Mikhaïl Gorbatchev, l'homme de la perestroïka en URSS, est décédé

L'ancien président de l'URSS Mikhaïl Gorbatchev est décédé à l'âge de 91 ans, ont annoncé mardi les agences de presse russes citant des responsables de l'hôpital.
Mikhaïl Gorbatchev est décédé à l'âge de 92 ans
Mikhaïl Gorbatchev est décédé à l'âge de 92 ans (Crédits : TATYANA MAKEYEVA)

L'ancien président de l'URSS Mikhaïl Gorbatchev est décédé à l'âge de 91 ans, ont annoncé mardi les agences de presse russes citant des responsables de l'Hôpital clinique central (TSKB) dépendant de la présidence russe Une source anonyme, citée par l'agence TASS, a indiqué que Mikhaïl Gorbatchev serait enterré auprès de sa femme Raïssa Gorbatcheva, décédée en 1999, au cimetière de Novodiévitchi à Moscou. Mikhaïl Gorbatchev, défenseur du contrôle des armements et des réformes axées sur la démocratie dans les années 1980 (perestroïka), a été largement crédité d'avoir contribué à mettre fin, pacifiquement, à la Guerre froide, mais critiqué pour l'éclatement, jugé par ses détracteurs russes inutile et douloureux, de l'Union soviétique en 1991. ". Il est aussi celui qui ordonna la fin de la désastreuse campagne militaire soviétique en Afghanistan et laissa le mur de Berlin tomber.

« C'est un géant de la politique », a déclaré mardi soir sur BFM TV Vladimir Fédérovski, ancien diplomate russe et écrivain.

Le lauréat du prix Nobel de la paix en 1990 avait oeuvré à la conclusion d'accords de désarmements et à la création de partenariats avec les puissances occidentales afin de faire tomber le rideau de fer qui divisait l'Europe depuis la Seconde Guerre mondiale et de permettre la réunification de l'Allemagne. Lorsque des manifestations en faveur de la démocratie ont été organisées dans certains pays de l'URSS à la fin des années 1980, Mikhaïl Gorbatchev s'est abstenu de recourir à la force, contrairement aux précédents dirigeants du Kremlin qui avaient envoyé des chars pour écraser les soulèvements en Hongrie en 1956 et en Tchécoslovaquie en 1968.

Après son accession au poste secrétaire général du parti communiste soviétique en 1985, à l'âge de 54 ans, Mikhaïl Gorbatchev avait introduit des réformes - connues sous les noms de perestroïka et glasnost - qui avaient accéléré l'effondrement de l'URSS en 1991.

La fin de l'URSS, la « plus grande catastrophe géopolitique » (Poutine)

De nombreux Russes ne lui ont jamais pardonné les conséquences de ces réformes, estimant que la chute de leur niveau de vie était un prix trop élevé à payer pour la démocratie. Les années qui suivirent la dissolution de l'URSS restent en effet un traumatisme pour nombre de Russes, plongés dans une pauvreté fulgurante, confrontés à un chaos politique et à une guerre sanglante en Tchétchénie. Avec l'arrivée au pouvoir en 2000 de Vladimir Poutine, qui a dit considérer la disparition de l'URSS comme la « plus grande catastrophe géopolitique » du XXe siècle, l'Etat met au pas la société tout en assurant le retour de la puissance russe sur la scène internationale.

Pour Mikhaïl Gorbatchev, les relations ont toujours été complexes avec les nouveaux maîtres du Kremlin, que ce soit le premier président russe Boris Eltsine (1991-1999), son ennemi juré, ou Vladimir Poutine, qu'il a critiqué tout en voyant en lui une chance pour un développement stable de la Russie. Après un bref essai manqué de retour en politique dans les années 1990, Gorbatchev s'était consacré entièrement à des projets éducatifs et humanitaires. Il a également été un soutien de la première heure du principal journal russe d'opposition, Novaïa Gazeta.

Mikhaïl Gorbatchev a passé les 20 dernières années en retrait de la politique tout en faisant régulièrement entendre sa voix, inquiet des nouvelles tensions avec Washington. Il appelait régulièrement le Kremlin et la Maison Blanche à dialoguer pour assurer la sécurité mondiale et réduire leurs arsenaux, comme il l'avait fait dans les années 1980 avec le président américain d'alors, Ronald Reagan.

