PODCAST Autoroutes : la taxe climat de la discorde

HISTOIRES ECONOMIQUES. Les péages autoroutiers pourraient bien encore augmenter, en raison d’une nouvelle taxe. Écoutez chaque mardi 6h48 la chronique "Histoires Economiques" de Philippe Mabille dans le 5/7 de France Inter
Philippe Mabille


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Le gouvernement a décidé de créer en 2024 une taxe de 4,6% sur le chiffre d'affaires des « infrastructures de transports de longue distance ». Mais, conséquence inattendue, ce nouvel impôt pourrait bien se répercuter sur les automobilistes.

C'est ce qu'a laissé entendre hier le directeur général de la filiale autoroute de Vinci, qui a prévenu que les péages augmenteront de 5% environ l'an prochain, en conséquence de ce nouveau prélèvement. Ce serait un très mauvais coup pour le pouvoir d'achat des Français après la hausse de 4,75% des tarifs autoroutiers déjà en vigueur depuis février dernier.

Le gouvernement conteste le lien entre sa taxe et cette hausse des péages

Clément Beaune, le ministre des transports, n'a eu de cesse de répéter que ce nouvel impôt n'aura aucun impact sur les tarifs. Selon Bercy, il s'agit d'une taxe générale sur les transports les plus polluants, à savoir les autoroutes et les grands aéroports (Paris, Nice, Marseille, Lyon), dans le but de financer un plan ferroviaire, à hauteur de 600 millions d'euros par an.

Mais les groupes concernés contestent cette vision. Vinci menace d'attaquer l'Etat en justice, en se référant à un avis du Conseil d'Etat qui stipule que contractuellement, les concessions d'autoroutes ont droit à une compensation tarifaire automatique en cas de hausse des taxes.

La taxe verra bien le jour

On n'imagine pas Bercy reculer. Au risque donc que les péages augmentent si la justice donne raison à Vinci. Bon, pour l'instant, cela fait encore beaucoup de « si »...
Pour leur défense, les sociétés d'autoroutes disent que cet impôt n'est pas si écologique car il va réduire leur marges pour décarboner leurs activités, notamment en installant des bornes électriques. En clair, ils affirment que faire financer le rail par la route et l'aérien ne permettra pas de rendre ces derniers plus verts, alors que c'est bien l'ambition que de permettre à tous les transports de devenir plus propres.

Chacun jugera la pertinence de l'argument. Mais le voyageur, sait qu'à la fin, c'est lui qui paiera la facture...

En arrière-plan, il y a aussi la pilule, plus politique, de la privatisation des autoroutes, que certains, au sein de l'Etat, n'ont toujours pas avalée. Par cette taxe, Bercy tente aussi de récupérer une partie du magot que l'État aurait perdu en vendant à un trop bon prix la poule aux œufs d'or des autoroutes...

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Philippe Mabille
Commentaire 1
à écrit le 14/11/2023 à 9:10
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Le paradigme écologique nous impose de poser un regard neuf sur les autoroutes. Les voitures y consomment plus et s'usent plus vite qu'ailleurs, faisant plus de bruit et de pollution générale que sur les routes classiques. La quantité astronomique de...

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