PODCAST Face aux banques centrales, les marchés financiers disent  : « même pas peur »

HISTOIRES ECONOMIQUES. Les banques centrales américaines et européennes doivent prendre plusieurs décisions importantes… Écoutez chaque mardi 6h48 la chronique "Histoires Economiques" de Philippe Mabille dans le 5/7 de France Inter.
Philippe Mabille
(Crédits : BRENDAN MCDERMID)


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Avec la publication aujourd'hui des chiffres de l'inflation en mai aux Etats-Unis, suivis demain par le verdict de la Réserve fédérale sur ses taux d'intérêt, actuellement fixés à 5,25%. Dès le lendemain, jeudi, à Francfort, ce sera au tour de la Banque centrale européenne de livrer le sien, à la veille de l'annonce vendredi des chiffres de l'inflation pour la zone euro. Paradoxalement, les décisions presque concomitantes de ces deux grandes banques centrales n'inquiètent pas les investisseurs. Les marchés boursiers sont toujours haussiers, sans un regard pour les signes préoccupants qui montrent que les économies commencent à ralentir fortement.

Les taux d'intérêt ont beaucoup monté depuis un an : est-ce qu'il faut s'attendre à une pause ?

Aux Etats-Unis oui, car la Fed a agi précocement pour freiner la hausse des prix. L'optimisme de Wall Street repose sur le pari que la banque centrale américaine va passer son tour et on ne prévoit plus qu'une dernière remontée modérée des taux en juillet. En réalité, les marchés ont changé d'ennemi : ils craignent désormais moins l'inflation que la récession...

En Europe, la situation est toute autre. La BCE est intervenue plus tardivement. Avec des taux à 3,75%, elle accuse six mois de retard. Face à la persistance d'une forte inflation qui commence à se transmettre aux salaires, les économistes s'attendent donc à au moins trois nouvelles hausses des taux directeurs de la zone euro : une première ce jeudi, qui porterait les taux à 4%, puis une seconde en juillet et une troisième en septembre.

Le risque, c'est que l'économie plonge

Après dix ans de taux zéro, le retour à la normale est violent. On commence à voir les premiers effets de cette hausse des taux sur le marché immobilier. Aux Etats-Unis, où les crédits sont à taux variables, l'immobilier est au bord d'un krach. On assiste aussi à l'éclatement de la bulle de la tech. Le même phénomène est en train d'arriver en Europe, de façon plus soft, notamment en France car le crédit immobilier est à taux fixe. Mais il y a un ralentissement des transactions et un début de baisse des prix. Si récession il y a, cela risque aussi d'impacter les résultats des entreprises et de faire baisser le cours des actions.

Il ne faut pas se faire d'illusions : même si le réajustement prend du temps, il n'y a pas d'exemple dans l'histoire où une remontée aussi rapide des taux d'intérêt n'a pas d'effets sur l'économie. Toute la question est de s'en rendre compte à temps. Pour l'instant, les marchés sont dans le déni... Jusqu'à quand ?


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Philippe Mabille
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