Après le chaos, l'Allemagne a redémarré le moteur de l'industrie européenne

La croissance du secteur manufacturier de la zone euro a fini l'année à un pic de plus de deux ans et demi : cela signifie que l'économie a été moins touchée par la pandémie qu'au début de l'année, selon les résultats de l'enquête réalisée par IHS Markit auprès des directeurs d'achat. L'Allemagne a de nouveau joué un rôle moteur et, contrairement à l'industrie dominante des services, les usines européennes sont restées pour la plupart ouvertes.
Grégoire Normand
L'activité manufacturière s'est légèrement reprise en décembre en France après sa contraction de novembre, la confiance des entreprises se redressant avec les perspectives positives suscitées par l'arrivée des vaccins contre le Covid-19, selon des données publiées lundi par le cabinet IHS Markit.
L'activité manufacturière s'est légèrement reprise en décembre en France après sa contraction de novembre, la confiance des entreprises se redressant avec les perspectives positives suscitées par l'arrivée des vaccins contre le Covid-19, selon des données publiées lundi par le cabinet IHS Markit. (Crédits : MICHAEL DALDER)

Les moteurs de l'industrie européenne retrouvent des couleurs après une année 2020 tourmentée. Selon les derniers chiffres du cabinet Markit publiés ce lundi 4 janvier, l'activité a accéléré au mois de décembre dernier pour s'établir à 55,2 contre 53,8 en novembre. L'indice PMI, très observé par les milieux économiques et financiers, signale une expansion de l'activité lorsqu'il est au-dessus de 50 et un recul quand il est inférieur à ce seuil. Malgré les mesures de restriction adoptées dans la plupart des grands pays européens en fin d'année, la croissance de l'industrie ne cesse de se redresser depuis la mi-2020.

"Le secteur manufacturier de la zone euro a terminé l'année 2020 sur une note très encourageante, la production ayant enregistré l'une de ses plus fortes croissances depuis trois ans. Les bonnes performances de l'industrie malgré le durcissement des mesures visant à limiter la propagation de l'épidémie de Covid-19 au dernier trimestre contrastent fortement avec la situation observée lors du premier confinement : le secteur manufacturier fournit désormais un soutien crucial à l'économie de la région tandis que le secteur des services subit de plein fouet l'impact des strictes mesures de distanciation sociale", a expliqué le chef économiste Chris Williamson.

En dépit de l'arrivée des vaccins, la persistance du virus et la multiplication des vagues de contamination à l'échelle de la planète repoussent sans cesse le début d'une reprise solide de l'économie mondiale. L'Europe qui connaît une désindustrialisation accélérée depuis des décennies pourrait pâtir du faible poids de son industrie dans le PIB. En outre, même si les autorités britanniques et européennes ont conclu un récent accord sur le Brexit à la veille de Noël, les échanges entre les deux rives de la Manche risquent de marquer le pas.

L'Allemagne tire la croissance du Vieux continent

Cette tendance encourageante masque de fortes disparités au sein du Vieux continent. En effet, le tableau dressé par le cabinet britannique met en relief des contrastes saisissants. L'Allemagne apparaît clairement comme le moteur de cette reprise avec un indice PMI de 58,3 en fin d'année. Le secteur manufacturier affiche ainsi sa plus forte augmentation depuis trois ans. "La croissance de la production de l'ensemble de la région a en effet largement reposé sur l'essor de la demande en produits allemands, notamment en provenance de l'étranger, et sur la hausse de l'activité qui en a résulté" indique Markit. Le redémarrage de l'activité en Asie et notamment en Chine a boosté les exportations de la première puissance économique européenne. Cette bonne performance de l'Allemagne ne doit pas faire oublier les difficultés de l'industrie outre-Rhin qui souffre notamment de l'affaiblissement du commerce mondial depuis des années, des difficultés de l'industrie automobile (cas avérés de triches aux tests de pollution, hausse des exigences environnementales) et de voisins européens en grave souffrance depuis la propagation du virus sur l'ensemble du continent. L'Allemagne qui a comprimé sa demande intérieure pendant des années a décidé l'année dernière de baisser la TVA sur la consommation. Ce qui pourrait contribuer à réduire légèrement les déséquilibres à l'intérieur de l'Union monétaire.

Dans le classement, les Pays-Bas (58,2) et l'Irlande (57,2) tirent également leur épingle du jeu. En revanche, l'Italie (52,8), la France (51,1) et l'Espagne (51) sont en retrait. L'économie italienne qui enregistrait une croissance atone et une productivité en berne depuis des années a été frappée de plein fouet par la pandémie au printemps. Le nord de l'Italie, poumon économique de la péninsule, a terriblement souffert des fortes contaminations et des mesures drastiques de confinement. En Espagne, le tourisme est à la peine avec toutes les restrictions de déplacement. Ces disparités pourraient creuser encore les déficits extérieurs persistants dans certains pays comme la France, souvent synonymes de désindustrialisation accélérée dans les pays avancés.

Reprise timide pour la France

Les usines redémarrent timidement en France. Après un printemps catastrophique, le second semestre a affiché de biens meilleurs résultats. "Les dernières données PMI mettent en évidence une embellie de la conjoncture dans le secteur manufacturier français après une détérioration en novembre, l'activité des fabricants étant repartie à la hausse en décembre. La conjoncture industrielle s'est améliorée malgré les mesures de confinement strictes imposées sur le territoire pendant la quasi-totalité de la période d'enquête. Ces résultats positifs témoignent d'une plus grande résilience des entreprises manufacturières françaises face aux aléas de la crise sanitaire" explique Eliot Kerr, économiste chez IHS.

La plupart des indicateurs montrent une hausse de la production mais beaucoup de secteurs stratégiques restent meurtris par l'année 2020. L'industrie aéronautique, l'automobile, le tourisme, sont en première ligne dans la récession. La crise risque de laisser des traces profondes pendant de nombreuses années sur ces secteurs au coeur de l'appareil exportateur français. Concernant les perspectives, les annonces du vaccin en fin d'année ont apporté des lueurs d'espoir aux chefs d'entreprise dans les enquêtes d'opinion. Là encore, la faible avancée de la vaccination fin décembre en France au regard de certains autres voisins (Allemagne, Royaume-Uni) pourrait doucher tous ces espoirs.

Grégoire Normand
Commentaires 4
à écrit le 11/01/2021 à 10:21
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Il faut relancer l'industrie 4.0; la robotisation des usines et l'avenir de l'ingenierie en France et en Europe ! Ne pas se laisser depasser par les chinois et les américains. Oui à des processeurs des superordinateurs des robots et des lignes de f...

à écrit le 11/01/2021 à 10:17
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Il faut relancer l'industrie 4.0; la robotisation des usines et l'avenir de l'ingenierie en France et en Europe ! Ne pas se laisser depasser par les chinois et les américains. Oui à des processeurs des superordinateurs des robots et des lignes de f...

à écrit le 07/01/2021 à 5:34
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Il s'agit de l'industrie allemande, et pas du tout europeenne. Ne melangons pas tout.

à écrit le 05/01/2021 à 18:05
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Encore un moteur truqué "Deutsche Qualität"?

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