Rentrée politique difficile pour une Angela Merkel de moins en moins populaire

Alors que la CDU pourrait subir une défaite historique dans le Land de la chancelière dimanche, cette dernière voit sa popularité reculer à son plus bas niveau depuis cinq ans. Mais Angela Merkel pourrait ne pas renoncer à briguer un quatrième mandat.
Angela Merkel pourrait subir un grave revers dimanche en Mecklembourg Poméranie Occidentale, son Land.

La popularité d'Angela Merkel est désormais au plus bas en Allemagne. Selon le sondage Deutschlandtrend réalisé par l'institut Infratest Dimap pour Die Welt et ARD, la   chancelière n'est plus classée que sixième en termes de taux de satisfaction parmi les politiques allemands avec 45 %. C'est 30 points de moins que le ministre social-démocrate des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, 20 points de moins que le ministre des Finances Wolfgang Schäuble et 11 points de moins que le ministre-président de Bade-Wurtemberg vert Winfried Kretschmann. Il faut remonter à août 2011 pour retrouver un taux de satisfaction aussi bas pour la chancelière. Selon ce même sondage, une majorité d'Allemands (51 %) s'opposerait à une candidature d'Angela Merkel à sa propre succession, contre 46 % qui y sont favorables.

Ce sondage est évidemment inquiétant pour la chancelière, alors que s'ouvre un mois de septembre marqué par deux élections régionales à Berlin le 18 septembre et en Mecklembourg-Poméranie Occidentale ce 4 septembre. Ce dernier scrutin est assez symbolique, car même s'il s'agit un Land peu peuplé, c'est aussi le Land d'origine de la chancelière, celui où elle dispose de sa circonscription. Or, dans cette région de l'ancienne RDA, le parti de la chancelière, la CDU, peut craindre le pire. Un sondage du 31 août plaçait en effet la CDU en troisième position, avec 20 %, derrière le parti xénophobe et eurosceptique Alternative für Deutschland (AfD), donné à 23 %. Durant la campagne électorale, les slogans opposés à la chancelière ont souvent accompagné les déplacements d'Angela Merkel.

L'AfD pourrait confirmer son ancrage dans le paysage politique

La chancelière est certes encore loin d'être réellement impopulaire, mais elle a clairement perdu l'aura dont elle a bénéficié entre 2010 et 2015. Une partie de son électorat conservateur se détourne d'elle et semble de plus en plus attirée par AfD. Le rejet de la politique migratoire de la chancelière est le premier moteur de ce phénomène, mais ce n'est pas le seul et l'on peut constater qu'AfD s'implante fortement dans les régions économiquement faibles où les emplois sont moins rémunérateurs et plus précaires et où l'industrie est peu présente. C'est le cas en Mecklembourg comme en Saxe-Anhalt où, le 16 mars, AfD s'était classée deuxième avec 24,3 % des voix et avait montré un ancrage local fort puisqu'elle était arrivée en tête dans 15 des 43 circonscriptions du Land. Dans l'ex-RDA, AfD ne profite pas seulement du recul de la CDU, mais prend aussi des voix à la gauche, notamment à Die Linke.

Si AfD réussit à réaliser un score élevé ce dimanche, elle confirmera ce phénomène. Ce sera la preuve qu'elle est sur le point de réussir son ancrage dans la vie politique allemande, alors même que le parti est fortement instable et régulièrement miné par des querelles internes, dont la dernière, au printemps dernier, a provoqué une scission régionale en Bade-Wurtemberg. Les électeurs en semblent peu soucieux et utilisent désormais le vote AfD comme un vote de rejet contre Angela Merkel et la grande coalition qu'elle dirige avec les Sociaux-démocrates. Au niveau national, selon Infratest Dimap, AfD bénéficierait de 14 % d'intentions de vote, revenant à son niveau de juin, avant sa crise interne.

