Surmenés, les Japonais sont invités à partir en week-end plus tôt

Par Jean-Christophe Catalon  |   |  356  mots
Une étude gouvernementale, dévoilée en octobre dernier, a déterminé qu'un travailleur sur cinq fait face à un risque de mort par surmenage.
Le gouvernement a lancé une campagne pour inciter les travailleurs à quitter leur poste en milieu d'après-midi le dernier vendredi de chaque mois. L'objectif est à la fois sanitaire et économique.

Dans une époque où il est toujours question de travailler plus, le gouvernement japonais appelle les travailleurs à lever le pied. Tokyo a lancé une campagne invitant salariés et fonctionnaires à quitter leur poste à 15 heures le dernier vendredi de chaque mois. Baptisée "Premium Friday", elle devrait débuter le 24 février prochain, selon Bloomberg. Les entreprises nippones, notamment par la voix du Keidanren, le Medef nippon, soutiennent la démarche.

L'initiative répond d'abord à un enjeu de santé publique. Le pays du Soleil-Levant connaît un réel un problème de surmenage des travailleurs, dont les "burn out", parfois fatals, sont monnaie courante. Le phénomène a même un nom : "karochi" et fait des centaines de morts chaque année. Une étude gouvernementale, dévoilée en octobre dernier, a déterminé qu'un travailleur sur cinq fait face à un risque de mort par surmenage, car les japonais, sous pression, cumulent les heures. Au pays du Soleil-Levant, ils sont environ 21,3% à travailler plus de 49 heures par semaine, contre 16,4% aux Etats-Unis et 10% en France. En 2013, les Japonais avaient travaillé 300 heures de plus que les Français.

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Enrayer le problème sanitaire et booster la consommation

Depuis un an, le gouvernement multiplie les mesures pour tenter d'enrayer le phénomène. Tokyo avait déjà annoncé vouloir récompenser les entreprises qui fixent un nombre minimum d'heures de repos entre deux journées de travail et supprimer le paiement des heures supplémentaires pour les cadres.

Les autorités ne se préoccupent pas que de la situation sanitaire. Passer moins de temps au travail, signifie plus de temps libre et donc plus d'occasions de consommer. La dépense privée est poussive au Japon, alors qu'elle compte pour 60,9% du PIB selon JMA. Le "Premium Friday" comme l'ensemble de ces mesures ont aussi vocation à la stimuler.

Interrogé par Bloomberg, le chef économiste de l'Institut de recherche Dai-Ichi Life, Toshihiro Nagahama, estime que la consommation pourrait augmenter de 1,6 milliards de dollars chaque "Premium Friday" si la plupart des travailleurs des PME y participent.