La question de la vieillesse est revenue au centre des débats en Allemagne. Le média Deutsche Welle a relayé récemment des chiffres d'Eurostat qui indiquent que le nombre de personnes âgées vivant dans la pauvreté aurait augmenté de 25% en 10 ans. Plus de 5,6 millions de résidents de plus de 55 ans vivraient dans la pauvreté ou seraient en risque d'exclusion sociale. Il y a 10 ans, ils étaient "seulement" 4,5 millions.
La pauvreté chez les personnes de plus de 55 ans en Allemagne
Il existe plusieurs approches pour mesurer la pauvreté. En valeur relative, le taux de de pauvreté qui se définit comme la part des personnes ayant un revenu disponible (après transferts sociaux) inférieur au seuil de pauvreté, fixé à 60 % du revenu médian du pays, a augmenté de plus de deux points en Allemagne pour les plus de 55 ans. Il est passé de 18,3 % à 20,7 % de cette catégorie de population entre 2005 et 2014 (dernière donnée disponible).
A l'inverse, la France a connu une situation plus favorable pour les personnes âgées de plus de 55 ans. Le taux de pauvreté chez ces personnes est passé de 21 % à 14,6 % sur la même période. Du côté de l'Union européenne, le taux moyen a également évolué de manière positive même s'il peut masquer des disparités.
En valeur absolue, les données Eurostat illustrent encore plus l'accroissement de l'écart entre la France et l'Allemagne sur le plan de la pauvreté chez les personnes âgées de plus de 55 ans. 4,5 millions de personnes étaient concernées par ce phénomène en 2005 contre plus de 5,5 millions en 2014 outre-Rhin. En France, la population âgée de plus de 55 ans et concernée par la pauvreté est passée de 3,4 millions à 2,8 millions.
Des facteurs d'explication multiples
L'augmentation de la pauvreté chez les personnes âgées en Allemagne n'est pas un phénomène récent. L'une des explications fréquemment rencontrée est que la réforme des retraites lancée en 2005 par le chancelier Gerhard Schröder, pour tenter de sauver le système par répartition a engendré une baisse continue du niveau des retraites.
Si à première vue, l'Allemagne a mieux géré son système de retraite du point de vue de l'équilibre financier, cette réalité masque des effets plus graves. L'OCDE qui a consacré un rapport sur les pensions de retraite en 2015, indique bien que la proportion des retraités en situation de pauvreté est bien moins élevée chez nous que chez nos voisins.
Et la situation ne devrait pas s'arranger à Berlin. Le taux de remplacement, c'est à dire le niveau des pensions en proportion du dernier salaire devrait continuer à baisser. Pour compenser la baisse des retraites publiques, les retraités peuvent avoir recours à un système privé favorisé par la réforme Riester en 2001. Mais selon un document du Conseil d'orientation des retraites, seulement 40 % de la population active aurait souscrit à un tel système sachant qu'il est facultatif. Une grande partie des personnes qui vont arriver à la retraite devrait donc être plus facilement exposée au phénomène de pauvreté dans les années à venir.