PODCAST Pas de Ricard cet été dans les centres Leclerc

HISTOIRES ECONOMIQUES. Un bras de fer oppose les centres Leclerc et le groupe Pernod Ricard. C'est l'un des symboles de la bataille qui se joue actuellement entre la grande distribution et les industriels sous la pression du ministre de l’économie. Écoutez chaque mardi 6h48 la chronique "Histoires Economiques" de Philippe Mabille dans le 5/7 de France Inter.
Philippe Mabille
(Crédits : Christian Hartmann)


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C'est l'un des symboles de la bataille qui se joue actuellement entre la grande distribution et les industriels sous la pression du ministre de l'économie.
Ce symbole, c'est le petit Ricard, l'apéro bien de chez nous que Michel-Edouard Leclerc, le patron des centres du même nom, menace de ne plus vendre dans ses rayons faute d'accord avec le groupe Pernod sur ses marges. Le conflit date d'il y a six mois mais prend une dimension médiatique à l'approche des vacances.

Michel-Edouard Leclerc n'y va pas de main-morte : il accuse Ricard d'être je cite « le roi de la marge et du profit dans son secteur » au point de pouvoir se passer pendant un an d'être présent dans les centres Leclerc.

Bon soyons clair, il n'y aucun risque de pénurie de Ricard. In Fine, Leclerc devrait parvenir à une médiation avec Ricard et sinon, on pourra toujours s'en procurer ailleurs mais cette histoire illustre la difficulté de négocier lorsque le rapport de force est en faveur d'une marque aussi emblématique.

Au-delà de Ricard, la question du niveau des marges se pose pour d'autres grands industriels, comme Coca Cola, Nestlé, Danone, Unilever.

Que fait Bruno Le Maire dans ce dossier ?

Le ton monte et le ministre de l'Economie a même brandi l'arme suprême, celle du « Name and Shame », un terme anglais consistant à publier la liste des entreprises et des produits sur lesquels les marges sont excessives. Il a reçu vendredi le soutien de l'Autorité de la concurrence, qui a mis en garde les profiteurs de crise, menaçant de sanctionner sévèrement les profits excessifs.

Bref, si les négociations se passent mal entre distributeurs et producteurs, cela pourrait bien chauffer pour ces derniers, car tous les indicateurs montrent que les marges de l'industrie agro-alimentaire résistent bien mieux que celles des supermarchés.

Les prix vont-ils enfin baisser ?

La progression de l'inflation va ralentir mécaniquement dans l'alimentaire, du fait de la baisse des prix de l'énergie et des matières premières. Le pic d'inflation avec des hausses de 15 à 16% serait atteint en juin dans l'alimentation et baisserait à partir de juillet pour retomber selon Edouard Leclerc à 7 à 8% à la rentrée. Cela représente une division par deux, mais pour les concrétiser, il faudra que de vraies négociations se rouvrent entre la distribution et les industriels sans attendre le rendez-vous annuel prévu par la loi. Cela n'en prend pas le chemin.

Bref, après le mars rouge, il est peu probable que septembre soit vert pour les prix dans les rayons. Au mieux, ils passeront à l'orange ou au jaune, la couleur fameuse de notre petit Ricard national.


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Philippe Mabille
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