Si l'Union européenne a été souvent critiquée pour ses lenteurs dans la gestion de la pandémie, il apparait que l'accélération de la campagne de vaccination et la mise en place du plan de relance de 750 milliards d'euros vont avoir des effets positifs meilleurs que prévus sur l'activité dans la zone euro.
La Commission européenne a relevé mercredi ses prévisions de croissance 2021 et 2022 pour les 19 pays qui ont adopté la monnaie unique : après une récession inédite de 6,6% en 2020, l'activité devrait progresser de 4,3% cette année, puis de 4,4% l'an prochain, contre 3,8% estimés en février pour ces deux années. L'économie de la zone euro pourrait retrouver son niveau d'avant-crise d'ici la fin de l'année prochaine, selon la Commission.
Espagne et France en tête
L'Espagne (+5,9%) et la France (+5,7%), particulièrement touchés en 2020, affichent les prévisions de croissance les plus élevés en 2021 dans les estimations de la Commission. La croissance de l'Allemagne (+3,4%) et des Pays-Bas (2,3%), un peu moins affectés l'an passé, est plus modérée.
"Bien que nous ne soyons pas encore tirés d'affaire, les perspectives économiques de l'Europe s'améliorent considérablement", a commenté le vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis. La croissance de la zone euro "sera tirée par la consommation privée, l'investissement et une demande croissante pour les exportations de l'UE de la part d'une économie mondiale qui se renforce", précise la Commission.
Ces bonnes perspectives restent toutefois inférieures à celles des Etats-Unis qui pourraient enregistrer en 2021 une croissance de 7%, le rythme le plus rapide depuis le début des années 1980. Quant à la Chine, elle affiche des chiffres encore meilleurs. L'UE mise sur son plan de relance de 750 milliards d'euros financé par un emprunt commun pour rattraper son retard. Ce plan "contribuera à la reprise et changera véritablement la donne en 2022, lorsqu'il portera les investissements publics à leur niveau le plus élevé depuis plus de dix ans", a promis Valdis Dombrovskis.
Les Etats membres, qui ont soumis leurs projets de relance ces derniers jours à Bruxelles, pourraient recevoir les premiers fonds en juillet.
La dette publique s'envole
Seul point noir, l'épidémie a eu de lourdes conséquences sur les finances publiques. La dette publique des gouvernements, qui dépensent sans compter pour limiter les dégâts liés au virus, s'est profondément creusée. Elle devrait atteindre 102,4% du PIB de la zone euro cette année, puis 100,8% en 2022. Selon les règles budgétaires du Pacte de stabilité - actuellement suspendu à cause de l'épidémie et qui pourrait le rester en 2022 - la dette publique ne doit en principe pas dépasser 60% du PIB. Or, elle est particulièrement élevée en Grèce (208,8% en 2021) et en Italie (159,8%). En France, elle devrait atteindre 117,4% du PIB en 2021, puis 116,4% en 2022.
Toutefois, Paolo Gentiloni, commissaire européen à l'Economie, tient à relativiser : "Sans les mesures politiques décisives prises pour contenir la pandémie et limiter ses retombées économiques, l'impact budgétaire à long terme de la crise serait bien pire".
(Avec AFP)