Le LBO se prépare à des mois difficiles, d'après Barclays Private Equity

Malgré une conjoncture difficile, les opérations de LBO devraient rester stables en 2008, mais les perspectives sont plus sombres en 2009, d'après Barclays Private Equity. Mais le secteur est entré dans une période de sobriété où les opérations géantes n'ont plus cours.

"Le 31 décembre 2008, ce sera la fin d'une année particulière", affirme Gonzague de Blignière, le président de Barclays Private Equity France. Une année que de nombreux financiers n'hésitent pas à qualifier de "noire". Cependant, dans le capital-investissement, le bilan est moins sombre. Pour Gonzague de Blignière, "en Europe, les portefeuilles (des fonds de private equity, de capital-investissement ndlr) vont avoir un résultat 2008 inchangé" et un résultat 2009 "retravaillé". Une manière de dire que les performances des fonds l'an prochain ne sont pas à l'abri d'un repli.

Déjà pour le deuxième semestre 2008, Barclays Private Equity relève une difficulté "aigue" à lever de la dette pour les opérations de taille significative, en raison de la sortie du marché des banques américaines et anglo-saxonnes.

Pour le quatrième trimestre, le fonds anticipe une généralisation du resserrement du crédit (credit crunch) dans les économies des pays industrialisés. Un phénomène ayant pour conséquence un ralentissement du rythme de l'activité de LBO (leveraged buyout), ces opérations de rachat par effet de levier essentiellement financées par l'endettement.

Quasi disparition des "jumbodeals"

Cette tendance a déjà commencée à apparaître au premier semestre. Sur les six premiers mois de l'année, Barclays a réalisé un nombre d'opérations plus important que l'année dernière: 145 au premier semestre 2008, contre 140 un an auparavant et 131 entre juillet et décembre 2007. Mais ce chiffre flatteur masque une réalité moins florissante: avec 3,734 milliards d'euros investis, le volume des opérations du premier semestre 2008 est inférieur de 32% à celui de 2007 à la même période.

Pour Barclays Private Equity, deux phénomènes expliquent cette situation. D'abord, on assiste à une raréfaction, voire une disparition, des "jumbodeals" des années 2006-2007, tandis que les deals de petites tailles sont en forte hausse. A titre de comparaison, les plus grosses opérations réalisées par le fonds cette année concernent Converteam et Cegelec, avec respectivement 2 milliards et 1,8 milliards d'euros levés. En 2006, Barclays Private Equity avait réalisé des opérations à 6,1 et 4,9 milliards d'euros avec PagesJaunes et TDF.

Sur le segment des opérations à plus de 200 millions d'euros, dit "big market", le volume d'activité moyen par semestre enregistré sur les six premiers mois de l'année 2008 est revenu à son niveau d'il y a cinq ans chez Barclays Private Equity. Mais le groupe précise qu'il équivaut tout de même encore celui l'ensemble de l'année 2000, preuve de la forte croissance du secteur ces dernières années.

Une autre explication apparaît avec l'augmentation des opérations de leveraged build-up (LBU), soit plusieurs acquisitions financées par l'endettement et menée par une entreprise reprise en LBO. Ces opérations ont pour objectif de créer des synergies afin de créer un modèle d'activité plus rentable pour l'entreprise acheteuse.

Des fonds souverains prêts à investir

Cette prépondérance des LBU s'explique par le fait que les fonds d'investissement se concentrent désormais sur leur portefeuille et travaillent à la création de valeur. D'après Stanislas Gaillard, directeur chez Barclays Private Equity, la croissance des LBU est "exponentielle depuis 18 mois". Au premier semestre 2008, elle a atteint le taux record de 30% de l'ensemble des opérations du fonds.

La situation du LBO en France ne diffère pas de ce qui se passe dans le reste de l'Europe. Partout, les spécialistes du secteur ont subi une forte décroissance des volumes de transaction sur la première partie de l'année 2008. Le niveau de dette moyen des opérations a également fortement diminué, passant de 52,7% à 44,4%.

Cependant, Barclays Private Equity reste plutôt confiant pour 2009. Pour Gonzague de Blignière, il y a encore "beaucoup de fonds avec beaucoup d'argent à investir" et les investisseurs sont encore là, notamment les gros fonds souverains, dont certains sont "prêts à augmenter leur programme".
 

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