Les raisons de la grogne

Comment expliquer ce rejet d'Angela Merkel alors que les arrivées de migrants ont été stoppées depuis que l'Autriche a fermé sa frontière en février ? D'abord parce que l'Allemagne a néanmoins accueilli plus d'un million de migrants et qu'une partie de la population s'en inquiète et le rejette. Un sentiment que les attentats de juin ont renforcé, même si le plus sanglant, celui de Munich, a été réalisé par un homme inspiré par l'extrême-droite. Ensuite parce qu'Angela Merkel n'a pas changé son discours d'ouverture des frontières, ce qui conduit beaucoup d'Allemands à redouter une reprise du flux migratoire. A cela s'ajoute un sentiment de manque de maîtrise de la situation qui s'incarne dans la politique allemande vis-à-vis d'une Turquie en pleine dérive autoritaire, mais que Berlin doit ménager pour « sauver » l'accord sur la migration. Beaucoup d'Allemands ont du mal à accepter cette situation de dépendance vis-à-vis d'Ankara et les concessions faites par le gouvernement fédéral. Selon le Spiegel, le gouvernement souhaiterait par exemple se distancier de la reconnaissance par le Bundestag du génocide arménien pour ménager la Turquie.

La montée de l'AfD, un triple défi pour la chancelière

Pour Angela Merkel, l'émergence d'un parti fort à la droite de l'union CDU/CSU pour la première fois dans l'existence de la République fédérale est un triple défi. D'abord, parce qu'elle affaiblit la CSU/CDU. En un an, son score dans le sondage Infratest Dimap a reculé de 42 % à 33 % des intentions de vote. Ensuite, parce que, face au danger qu'elle créé, elle attise les tensions internes au centre-droit allemand, notamment entre la CDU et la CSU. Enfin, parce que, avec un probable Bundestag à sept partis après les élections de septembre 2017, la capacité de construction d'une majorité parlementaire s'annonce plus difficile.

Angela Merkel renoncera-t-elle ?

Pour autant, la chancelière renoncera-t-elle à son ambition de briguer l'an prochain à un quatrième mandat ? Rien n'est moins sûr. Dans une interview à RTL ce vendredi 2 septembre, elle a sous-entendu que sa candidature dépendra de sa reconduction à la tête de la CDU lors du congrès de décembre, ce qui est évident. Or - et c'est encore la grande force de la chancelière -, les alternatives à sa personne sont peu nombreuses dans le parti. Seul Wolfgang Schäuble serait en mesure de lui contester la direction de la CDU, mais, officiellement, il nie cette ambition. Le pari d'Angela Merkel pourrait alors être le suivant : maintenir un discours d'ouverture vis-à-vis des migrants pour renforcer et élargir ses positions au centre tout en s'assurant que le flux de migrants ne reprenne pas pour contenter sa droite.

Angela Merkel, cible de ses alliés

Ce pari sera difficile à tenir, car la CSU bavaroise et la SPD social-démocrate jouent désormais la carte de la différenciation. La CSU, critique régulière de la politique migratoire d'Angela Merkel, évoque régulièrement une candidature indépendante de la CDU et entend du moins poser ses conditions. Son président, le ministre-président bavarois Horst Seehofer, entend peser lourd dans la campagne et dans le programme de l'union CDU/CSU. Le contenter pendant la campagne, mais aussi après l'élection sera une gageure pour Angela Merkel. De plus en plus, la CSU n'est plus un allié sûr pour la chancelière. Quant à la SPD, elle est clairement entrée dans une certaine forme d'opposition. L'annonce par Sigmar Gabriel, le président de la SPD et vice-chancelier, de sa volonté d'abandonner les négociations sur le traité transatlantique de libre-échange a ainsi été suivie d'un démenti de la chancelière. Dans une interview plus récente, Sigmar Gabriel a accusé la CDU d'avoir commis une « faute » dans sa politique migratoire. Les couteaux sont donc tirés. La chancelière est donc désormais - et c'est une nouveauté - l'objet d'un faisceau convergent de critiques venant de ses propres alliés.

