, la situation semble toujours bloquée. Fin septembre, les députés libanais ne sont pas parvenus à élire jeudi le président de la République appelé à succéder à Michel Aoun à l'issue de son mandat le 31 octobre.

(avec AFP)

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