Le SNP se distancie de ses alliés catalans au Parlement européen

Exclusif. Associé à différents élus séparatistes comme les Catalans au Parlement européen, le Parti national écossais envisage de sortir de son groupe politique pour ne pas hypothéquer la demande de l’Écosse rester dans l’UE. Un article de notre partenaire Euractiv.
Après le référendum du 23 juin, la Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, a confirmé que le Brexit remettait à l'ordre du jour la question de l'indépendance écossaise.

En Écosse, le vote pro-européen a largement dominé le référendum sur l'UE, avec 62% en faveur du "Remain" contre seulement 38% pour le "Leave". Les 32 circonscriptions écossaises se sont toutes exprimées en faveur de l'UE. Une unité qui n'a cependant pas fait le poids face au vote anti-UE de l'Angleterre et du pays de Galles.

Au Parlement européen, les deux élus du Parti national écossais (SNP) font partie du groupe des Verts/ALE, qui fédère également des partis favorables à l'indépendance de la Catalogne, de la Galice, de la Corse et du Pays basque.

Sortir du groupe de Verts

Le SNP envisage toutefois de sortir du groupe, sacrifiant ainsi des financements et du temps de parole, afin de ne pas se retrouver empêtré dans la question de l'indépendance catalane. L'exemple écossais est en effet observé attentivement par ceux qui espèrent qu'Édimbourg établira un précédent pour leur région indépendantiste.

« Le SNP ne veut pas marquer de précédent. Chaque situation doit être examinée individuellement et nous ne voulons pas prendre le risque que des inquiétudes externes compliquent notre situation », a expliqué une source à EurActiv. « Nous envisageons donc de quitter l'ALE. Cette discussion doit être uniquement concentrée sur l'Écosse. »

La situation de l'Écosse est en effet très différente, puisqu'elle deviendrait indépendante justement pour rester dans l'UE. Une telle décision ne remettrait pas en cause l'existence des Verts/ALE, qui compterait toujours assez de nationalités pour conserver son groupe officiel au Parlement.

>> Lire : Le Parlement européen refuse de laisser tomber l'Écosse

Une situation inédite

Après le référendum du 23 juin, la Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, a confirmé que le Brexit remettait à l'ordre du jour la question de l'indépendance écossaise. Lors du référendum de 2014, les Écossais avaient choisi de ne pas quitter le Royaume-Uni, notamment pour être assurés de pouvoir rester dans l'UE. La situation est à présent complètement inversée.

Il est en général considéré qu'une Écosse indépendante devrait repasser pas la procédure d'adhésion avant de pouvoir entrer dans l'UE. Il pourrait pourtant exister un moyen de faire hériter la nation de l'adhésion européenne sans qu'elle doive se séparer du Royaume-Uni.

Des représentants européens ont en effet sous-entendu que si Londres et Édimbourg s'accordaient sur la question, l'Écosse pourrait rester dans le bloc malgré le Brexit. Ils soulignent cependant qu'il s'agit avant tout d'une question à régler en interne au Royaume-Uni.

>> Lire : L'Écosse envisage un nouveau référendum d'indépendance en cas de Brexit

Nicola Sturgeon s'est rendue à Bruxelles pour rencontrer le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et le président du Parlement européen, Martin Schulz. Une occasion dont les personnalités politiques indépendantistes d'autres régions de l'UE ont profité pour appeler à un « élargissement interne » de l'UE, c'est-à-dire à l'accession automatique à l'Union des régions qui deviendraient indépendantes.

Les partisans d'une indépendance catalane ont de leur côté promis de se séparer de l'Espagne s'ils remportaient une majorité absolue de sièges lors des élections espagnoles, ce qu'ils n'ont pas obtenu.

En 2014, le gouvernement catalan a même publié un rapport assurant que la région pourrait tout à fait devenir indépendante et rester dans le bloc. L'UE a donc été forcée de souligner qu'une Catalogne indépendante devrait quitter l'Union et faire une demande d'adhésion.

Malgré les différences flagrantes entre les deux situations, l'Espagne s'est opposée aux discussions avec le gouvernement écossais, de crainte que cela n'alimente le sentiment indépendantiste. Théoriquement, Madrid pourrait opposer son véto à l'accession de l'Écosse à l'UE.

>> Lire : Rajoy douche les espoirs européens de l'Écosse

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CONTEXTE

Ces dernières années, le sentiment indépendantiste a pris le dessus en Catalogne, avivé par les désaccords de Barcelone avec le gouvernement conservateur au pouvoir (PP) et le marasme économique qui secoue l'Espagne et a engendré le chômage d'une personne sur quatre, malgré une lente reprise ces derniers mois.

Lors d'un référendum symbolique sur l'indépendance en novembre 2014, jugé inconstitutionnel par la Cour suprême espagnole, seuls 1,9 million d'électeurs sur 6,3 millions ont voté en faveur d'une sécession.

En Écosse, après un référendum contre l'indépendance en 2014, la question se pose à nouveau. Le Brexit a en effet causé une crise constitutionnelle au Royaume-Uni.

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Par James Crisp, traduit par Manon Flausch.

(Article publié le 6 juillet 2016)

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