Emmanuel Macron : « J'ai une immense affection pour Marseille, mais je ne serai pas candidat à quoi que ce soit »

EXCLUSIF- Alors qu'il assistera mercredi à l'arrivée sur le Vieux-Port de la flamme olympique à bord du Belem, le chef de l'État a redit, dans un entretien accordé à La Tribune Dimanche et La Provence, son attachement pour la cité phocéenne.
Emmanuel Macron au palais de l’Élysée, vendredi.
Emmanuel Macron au palais de l’Élysée, vendredi. (Crédits : © LTD / CYRILLE GEORGE JERUSALMI POUR LA TRIBUNE DIMANCHE)

Que pensez-vous du choix de Marseille comme première ville d'accueil de la flamme olympique ?

C'est une très bonne idée ! L'arrivée de la flamme en bateau va être magnifique. L'olympisme représente un formidable trait d'union historique. L'épicentre des Jeux se situe en Méditerranée, et Marseille en est l'une de ses capitales. Faire cheminer la flamme du lieu historique antique en Grèce vers la France de Pierre de Coubertin - celui qui a ranimé les Jeux - est plein de symboles. Nous avons souvent parlé ces dernières années de la Méditerranée sous un aspect tragique, avec des problèmes auxquels nous tentons de répondre sur l'immigration.

Lire aussiEXCLUSIF - Emmanuel Macron : « Je m'impliquerai dans les européennes »

J'ai une obsession pour Marseille : qu'elle se réconcilie avec la mer. Toute l'histoire de cette ville s'est toujours faite dans un rapport très ambivalent avec la Méditerranée. Toute une partie est loin de la mer. La ville a été conquise, puis surveillée depuis la mer par le pouvoir central monarchique. Au final, Marseille se vit comme devant se protéger d'elle. Au-delà des Jeux, j'ai une ambition également pour le port de Marseille. Je souhaite en faire l'un des plus grands ports européens, et pas seulement méditerranéens - il a tous les atouts pour cela. C'est une ouverture sur la Méditerranée, et au-delà vers le continent africain, vers le Proche et le Moyen-Orient. Cela doit être le départ des routes de commerces, de circulation, de personnes, d'énergie. Marseille est aussi le point d'entrée pour toute l'Europe par le réseau fluvial, en reconnectant le Rhône avec la Saône puis le Rhin. Grâce à ce réseau, on va pouvoir faire transiter de l'énergie et décarboner nos industries dans cette zone.

Votre venue mercredi à Marseille sera la 14e en sept ans. Comment simplifier le millefeuille des compétences, notamment entre la Ville et la Métropole ? Lors de votre dernière visite, vous aviez taclé la gouvernance des collectivités...

La Métropole n'a pas les moyens de fonctionner comme il se doit, parce qu'elle doit trop reverser aux communes. On a commencé à limiter cela. Martine Vassal, sa présidente, fait de son mieux et y travaille ardemment. Cette institution doit avoir beaucoup plus la main sur les projets structurants, comme les transports, et doit   déléguer à nouveau sur le reste. Au fond, elle doit avoir moins de moyens qui retournent aux communes et davantage pour investir elle-même. Cela ne sert à rien, au sein d'une métropole, de faire monter l'argent pour le faire redescendre au même endroit. Par ailleurs, il faut clarifier les compétences. Le maire de Marseille a raison de se plaindre quand il dit qu'il ne gère pas la voirie pour sa ville. Il faut redonner aux villes certaines prérogatives, pour que les habitants comprennent qui fait quoi, pour avoir moins de redondances et de gaspillage d'argent public, et avancer plus vite sur les projets. Tout ce qu'on a pu faire au niveau de l'État, on l'a fait. Le rapport que va me remettre Eric Woerth dans quelques jours sur ces questions va nous permettre de préparer une réforme permettant plus de clarification des compétences et de simplification.

Sur les écoles, les Marseillais pensent que cela ne va pas assez vite, au regard du chantier annoncé...

L'État a investi de manière inédite sur ce sujet. Marseille est la seule ville de France où l'Etat finance des écoles. L'ensemble des acteurs sur le terrain doit aller plus vite. Grâce à l'ANRU, Marseille est la ville qui développe le plus de projets de rénovations urbaines en France. Ce sont près de 600 millions d'euros en ce moment. De même, on investit massivement à Marseille dans la santé et les hôpitaux, ainsi que dans les transports, le défi du siècle, alors qu'il y avait un retard. Maintenant, à Marseille, il faut que les choses aillent beaucoup plus vite, que tous les acteurs améliorent l'esprit de collaboration, qui n'est pas suffisant.

Est-ce que vous allez mettre fin aux chicayas et aux responsabilités diluées entre les différents niveaux ?

Je pense que l'État met suffisamment d'argent dans la ville pour être exigeant en termes d'efficacité. Moi, j'ai une obsession c'est que les Marseillaises et les Marseillais en particulier les plus jeunes soient tous au rendez-vous. Qu'on parvienne tous à s'élever au-dessus de nous-mêmes en se demandant comment avoir des résultats.

