Royaume-Uni : le gouvernement hausse le ton contre les compagnies qui polluent les eaux

Le gouvernement britannique présente ce mardi ses nouvelles mesures pour protéger les cours d'eau. Le pays est secoué depuis plusieurs mois par un scandale sur la pollution des rivières et des bords de mer par les rejets massifs d'égouts des compagnies de distribution. Ce plan prévoit notamment de donner plus de poids aux régulateurs, qui pourront désormais imposer des « sanctions financières potentiellement illimitées » aux compagnies qui enfreignent la loi.
Les agences gouvernementales britanniques sont pour l'instant accusées de léthargie face aux rejets d'égouts dans les rivières et dans la mer.
Les agences gouvernementales britanniques sont pour l'instant accusées de léthargie face aux rejets d'égouts dans les rivières et dans la mer. (Crédits : Pixabay / CC)

Plus d'investissement dans les infrastructures par les compagnies distributrices, plus de supervision et plus de sanctions en cas de manquements : voilà les mesures que le gouvernement britannique va présenter ce mardi 4 avril. « Le gouvernement a mis au point un nouveau plan grâce auquel il veut assurer un approvisionnement en eau propre et abondant pour l'avenir », écrit le ministère de l'Environnement dans un communiqué sur son site.

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L'exécutif britannique avait promis d'agir l'été dernier, après le scandale de la pollution des plages qui s'était traduit par des fermetures en pleine canicule. Le gouvernement britannique conservateur, alors encore dirigé par Boris Johnson, avait dit vouloir bannir les rejets en mer d'eaux usées non traitées d'ici à 2050 grâce à des investissements colossaux financés en grande partie sur les factures des clients.

Rénover le réseau d'eau qui date de la fin du XIXème siècle

Ainsi, le plan de la ministre de l'Environnement Therese Coffey compte notamment « accélérer la mise en place de nouvelles infrastructures de distribution d'eau pour un total d'1,6 milliard de livres qui doivent démarrer dans les deux prochaines années » afin de réduire le nombre de rejets d'égouts, de pollution aux nitrates, entre autres. Actuellement, le réseau d'égouts britanniques date de l'époque victorienne, soit de la fin du XIXe siècle. Sa rénovation va prendre du temps a d'ailleurs averti la ministre.

Le nouveau plan prévoit aussi une consultation pour une possible interdiction de la vente des lingettes qui contiennent du plastique, à l'origine des plus gros blocages de canalisations.

Reste que les agences gouvernementales sont pour l'instant accusées de léthargie face aux rejets d'égouts dans les rivières et dans la mer. Pour le codirigeant du parti vert Adrian Ramsey, le gouvernement agit « trop tard et trop peu ». Il fustige aussi un secteur de l'eau qui est encore en mesure, au regard des réformes annoncées, de « faire des profits malgré ses échecs » environnementaux. « Le parti des Verts veut voir un changement du système, et notre approvisionnement d'eau revenir dans le secteur public », a-t-il déclaré.

Des sanctions financières « potentiellement illimitées »

Dans une tribune dans le Daily Telegraph, Therese Coffey rappelle que le gouvernement a renforcé les pouvoirs des régulateurs pour « plus d'inspections et pour lier les versements de dividendes à la performance environnementale ».

Elle ajoute que les régulateurs pourront aussi désormais imposer des « sanctions financières potentiellement illimitées » aux compagnies qui enfreignent la loi, sans passer par les tribunaux. Les futures amendes serviront à alimenter un fonds spécial pour nettoyer les cours d'eau, également confrontés à la pollution industrielle.

56 poursuites depuis 2015

Dans son communiqué, le ministère de l'Environnement indique que depuis 2015, l'Agence de l'environnement a mené 56 poursuites contre des entreprises de distribution ou traitement de l'eau, pour 141 millions de livres. En 2019, une autre agence de réglementation du secteur, l'Ofwat, a imposé à Southern Water, l'une des compagnies sectorielles, des pénalités de 126 millions de livres.

Mais dans l'ensemble, les régulateurs sont pointés du doigt pour avoir imposé trop peu d'amendes, et trop faibles, au regard du problème. D'autant que les compagnies d'eau ont distribué des dividendes et des rémunérations généreuses à leurs actionnaires et dirigeants. Au cœur de l'indignation, ces compagnies comprennent un gros actionnariat de fonds d'investissements ou d'entreprises étrangères.

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Ces distributeurs ont le droit de décharger les égouts dans les cours d'eau ou la mer en cas de fortes pluies engorgeant les canalisations et risquant de déborder dans les logements. Elles sont toutefois accusées de recourir à ces rejets toute l'année même en période de sécheresse. L'an dernier, elles ont ainsi réalisé 302.000 rejets d'eaux usées dans les cours d'eau selon les statistiques officielles. Une baisse de 19% sur un an due à des pluies moins abondantes et non aux efforts des compagnies d'eau.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 04/04/2023 à 16:16
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Le manque d'entretien et de rénovation des réseaux, ici comme en France aboutit aux mêmes problèmes. Des dysfonctionnements et des factures colossales pour tout remettre en ordre, si décision de "remettre en ordre" il y a!

le 04/04/2023 à 17:50
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Quand ce sont des compagnie privées, elles n'en n'ont rien à faire car au final il suffit de relever le prix du m3, quand ce sont des régies "publiques", elles n'intègrent que très difficilement le cout de possession, qui doit inclure la maintenance ...

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