
Est-ce le signe de besoins croissants de pétrole dans le monde ? Les pays soumis à sanctions, Russie, Iran et Venezuela, affichent actuellement des niveaux élevés de production. Leur statut ne les soumet pas à quota dans le cadre du partenariat Opep+, et ces pays ont un client qui a soif de pétrole et n'est guère aligné sur le camp occidental: la Chine.
Exportations à un niveau record
Malgré le plafonnement de 60 dollars du prix de son baril de brut et l'embargo européen, la Russie continue à extraire son or noir à plein régime, à 9,6 millions de barils par jour (mb/j), jetant le doute sur son annonce de baisser officiellement son flux de 500.000 b/j, en réponse aux sanctions. C'est ce qui explique qu'en avril ses exportations ont atteint leur plus haut niveau depuis son invasion militaire de l'Ukraine en février 2022, affichant 8,8 mb/j, qui lui ont rapporté 15 milliards de dollars, soit 1,7 milliard de dollars de plus par rapport à mars, selon les chiffres publiés dans son rapport mensuel par l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
Les prix décotés pratiqués par les compagnies russes ont trouvé des débouchés en Chine, Inde et Turquie qui achètent des volumes record. La demande chinoise continue d'augmenter depuis la fin de la période des confinements imposés par la politique « zéro Covid ». En mars, le géant asiatique, qui est aussi le premier importateur mondial de pétrole, a vu sa demande atteindre un nouveau pic historique à 16 mb/j, selon l'AIE.
L'Agence a d'ailleurs relevé sa prévision de la demande mondiale pour 2023 à 102 mb/j, soit 2,2 mb/j de plus qu'en 2022, ce qui représente dans ce cas aussi un record historique de consommation.
La Russie n'est pas le seul pays soumis à sanction à augmenter sa production et ses ventes. L'Iran a pompé en avril 2,75 mb/j, son plus important volume depuis trois ans. « Les exportations, principalement vers la Chine, sont restées robustes, la consommation locale a augmenté, grâce à la modernisation de la raffinerie d'Abadan, et un important volume a été stocké », expliquent les experts de l'AIE.
L'Iran est également accusé d'avoir exporté quelque 16 millions de barils vers la Syrie au cours des derniers mois, malgré les sanctions, pour une valeur de près de 1 milliard de dollars, selon le quotidien israélien Haaretz.
Investissements russes dans le pétrole iranien
Et le pays compte développer ses extractions. « La Russie est en train d'investir dans 6 gisements pétroliers iraniens », a indiqué ce mercredi Javad Oji, le ministre iranien du Pétrole, lors d'une signature à Téhéran d'un accord entre les deux pays portant sur un corridor reliant les deux pays. Une ligne ferroviaire va être construite entre la ville de Rasht dans le nord-est de l'Iran et Astara sur la frontière avec l'Azerbaïdjan, sur la mer Caspienne, selon l'AFP.
Pour Moscou, cette infrastructure s'inscrit dans le projet de développer un corridor Nord-Sud, via un réseau de routes maritimes, ferroviaires et terrestres de 7.200 km de long, qui vise à redessiner les circuits de la mondialisation et contrer l'hégémonie occidentale dans le transport des marchandises.
Quant au Venezuela, malgré les sanctions, il a pompé 780.000 b/j en avril son plus haut niveau depuis fin 2021 et augmente ses exportations, notamment vers la Chine. Washington a autorisé en novembre la major étatsunienne Chevron à opérer de nouveau dans le pays via une joint-venture. « Chevron produit quelque 100.000 b/j, mais a indiqué pouvoir augmenter de 50% dès cette année ce volume », rapporte l'AIE. L'Oncle Sam participant à la reprise de l'industrie pétrolière vénézuelienne, cela montre que le monde de l'or noir est sujet à d'importants changements.
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