Comme il l'avait clairement dit à l'issue de la dernière assemblée et comme on pouvait s'y attendre : Guy Wyser-Pratte n'a pas dit son dernier dans le dossier Electricité et Eaux de Madagascar (EEM). Il vient ainsi d'envoyer un courrier à l'AMF enjoignant François Gontier, le président de cette société d'investissements de lancer une offre publique d'achat obligatoire. Et ce, au motif qu'il aurait, avec plusieurs de ses sociétés holdings (dont Verneuil Participations) et différentes personnes (dont Frédéric Doulcet , son associé), environ 36% du capital et des droits de vote d'EEM. Participation globale résultant d'une action de concert. Or, il est établi à ce jour que tout investisseur détenant seul ou de concert avec d'autres actionnaires plus de 30% du capital et/ou des droits de vote d'une société cotée, doit impérativement lancer une OPA sur ladite société.

L'action de concert, très difficile à démontrer

Après avoir échoué au printemps dernier à prendre le contrôle d'EEM lors de l'AG et d'en obtenir la présidence, Guy Wyser-Pratte attaque donc sur un autre front. Cette nouvelle pierre dans le jardin de François Gontier, son ex-associé avec lequel il avait fait de belles affaires dans les années 90 avant de se fâcher tout rouge avec lui, ne devrait pas rester lettre morte. Il sera toutefois très difficile pour l'investisseur américain et ses avocats de prouver l'action de concert. Selon les règles en vigueur en France, cette situation est essentiellement déclarative et il est rare qu'en cas de litige, les soupçons de concert soient avérés. Seul le cas Eiffage/Sacyr fait jurisprudence. Face à la tentative d'OPA rampante de l'espagnol Sacyr Vallehermoso, l'AMF a effectivement conclu, en 2007, à une action de concert entre les différents actionnaires espagnols venus s'inviter au capital du groupe de BTP français. Et ce, au grand dam de ces derniers qui contestaient les faits.

Le titre EEM a gagné près de 100% en trois ans

Les défenseurs de Guy Wyser-Pratte devront donc faire preuve de beaucoup de finesse, d'autant que du côté de Verneuil Finance et François Gontier, on ne l'entend pas de cette oreille, contestant toute action de concert. De son côté, François Gontier a d'ailleurs porté plainte contre Guy Wyser-Pratte pour délit d'initiés et ce, au motif que l'investisseur américain aurait acheté des titres EEM peu de temps avant l'annonce de la vente d'hôtels au Vietnam, cession qui a permis à la société de dégager une très belle plus value et qui a été dignement saluée en Bourse. Il faut dire qu'en rachetant EEM à son précédent propriétaire, Jean-François Hénin, surnommé le « Mozart de la finance », dont les financiers se souviennent encore de ses nombreux « coups », notamment au sein d'Altus Finance, François Gontier a trouvé dans la corbeille de mariée de très beaux actifs. Et plus particulièrement ce patrimoine logé au Vietnam.
Le titre EEM ne fait pas beaucoup d'étincelles depuis le début de l'année. Il perd près de 9% alors que sur trois mois, le recul atteint près de 15%. Sur un an, l'action demeure toutefois dans le vert avec un gain de 14,5%. Sur trois ans, l'avance est bien plus nette avec un bond en avant de... 93,5% ! Performance qui doit faire bien des envieux au regard des mésaventures boursières de la plupart des entreprises cotées depuis l'irruption de la crise des subprimes en 2007...