Mikhaïl Gorbatchev était donc le dernier dirigeant encore en vie de l'époque de la Guerre froide, période dont les échos se font particulièrement sentir depuis l'offensive massive de l'actuel président russe Vladimir Poutine en Ukraine lancée le 24 février. Avant son décès, Mikhaïl Gorbatchev ne s'était pas exprimé publiquement sur ce conflit d'une violence inédite en Europe depuis le Seconde Guerre mondiale, décrié en Occident comme une résurgence de l'impérialisme russe. Le 26 février, deux jours après le début de l'offensive russe en Ukraine, la fondation de Mikhaïl Gorbatchev avait appelé dans un communiqué à une « cessation des hostilités » en Ukraine et « des négociations de paix immédiates ».

Ces dernières semaines, les médias russes avaient mentionné des problèmes de santé récurrents de l'ancien dirigeant. Très respecté à l'étranger, Gorbatchev recevait régulièrement les éloges de personnalités du monde entier, comme en mars 2021, à l'occasion de ses 90 ans, quand le président américain Joe Biden ou encore la chancelière allemande Angela Merkel avaient pensé à le féliciter. En Russie en revanche, depuis la disparition de l'URSS en 1991, il restait une figure ambivalente. S'il est celui qui a donné une chance à la liberté d'expression d'émerger, il fut pour beaucoup responsable de l'éclatement d'une superpuissance et des terribles années de choc économique qui suivirent - une humiliation.

Une avalanche de réactions

Son décès a suscité une avalanche de réactions. Pour le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, Mikhail Gorbatchev était « un homme d'Etat unique qui a changé le cours de l'histoire ». Le président américain Joe Biden a salué « un leader rare » qui a permis « un monde plus sûr » avec « davantage de liberté pour des millions de personnes ». Le chef d'Etat français Emmanuel Macron a rendu hommage à un « homme de paix dont les choix ont ouvert un chemin de liberté aux Russes ». La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a salué « un dirigeant digne de confiance et respecté » qui, a-t-elle souligné, « a ouvert la voie à une Europe libre ».

De son côté, le Premier ministre britannique Boris Johnson a salué « le courage et l'intégrité dont il a fait preuve pour mettre fin à la Guerre froide ». « A l'heure de l'agression de (Vladimir) Poutine en Ukraine, son engagement inlassable pour l'ouverture de la société soviétique reste un exemple pour nous tous », a tweeté Boris Johnson. A Moscou, le président russe Vladimir Poutine, cité par le porte-parole du Kremlin, a sobrement exprimé ses « profondes condoléances » et « enverra dans la matinée un télégramme  (...) à la famille et aux proches ».

« Nous sommes tous orphelins. Mais tout le monde ne l'a pas compris », a tweeté pour sa part Alexeï Venediktov, un journaliste ami de Mikhaïl Gorbatchev et ancien chef de la radio russe Ekho Moskvy, fermée pour avoir critiqué l'offensive en Ukraine.

Commentaires 8
à écrit le 31/08/2022 à 21:28
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Un homme droit et sincère, certainement idéaliste et un peu naif, qui s'est fait avoir par la malhonnêteté de ces amis de l'ouest, comme ceux de l'est....

à écrit le 31/08/2022 à 18:40
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Un apparatchik en moins qui a contribué au démantèlement de l'URSS grâce à l'intelligence cocollective...

à écrit le 31/08/2022 à 13:47
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Le plus grand homme politique du XXe siècle (plus grand que Churchill et De Gaulle), car ne s'est jamais renié, n'a jamais abandonné ses alliés dans son combat pour la paix et la liberté, n'a pas autorisé de bombardement sur des populations civiles, ...

le 31/08/2022 à 17:47
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"Le plus grand homme politique du XXe siècle (plus grand que Churchill et De Gaulle" Pizza Hut et Louis Vuitton confirment

à écrit le 31/08/2022 à 13:47
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Le plus grand homme politique du XXe siècle (plus grand que Churchill et De Gaulle), car ne s'est jamais renié, n'a jamais abandonné ses alliés dans son combat pour la paix et la liberté, n'a pas autorisé de bombardement sur des populations civiles, ...

à écrit le 31/08/2022 à 11:27
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Une époque ou les occidentaux pensaient que la Russie allait quitter cet épouvantable régime communiste. Hélas des nouveaux tyrans ont remplacé Staline , le dernier en date Poutine , sanguinaire personnage mafieux que rien ne semble pouvoir arrêter.

à écrit le 31/08/2022 à 10:06
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Je m'explique mal les critiques intérieures: le but de M. G. n'était-il pas de réorienter le gigantesque effort militaire vers l'amélioration du niveau de vie général? Peut-être la transition a-t-elle été trop rapide: celle qui est démarrée en Chine...

à écrit le 31/08/2022 à 9:05
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Lui qui voulait un rapprochement avec les puissances occidentales après la fin du mur de Berlin c'est réussi ,car depuis cette chute ,près de 29 bases de missiles de l'Otan entourent la Russie.

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