N'est-ce pas l'une des missions de la secrétaire d'Etat et élue marseillaise Sabrina Agresti-Roubache ?

Sa mission au gouvernement est d'être responsable des questions de citoyenneté et de la ville, mais la ministre est particulièrement engagée à Marseille et elle l'est avec son talent et son enthousiasme. J'attends de Sabrina Agresti-Roubache, comme de Martine Vassal, du maire Benoît Payan, du président du Port de Marseille Christophe Castaner et du président de la Région PACA Renaud Muselier de tous travailler ensemble. C'est un collectif et il faut que ce collectif tire dans la même direction. On doit avoir une obsession, c'est des résultats. Des écoles refaites plus vite, des projets pédagogiques plus innovants, des piscines qu'on arrive à recréer.

Une rumeur court à Marseille : vous pourriez être candidat aux élections municipales en 2026, même en position non éligible...

Certains ont peut-être regardé cette possibilité, mais je ne serai pas candidat - à quoi que ce soit. C'est une ville pour laquelle j'ai une immense affection, qui a un potentiel extraordinaire, qui peut apporter encore plus au pays, par sa vitalité. Il faut qu'on aide Marseille à grandir et à s'émanciper.

Où en est la révision du mode de scrutin électoral de Paris, Lyon et Marseille, que vous aviez annoncée lors de votre conférence de presse le 16 janvier ?

Les concertations sont en cours. Tout le travail d'approche mené par les parlementaires est très utile et devra aboutir prochainement. C'est une question démocratique. Dans les grandes villes, les électeurs doivent avoir la même capacité de choisir leur maire que dans le reste de la France, c'est-à-dire pas par un système de combinaison, mais par un vote direct.

Etes-vous favorable à la suppression des mairies d'arrondissement ?

Je ne vais pas moi trancher un débat qui commence. Ma conviction est que plus c'est simple, mieux c'est.

François Mitterrand a laissé la grande pyramide du Louvre, Jacques Chirac le musée du Quai Branly, votre trace très visible dans l'Histoire, cela sera le plan Marseille en grand ?

Je ne le fais pas pour cela. Et c'est souvent l'Histoire qui décide pour vous. Mais je ferai tout pour qu'on y arrive. Il y a déjà eu de grandes réalisations, comme la création de la cité internationale de la langue française au château de Villers-Cotterêts, la reconstruction de Notre-Dame de Paris dans un temps record ainsi que de nombreux projets partout en France que nous portons avec le ministère, les partenaires comme la mission de Stéphane Bern. Je souhaite qu'il y en ait d'autres. Mais je ne construis pas tout cela à titre testamentaire. Je regarde toujours vers l'avenir avec confiance. Je crois en l'audace, qu'on a eu dès le premier jour et que l'on continuera d'avoir jusqu'au dernier, et c'est comme cela que je regarde et accompagne Marseille : avec optimisme. Je voulais taper très fort sur les questions de sécurité, car j'en ai assez que l'on parle toujours de cette ville de manière négative. Cette ville est formidable, comme notre pays. L'optimisme, notre pays en a besoin, il ne faut pas qu'il tombe dans un esprit de repli, de division. On a encore beaucoup de défis, mais on a la capacité de les relever.

En parlant d'optimisme, quel est votre pronostic pour le match retour OM - Atalanta ?

3 - 1 pour l'OM, bien sûr. Quel beau match en perspective ! L'OM a vraiment un très beau public de supporters.

Commentaires 5
à écrit le 05/05/2024 à 19:25
Signaler
L'argent coule à flots à Marseille mais le bilan est toujours le même. La tambouille politicienne à Marseille l'amitié car tout se gère entre amis, la délinquance ne faiblit pas la magouille à l'apogée, les petits arrangements entre amis est plus imp...

à écrit le 05/05/2024 à 19:18
Signaler
Quand il voit ce qu’il a fait de son laboratoire marseille ! Pb il a fait la france à l’image de marseille Il ira se planquer à Bruxelles pour l EU à l’image de la france!

le 05/05/2024 à 20:13
Signaler
Macron fera comme Sarkozy des conférences à l'étranger pour expliquer comment il a détruit la France. Et comme Sarkozy il passera pour un clown dans ces pays qui lui demanderont de venir comme guignol sans que lui même le sache comme ils l'ont fait a...

à écrit le 05/05/2024 à 11:59
Signaler
Heureusement qu'il aime Marseille quand nous pouvons constater la dérive de la ville ces 7 dernières années. Qu'est ce que ce serait s'il ne l'aimait pas. Ah oui, vu le bilan dans tout ce qu'il touche, il n'aurait jamais du venir à Marseille et la vi...

à écrit le 05/05/2024 à 9:14
Signaler
Ben tu m'étonnes après ses deux quinquennats au service de la finance contre le peuple français il ne gagnerait même pas les élections de ma commune de 1500 habitants !

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.