Gaz : les membres de l'UE pourront faire des achats groupés d'ici à la fin de l'année (Breton)

Les achats communs européens de gaz, visant à contenir les prix cet hiver, seront mis en place « d'ici à la fin du mois », a estimé vendredi le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton. De quoi contenir les prix et ainsi « affronter l'hiver », selon lui. Une déclaration qui intervient alors que l'Europe risque de manquer de gaz pour l'hiver 2023-24, a averti l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
Le prix du gaz européen a atteint un pic dépassant les 320 euros le mégawattheure en août avant de retomber autour de 100 euros le MWh.
Le prix du gaz européen a atteint un pic dépassant les 320 euros le mégawattheure en août avant de retomber autour de 100 euros le MWh. (Crédits : DADO RUVIC)

La facture de gaz ne devrait finalement pas atteindre des sommets grâce à la mise en place « d'achats communs européens ». Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur s'est félicité de ces futurs « achats groupés volontaires », approuvés par le Conseil européen des 20 et 21 octobre, qui permettront « d'affronter l'hiver » en donnant une « capacité plus importante pour négocier avec les fournisseurs ». Cela resterait « volontaire », sauf pour couvrir 15% du volume de remplissage minimal obligatoire des stocks pour l'hiver 2023.

Le commissaire s'est aussi montré toutefois rassurant sur les prix du gaz, désormais « raisonnables ». Le prix du gaz européen a atteint un pic dépassant les 320 euros le mégawattheure en août avant de retomber autour de 100 euros le MWh. « On est à 95% de remplissage de nos cuves stratégiques, bien au-delà du seuil que nous nous étions fixés ».

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« Plafonner les prix du gaz utilisé pour produire de l'électricité »

Outre une mesure d'encadrement du prix de gros dans les transactions de gaz naturel, les dirigeants ont demandé un projet précis de mécanisme « temporaire » pour plafonner les prix du gaz utilisé pour produire de l'électricité -- un dispositif déjà mis en place en Espagne et au Portugal, et dont la France réclamait l'extension à l'ensemble de l'UE. Ils avaient également appelé à accélérer les négociations de l'UE avec des pays producteurs « fiables » comme la Norvège et les Etats-Unis, pour « tirer avantage du poids économique » agrégé de l'UE plutôt que de se faire concurrence sur le marché mondial au risque d'alimenter la fièvre des prix. « On a diversifié nos approvisionnements, on le fait au Qatar, avec la Norvège, beaucoup avec les Etats-Unis. » A propos des prix élevés du gaz naturel liquide (GNL) vendu par les Etats-Unis, le commissaire européen note qu'il « n'est pas normal de payer quatre fois plus cher en Europe ce qui est produit aux Etats-Unis » et assure qu'une réunion doit aborder la question à Washington prochainement.

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ZOOM -  L'Europe pourrait manquer de gaz l'hiver 2023-24 (AIE)

atiui appelle les gouvernements à « agir immédiatement » notamment pour réduire la demande. « Nous sonnons l'alarme auprès des gouvernements européens et de la Commission européenne pour l'an prochain: nous pensons que l'Europe doit prendre des mesures dès maintenant pour éviter les risques d'un manque de gaz en 2023-2024 » a lancé le directeur de l'AIE Fatih Birol. Environ 30 milliards de mètres cubes de gaz pourraient en effet bien manquer en 2023, en cas d'arrêt complet des livraisons venues de Russie mais aussi du fait du rebond économique de la Chine qui viendrait absorber une large part du gaz naturel liquéfié (GNL), selon les calculs de l'Agence, créée par l'OCDE en 1974 pour conseiller les pays en matière énergétique. Les réserves européennes ne seraient alors plus remplies qu'à 65% au début de l'hiver 2023-2024, contre 95% aujourd'hui.

« Le « coussin » fourni par les niveaux de réserve actuels, de même que la baisse récente des prix du gaz et les températures inhabituellement douces, ne devraient pas conduire à des conclusions trop optimistes quant à l'avenir » , met en garde l'AIE, qui souligne qu'à l'été 2023 les conditions géopolitiques et économiques mondiales pour s'approvisionner et remplir les réserves devraient avoir bien changé par rapport à 2022. Avec la détente des prix cet automne et une demande limitée par la météo clémente, « il y a un risque d'excès de confiance qui s'insinue sur le sujet de l'approvisionnement en gaz de l'Europe. Or nous ne sommes en aucun cas au bout de nos peines », souligne le responsable.

Les gouvernements doivent donc « prendre des mesures immédiates pour accélérer dans l'efficacité énergétique, le déploiement des énergies renouvelables, des pompes à chaleur, et tout autre moyen de réduire structurellement la demande de gaz », ajoute l'économiste, qui évoque aussi, « dans certains pays », la prolongation des centrales nucléaires.

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