PODCAST L'« écologie à la française »... Mais à quel prix ?

HISTOIRES ECONOMIQUES. Emmanuel Macron a présenté hier son plan pour tenir nos engagements climatiques. Objectif : aller 2,5 fois plus vite pour réduire nos émissions de CO2... Écoutez chaque mardi 6h48 la chronique "Histoires Economiques" de Philippe Mabille dans le 5/7 de France Inter.
Philippe Mabille
(Crédits : DR)


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 Oui... on mesure sans doute encore mal l'ampleur de l'effort que nous allons devoir réaliser pour passer chaque année de 2 à 5% de baisse de nos émissions de CO2. C'est une transformation économique profonde qui nous attend, mais aussi une opportunité économique pour fabriquer en France des batteries électriques, des panneaux solaires ou des pompes à chaleur.

C'est donc bon pour l'emploi, mais moins, sur le papier, pour le pouvoir d'achat. Car pour y arriver, nous allons devoir tout changer : nos voitures, nos chaudières, nos usines, tout va passer à l'électricité dans les dix ans.

Si le pouvoir a beaucoup tergiversé, c'est qu'il a mesuré la difficulté politique de l'exercice : Emmanuel Macron l'a payé cher avec la révolte des Gilets jaunes contre la taxe carbone, mais en réalité, partout la transition énergétique se heurte au même obstacle, surtout dans une époque de retour de l'inflation. Les ménages allemands se sont opposés à l'interdiction des chaudières à gaz, ce qui a fait progresser l'extrême droite. Vous noterez que le chef de l'État n'a pas proposé cette interdiction en France.

Comment avancer sans tout bloquer ?

Emmanuel Macron a parlé hier d'une écologie à la française », qu'il appelle aussi « l'écologie de progrès ». Derrière la formule un peu bisounours, il s'agit de convaincre que l'écologie est LA bonne réponse à moyen terme à la crise du pouvoir d'achat.

Exemple par la preuve à l'Élysée, qui en installant la géothermie, espère diviser par trois sa facture énergétique d'ici 2027, ce qui remboursera cette dépense en cinq ans. C'est le même raisonnement qu'Emmanuel Macron propose de faire aux Français, en accompagnant les plus modestes par des aides nouvelles.

Aides à la rénovation des passoires thermiques via un renforcement de MaPrime Renov, voiture électrique en leasing à 100 euros : l'État met la main à la poche et c'est la grande différence avec la taxe carbone version Gilets jaunes. Les aider à investir maintenant pour dépenser moins plus tard.

Le raisonnement ne tient que si la facture d'électricité ne flambe pas

Oui pour être juste, la transition devra s'appuyer sur une électricité bon marché. Avec la hausse de 10% d'août dernier et les prochaines annoncées, il y a de quoi s'interroger car des investissements massifs sont nécessaires pour augmenter de plus de 35% la production d'électricité.

L'État est justement en train de négocier avec EDF pour trouver le juste équilibre. Emmanuel Macron annoncera en novembre ses arbitrages avec pour objectif de « reprendre le contrôle du prix de l'électricité ». Une réponse aux extrêmes pour qui la France a été l'otage du marché européen pendant la crise ukrainienne avec des prix de l'énergie déconnectés de nos coûts réels.

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Philippe Mabille
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