Présidentielle 2017 : les propositions de l'ESS pour attirer les jeunes

Les entreprises de l'économie sociale et solidaire demandent plus de soutien pour l'innovation sociale et souhaitent s'intégrer davantage dans l'économie numérique. De quoi attirer de plus en plus de jeunes.
Mathias Thépot
Le monde de l'ESS s’organise pour attirer les jeunes.

Si elles représentent tout de même 10,5 % de l'emploi en France, les entreprises de l'économie sociale et solidaire (ESS) restent très peu entendues des dirigeants politiques en comparaison avec celles de l'économie « classique ». Ces structures qui s'imposent des valeurs telles que la redistribution des bénéfices en interne, une gouvernance démocratique, des écarts de salaires minimum ou une finalité sociale et environnementale, restent peu considérées. Elles qui, pourtant, proposent de déplacer le curseur de l'économie capitaliste vers une logique plus humaine.

Des progrès ont tout de même été faits dans ce domaine lors du dernier quinquennat avec l'adoption d'une loi cadre sur l'économie sociale et solidaire le 31 juillet 2014, qui a permis de structurer le secteur. Mais pour prendre une autre dimension, le monde de l'ESS souhaite aller plus loin que cette seule loi et tente de sensibiliser les candidats à l'élection présidentielle. Pour s'assurer un développement pérenne, les acteurs de cette économie de proximité cherchent notamment à impliquer beaucoup plus de jeunes.

Donner un sens à la vie professionnelle

La chambre française de l'ESS milite par exemple pour que soient données « aux jeunes qui s'interrogent et souhaitent donner un sens à leur future vie professionnelle » « des réponses innovantes et stimulantes sur la citoyenneté et la démocratie dans la sphère économique », « en cohérence avec leur sensibilité en matière d'engagement, de solidarité et de démocratie ». De l'école à l'université il faudrait parler plus d'ESS dans les programmes et agir en conséquence sur la formation des personnels éducatifs.

Il semble ainsi important de « favoriser au sein des établissements scolaires la connaissance mutuelle et l'appropriation par les équipes pédagogiques et les jeunes des codes de l'entreprise notamment celles de l'économie sociale et solidaire », estime l'Union des employeurs de l'économie sociale et solidaire (Udes), qui rassemble 70.000 entreprises (associations, mutuelles, coopératives) employant 1 million de salariés en France. En contrepartie, le monde de l'ESS promet qu'il « se mobilisera pour accueillir en stage les élèves des classes de troisième qui le souhaiteraient dans les entreprises de l'ESS, mais aussi pour faire découvrir les métiers, favoriser l'esprit d'entreprendre dans une démarche collective », indique la chambre de l'ESS.

Reconquérir le monde des start-up

Reste qu'une fois sortis d'école, les jeunes sont encore trop peu à s'orienter vers des entreprises de l'ESS. Pour faire changer la donne, les acteurs de l'ESS essaient de promouvoir leur modèle dans le monde des startups de l'économie collaborative, souvent accaparé par des entreprises qui ne s'imposent pas les valeurs de l'économie sociale et solidaire. La Confédération générale des Sociétés coopératives et participatives (CGscop) qui représente 50.000 emplois, propose par exemple « d'encourager les plateformes coopératives, un modèle alternatif qui permet de garder la valeur et les emplois sur les territoires ».

De son côté, l'Udes milite pour « promouvoir une économie collaborative socialement responsable », en instaurant « un cadre adapté et une gouvernance partagée permettant une véritable répartition des richesses, rempart aux seules logiques de profitabilité développées par d'autres modèles de services. »

Par ailleurs, il faudrait « réguler l'activité des plateformes numériques pour en faire des acteurs économiques au service de la société» en garantissant « l'assujettissement social et fiscal des plateformes en réfléchissant notamment à la taxation de l'utilisation, par les plateformes, des valeurs produites par les utilisateurs », ajoute l'organisme.

Favoriser l'émergence des jeunes pousses

En parallèle à la régulation des plateformes qui s'accaparent sauvagement l'économie du partage, il semble toutefois nécessaire de « favoriser l'émergence de nouvelles pousses d'une économie collaborative et coopérative ». Mais face à la concurrence féroce, elles doivent être soutenues. En effet, « le développement d'une économie réellement collaborative et socialement innovante pose l'enjeu de l'accompagnement et du financement de ces initiatives », note la CGscop. « Il convient donc de mobiliser les outils de financement type BPI France et de sensibiliser l'éco-système de la FrenchTech aux modèles de l'ESS », estime-t-elle. Dernière nécessité pour attirer les jeunes dans l'ESS : favoriser « l'innovation sociale », qui a été reconnue par l'Etat dans la loi du 31 juillet 2014. Car « comme l'innovation technologique, l'innovation sociale peut avoir des intensités différentes : de l'innovation incrémentale (amélioration de l'existant) à l'innovation radicale ou de rupture (transformation en profondeur) », détaille la CGscop. D'où la nécessité « d'accroître la capacité d'innovation sociale des entreprises et associations françaises » en créant « les conditions d'une recherche et développement en innovation sociale bénéficiant d'un crédit impôt recherche (CIR) » propose la CGscop.

Convaincre massivement la jeunesse des vertus de leur modèle sera certainement l'enjeu principal du prochain quinquennat pour les acteurs de l'ESS. Et au regard des pressions que subissent les jeunes dans l'économie classique, qu'ils soient insiders ou outsiders, il se pourrait cette fois-ci que l'offre rencontre la demande.

Mathias Thépot
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