Inflation : des dissensions au sommet de la BCE sur la hausse des taux directeurs

Au cours de sa dernière réunion, le Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) s'était accordé sur une hausse de ses taux directeurs de 0,75% pour le mois de novembre. Toutefois, une minorité avait jugée cette décision « imprudente », de quoi mettre en lumière de profondes divisions au cœur de l'un des principaux organes décisionnels de la BCE, à quelques semaines seulement de sa prochaine réunion.
Une minorité a exprimé « sa préférence pour une augmentation (...) de 50 points de base », d'après le compte-rendu.
Une minorité a exprimé « sa préférence pour une augmentation (...) de 50 points de base », d'après le compte-rendu. (Crédits : WOLFGANG RATTAY)

Le 27 octobre dernier, les membres du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) ont décidé d'augmenter une nouvelle fois les taux directeurs pour le mois de novembre afin de lutter contre l'inflation galopante dans la zone euro. Déjà, elle y a dépassé les 10% en octobre, soit l'équivalent de cinq fois l'objectif de 2% de la BCE. Or, près d'un mois après cette décision, nous apprenons qu'il ne s'agissait pas d'une décision unanime du Conseil de la BCE, selon le compte-rendu de cette dernière réunion, publié le 24 novembre.

En effet, ce rapport a révélé que les membres de l'institution de Francfort avaient jugé que le risque d'un ancrage de l'inflation justifiait la poursuite de la hausse des taux au-delà du niveau correspondant à une « normalisation » de la politique monétaire. Cette décision, appuyée par une « très large majorité des membres », s'est toutefois attirée les foudres de certains d'entre eux, la jugeant imprudente. Une minorité a exprimé « sa préférence pour une augmentation (...) de 50 points de base », d'après le compte-rendu.

Selon eux, « un rythme de resserrement trop agressif pourrait avoir des répercussions sur la stabilité financière, l'activité économique et, en fin de compte, l'inflation », révèle le document. Ce motif met ainsi en lumière l'éternel débat autour de la hausse des taux, à savoir si cette mesure peut réellement faire baisser l'inflation, dans un contexte économique déjà extrêmement tendu.

Une hausse des taux plus modérée pour décembre

Or, le document publié le 24 novembre par la BCE assure que ces mesures vont se poursuivre, notamment les hausses des taux, bien qu'une « récession technique » (recul de l'activité économique pendant deux trimestres consécutifs) se profile comme le « scénario de référence » en zone euro.

Et si cette récession s'annonce « peu profonde », les membres du Conseil des gouverneurs de la BCE craignent qu'elle soit « peu susceptible de contenir l'inflation » actuelle, voire que la situation s'enracine sur le long terme. En effet, le compte-rendu de la réunion d'octobre montre « quelques signes timides indiquant que les craintes d'une récession plus grave se multiplient, du moins chez certains membres de la BCE », indique Carsten Brzeski, économiste chez ING, multinationale de services bancaires et financiers.

« Cette note de prudence combinée à des anticipations d'inflation à long terme toujours proches de 2% pourrait permettre à la BCE d'avancer au moins vers une pause dans son cycle de hausse des taux prochainement », précise-t-il.

Une prévision confirmée par le Conseil lui-même, affirmant qu'une interruption pourrait être « souhaitable en cas de récession prolongée et marquée ». Ainsi, si la BCE augmente ses taux directeurs de 50 points de base en décembre comme le prévoient les marchés, cela lui permettrait sûrement de s'aligner avec la Réserve fédérale américaine (Fed). En effet, aux Etats-Unis, la plupart des membres du Comité monétaire de la Fed considèrent qu'un ralentissement des hausses de taux sera « bientôt opportun », selon le compte-rendu de la dernière réunion de l'organisme.

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Les Bourses européennes saluent l'annonce de la BCE

A la suite de la publication du compte-rendu, les principales Bourses européennes ont clôturé dans le vert, misant sur le fait que la BCE pourrait bientôt ralentir le rythme de la remontée de ses taux. La Bourse de Paris a notamment fermé au-dessus des 6.700 points pour la première fois depuis avril.

Ce vendredi 25 novembre, les Bourses ont ouvert autour de l'équilibre. A Paris, le CAC 40 prenait 0,05%, le FTSE londonien a grimpé de 0,09% et le Dax de Francfort a pris 0,06% dans les premiers échanges. De manière générale, l'indice EuroStoxx 50 (indice boursier des actions de la zone euro) a déjà progressé de 0,29% et le FTSEurofirst 300 de 0,15%, alors qu'ils clôturaient tous les deux à +0,43% en fin de soirée jeudi.

(Avec agences)

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