PODCAST Atos, un sauvetage qui devient très politique

HISTOIRES ECONOMIQUES. Histoire économique ce matin qui porte sur les déboires d’Atos, une star de la Bourse en grande difficulté. Écoutez chaque mardi 6h48 la chronique "Histoires Economiques" de Philippe Mabille dans le 5/7 de France Inter.
Philippe Mabille
(Crédits : BENOIT TESSIER)


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Atos, c'est cette grande entreprise française de services informatiques née en 1997, qui a mené ces dernières années, des rachats tous azimuts dans le secteur de la tech, et qui traverse depuis deux ans une très mauvaise passe financière. Pour sauver le groupe, l'ancien patron d'Atos, Bertrand Meunier, remplacé depuis, a tenté de vendre aux marchés une scission de l'entreprise.

La branche de l'infogérance, qui connaît les plus lourdes pertes, serait rachetée par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky et sortie de la bourse. Et les activités les plus rentables dans le numérique resteraient en bourse dans une nouvelle société baptisée Eviden. Elle bénéficierait d'un apport d'argent frais via une augmentation de capital à laquelle Daniel Kretinky a été invité à participer.

Et c'est là que le dossier est devenu très politique. Et très polémique.

Pourquoi ? Que s'est-il passé ?

Depuis l'annonce de la scission, un certain nombre de parlementaires se sont émus de l'entrée d'un « étranger » au capital d'une entreprise qu'ils jugent stratégique. Car Atos a aussi racheté les supercalculateurs de Bull qui servent à simuler les essais nucléaires. Un actif essentiel donc pour la sécurité de la dissuasion nucléaire de notre pays.

Deux députés, Olivier Marleix, président du groupe LR et le socialiste Philippe Brun, ont donc déposé vendredi dernier chacun un amendement  au budget 2024 pour nationaliser partiellement Atos et sanctuariser ainsi ses pépites technologiques.

Que va faire le gouvernement ?

Bercy a démenti tout projet de nationalisation d'Atos. Mais le titre, dont la valeur a déjà été divisée par deux depuis janvier, a perdu hier jusqu'à 11%. La morale de cette histoire, c'est que le sauvetage d'Atos sent le sapin. Deux fonds minoritaires ont porté plainte contre la direction d'Atos devant le parquet pour corruption ce qui pourrait conduire Kretinsky à se retirer.

Dans ce climat délétère, la nouvelle direction d'Atos maintient le projet de scission. Mais le nouveau patron, Jean-Pierre Mustier, un banquier, a ouvert la porte à des alternatives à condition de recevoir des propositions "raisonnables et financées".

Qui pourrait s'intéresser à Atos ?

Le drame de cette entreprise, c'est que personne à part Kretinsky ne veut des activités qui saignent, l'infogérance. Seuls les supercalculateurs, le cloud et la cybersécurité sont attractifs. Du coup, cela pourrait très mal finir. Si le projet n'aboutit pas à une augmentation de capital d'ici la mi 2024, Atos va devoir refinancer 2 milliards d'euros de dettes avec des taux d'intérêt en hausse.

Une partie de poker menteur se joue, dont on ne sait pas encore qui sera le vainqueur. Sûrement pas les 110.000 salariés du groupe, dont 10% travaillent en France.

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Philippe Mabille
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