La BCE devrait encore relever fortement ses taux en février et mars 2023, selon le gouverneur de la Banque de Lettonie

Martin Kazaks, le gouverneur de la banque centrale lettone, a confié à Bloomberg mardi qu’il anticipait de nouvelles remontées significatives des taux de la Banque centrale européenne lors des prochaines réunions qui auront lieu en février et mars. La gardienne de l’euro a monté de 0,5 point de pourcentage ses taux lors de la réunion du 14 décembre. Depuis le printemps, elle a fait passer ses taux de 0% à 2-2,5%.
Martin Kazaks, le gouvernement de la Banque de Lettonie, estime que la BCE n'en a pas fini avec sa politique de hausse de taux.
Martin Kazaks, le gouvernement de la Banque de Lettonie, estime que la BCE n'en a pas fini avec sa politique de hausse de taux. (Crédits : Ints Kalnins)

La période de fin de la hausse des taux n'est pas arrivée. D'après le gouverneur de la banque centrale de Lettonie, Martins Kazaks interrogé mardi par Bloomberg, la Banque centrale européenne (BCE) devrait relever ses taux d'intérêt de manière significative lors de ses deux prochaines réunions de politique monétaire prévues en février et mars.

« Au cours des deux prochaines réunions, je pense que nous pouvons encore faire des pas assez importants (...) Bien sûr, ces pas peuvent devenir plus petits si nécessaire à mesure que nous trouvons le niveau approprié pour ramener l'inflation à 2% », a-t-il déclaré.

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Des gouverneurs aux discours similaires

Les anticipations du gouverneur de la banque centrale lettone peuvent pourtant surprendre. Car la Banque centrale européenne a décidé d'augmenter ses taux directeurs de 50 points de base lors de la dernière réunion des gouverneurs le 15 décembre. Une décision moins agressive qu'en septembre et octobre où elle avait privilégié un relèvement de 75 points de base, et qui laissait penser que la politique de hausse des taux touchait à sa fin. La remontée des taux directeurs a en effet été brutale et rapide. Encore négatif au printemps, le taux de dépôt se situe entre 1,5% à 2% et le taux de refinancement entre 2% et 2,5%, à leur plus haut niveau depuis fin 2008. Malgré ce rallye haussier important les investisseurs s'attendent désormais à ce que les taux atteignent aux alentours de 3,4% l'année prochaine, contre un pic de 2,75% anticipé auparavant. Car la BCE n'a pas encore rattrapé la hausse entamée par sa voisine la Réserve fédérale américaine qui a fait passer ses taux à 4,25% et 4,50% en décembre alors qu'ils étaient négatifs avant mars 2022.

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Le point de vue du gouverneur de la banque centrale lettone fait donc sens avec les actions et les déclarations des principaux représentants de la BCE. Dans un message de voeux adressé vendredi 23 décembre aux Européens inquiets pour leur pouvoir d'achat, la présidente de la Banque centrale européenne Christine Lagarde, a « promis » que l'institution fera « tout son possible » pour combattre l'inflation et y « réussira »,

« Nous augmentons les taux d'intérêt et nous les augmenterons encore, à un rythme soutenu, jusqu'à ce qu'ils soient à un niveau qui assure un retour rapide de l'inflation à notre cible à moyen terme de 2% », a déclaré Christine Lagarde. « Et nous réussirons », a-t-elle ajouté. Le 15 décembre, elle expliquait déjà en conférence de presse que « Il est assez évident que, sur la base des données que nous avons à l'heure actuelle (...), il faut s'attendre à ce que nous augmentions les taux d'intérêt à un rythme de 0,5 point pendant un certain temps »

Isabelle Schnabel, membre du directoire de la Banque centrale européenne, a aussi affirmé que la gardienne de l'euro ne prévoyait pas d'adoucir sa politique début de 2023, dans une interview accordée samedi 24 décembre au journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung. « La question de savoir si nous devons aller encore plus haut dépendra des perspectives d'inflation futures (...) Nous pouvons nous attendre à des réactions de plus en plus fortes et nous devons y résister. C'est exactement pour cela que les banques centrales sont indépendantes», a-t-elle précisé.

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Une inflation encore forte

Cette politique agressive de la BCE n'est menée que pour une seule chose : combattre l'inflation quoiqu'il en coûte. La hausse généralisée des prix est, en effet, palpable depuis le début de la guerre en Ukraine en février dernier. L'inflation dans la zone euro s'est établie à +10% sur un an en novembre. Dans le détail, l'Espagne affiche une inflation à +5,8% en décembre quand elle est de 9,6% en Allemagne. En France, l'inflation pour le mois de novembre était estimée à +6,2%. Mais si tous les pays du Vieux continent constate des baisses de taux d'inflation depuis les pics de cet été, ce n'est pas suffisant aux yeux de la BCE pour changer de politique monétaire.

La politique agressive de la gardienne de l'euro pourrait cependant avoir un effet négatif sur la zone euro. Face à une hausse du coût de la vie provoquée par l'inflation et une baisse de l'accès aux crédits dû à la hausse des taux, l'économie devrait ainsi se contracter sur le trimestre en cours et au premier trimestre 2023, a confirmé la BCE, jeudi 14 décembre. Ainsi, elle prévoit que la croissance du PIB (Produit intérieur brut) atteigne 0,5% en 2023, contre 0,9% prévu en septembre, puis 1,9% en 2024 et 1,8% en 2025. L'Organisme de coopération et de développement économique (OCDE) projette aussi une croissance de 0,6%, en France, en 2023.

(Avec agences)

Commentaires 3
à écrit le 04/01/2023 à 13:28
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La remontée des taux de la BCE est une excellente nouvelle car elle permet de mieux rémunérer l'épargne liquide. L'ère de l'argent gratuit est terminée, elle a été destructrice pendant des années.

à écrit le 04/01/2023 à 10:11
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evidemment que quand on a 10% d'inflation les taux ne doivent pas rester a 3%, avec de l'inflation ' juste et bienveillante car payee par personne' et qui sera ' compensee a l'euro pres avec des cheques finances gratuitement par la BCE pour ceux qui ...

à écrit le 04/01/2023 à 9:28
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Pauvre BCE, qui a attendu sagement que la Fed remonte ses taux, avant de lui emboiter le pas. C'est qu'il n'aurait pas fallu qu'elle le fasse avant, elle se serait démarquée de son mentor américain

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