La question de la future coalition

Reste une dernière question qui sera décisive pour déterminer Angela Merkel à briguer un nouveau mandat : celle de la coalition d'après les élections de l'an prochain. Compte tenu de l'éclatement politique au Bundestag, ce ne sera pas simple. La reconduction de la grande coalition n'est pas impossible, mais elle est peu probable compte tenu de son échec politique et du rejet tant par la SPD que par la CDU/CSU de cette option. Mais alors ? Angela Merkel semble vouloir se rapprocher des Verts dont un des dirigeants, le très centriste Winfried Kretschmann, favorable à une alliance avec la CDU, est fort populaire. Mais la CSU, qui devrait sortir renforcer du scrutin de 2017, acceptera-t-elle une alliance si favorable à l'ouverture des frontières ? Au surplus, cette coalition a peu de chance de disposer d'une majorité. Il faudra ajouter un allié supplémentaire, sans doute la FDP libérale, mais ceci complique encore l'équation. Si la CDU/CSU demeure la force dominante de la politique allemande, l'arithmétique parlementaire de l'après septembre 2017 semble très complexe. L'élection présidentielle du 12 février prochain pourrait être une répétition générale pour ces négociations futures. Pourtant, cette complexité est une chance pour Angela Merkel : elle seule semble en mesure de pouvoir construire une majorité parlementaire. Il n'est pas certain que Wolfgang Schäuble y parvienne, même avec sa popularité. Malgré tout, la chancelière demeure la meilleure garantie pour la CDU de son maintien au pouvoir.

Commentaires 12
à écrit le 05/09/2016 à 11:03
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Un texte écrit sans faute et lourdeur, serait agréable, et exigible de la part de la tribune: - répétition:"La CSU, critique régulière de la politique migratoire d'Angela Merkel, évoque régulièrement une candidature indépendante de la CDU et entend ...

à écrit le 03/09/2016 à 9:49
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Le plus inquietant dans cet article, c'est le taux de popularite de Schauble.

le 04/09/2016 à 9:41
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Pourquoi ? Schaüble est à juste titre considéré comme l'un des artisans principaux du nouveau miracle économique allemand, avec Peter Hartz. Il a l'image de quelqu'un de rigoureux et de sérieux qui travaille au mieux dans l'intérêt général, non seule...

à écrit le 02/09/2016 à 19:30
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"même si le plus sanglant, celui de Munich, a été réalisé par un homme inspiré par l'extrême-droite." Merci de le préciser, je crois bien que c'est la seule fois que je le lis dans un média. Ensuite le chômage a baissé en Allemagne c'est un f...

le 03/09/2016 à 9:44
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Le seul et unique motif de la désaffection de Merkel et de la montée de formations droitières comme AfD est l'accueil massif de migrants très peu intégrables. Le choix de Merkel en la matière était un non-sens. ce qu'il fallait faire, c'était des cam...

le 03/09/2016 à 11:25
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Votre obsession n'est pas l'avis général, je ne pense pas comme vous, la plupart des mes amis non plus, une seule partie de ma famille oui le pense. Ne faites donc pas des généralités de ce que vous pensez et vous savez j'ignore la plupart du tem...

le 03/09/2016 à 12:36
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@ Réponse de Citoyen blasé: vous n'avez pas le monopole de la "bonne pensée". Ce que dit bruno_bd est parfaitement sensé et partagé par nombre de Français. Maintenant quant à ignorer des commentaires, vous êtes libre, comme tout un chacun est jusqu'à...

le 03/09/2016 à 20:21
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à nvb: Où sont passés vos arguments à vous aussi je vous prie ? C'est un forum de débat ou bien un forum ou chacun expulse ses ressentiments aveuglément ? Non mais on croit rêver. Je fais l’effort de développer chacun de mes commentaires ...

le 04/09/2016 à 9:36
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@Citoyenblasé : Les sondages fournissent la clé, ce sont les formations opposées à cet accueil (AfD) et les personnalités plus conservatrices que Merkel (Schaüble) et réservées sur cet accueil qui progressent. Et non Verts, SPD ou die Linke. C'est u...

le 05/09/2016 à 9:38
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à Bruno_bd Vous ne me lisez pas, vous ne faites que prêcher votre messe, quel est l'intérêt de débattre avec quelqu'un qui ne vous écoute pas qui ne fait que déblatérer son dogme ? Vous vouliez seulement infantilement parler en dernier ? Vous...

à écrit le 02/09/2016 à 18:38
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Elle a de la chance au bout de 4 mandats de ne pas être plus usée que cela. J'en connais un qui au bout de quelques mois seulement disparaissait des radars !! Il serait temps qu'elle pense à sa succession et qu'en Allemagne (comme en France d'ailleur...

à écrit le 02/09/2016 à 18:23
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elle a fonce tout droit dans le piege de ses allies SPD, qui sont desormais lews premiers a lui tirer dessus en expliquant qu'elle ne gere pas la situation pour le reste, les allemands sont........ furieux! allez devant votre Edeka ou votre Lidl, v...

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