"2010 sera l'année de l'expansion" de Bank of America

Jonathan Moulds, président "Europe, Moyen-Orient et Afrique" de Bank of America-Merrill Lynch, explique sa stratégie à La Tribune.

La Tribune - Comment voyez-vous évoluer vos métiers cette année ?

Jonathan Moulds - Nous nous attendons à une bonne activité sur les marchés de capitaux, avec le développement d'émissions obligataires et une reprise des introductions en Bourse. Nous avons réalisé un mois de janvier déjà très actif et notre "pipeline" est important. Sur ce point, le premier trimestre devrait être très bon. Les activités de trading continueront à être importantes mais nous ne prévoyons pas encore un bond des fusions-acquisitions. Enfin, nous pensons que les conditions actuelles sur les marchés du crédit offrent de réelles opportunités pour les activités de trading et de vente d'instruments à taux fixe et de gestion des risques. L'acquisition de Merrill Lynch il y a un an nous a clairement apporté beaucoup de valeur aux Etats-Unis mais aussi à l'international, car nous avons pu combiner nos expertises et élargir notre portefeuille de produits et de services.

Les activités dans les cartes de crédit sont déficitaires au quatrième trimestre. Cela vous inquiète-t-il ?

C'est un défi pour toute l'industrie. Tout l'enjeu aujourd'hui est de se concentrer sur la réduction progressive du risque. Il faut aussi évaluer le juste niveau des provisions. Nous cherchons activement à accroître la proximité et le dialogue avec nos clients afin d'évaluer le risque au plus près et le gérer efficacement. Nous pensons que cela contribuera à stabiliser le coût du risque, et que les revenus commenceront à augmenter.

Quelle est votre stratégie de développement à l'international ?

Un des objectifs de Bank of America dans le rachat de Merrill Lynch était le développement à l'international. Dans un avenir proche, les revenus réalisés hors des Etats-Unis représenteront une part de plus en plus importante du chiffre d'affaires total du groupe. A titre d'exemple, dans les activités de marchés environ un tiers des revenus proviennent de l'international et nous visons les 50% d'ici quelques années. En Europe, le Moyen Orient et l'Afrique nous pensons que nous sommes bien positionnés pour étendre notre offre de produits et de services et ainsi répondre à tous les besoins de nos clients. Dans la gestion de fortune, nous allons pouvoir offrir des produits communs à tous nos clients. Bien entendu, l'international ne concerne pas uniquement l'Europe mais aussi des régions comme l'Amérique latine ou l'Asie. Nous souhaitons aussi nous renforcer largement dans le Golfe, notamment en Arabie saoudite et à Abou Dhabi, et développer nos activités en Russie et en Afrique du Sud.

Comment se passe l'intégration entre les équipes de Merrill Lynch et de Bank of América ?

La question d'une éventuelle différence de culture est un non sujet. Il y a un an, beaucoup de collaborateurs se sont interrogés sur ce qu'allait être cette nouvelle banque. Plus personne ne se pose la question aujourd'hui. D'ailleurs, un certain nombre de salariés qui nous ont quitté il y a un an sont revenus nous voir fin 2009, dans le but de réintégrer le groupe. Sur le plan opérationnel, l'intégration de l'interface client a été faite. Nous sommes actuellement concentrés sur les infrastructures, les modes opératoires, les fonctions supports et les systèmes informatiques. Dans les deux ans à venir, nous harmoniserons les entités juridiques de Bank of America et Merrill Lynch. Nos effectifs vont croître de manière opportuniste dans le courant de l'année. D'ailleurs, nous sommes toujours prêts à discuter avec des gens de talent. Nous développerons les équipes de vente et de distribution dans le trading et la gestion de patrimoine, mais aussi dans la banque d'affaires. Nous comptons aujourd'hui environ 14.000 salariés en Europe dont 5.000 dans le segment des cartes de crédits chez MBNA. Les choses vont changer cette année : si 2009 a été l'année de la consolidation, 2010 sera l'année de notre expansion.

Que pensez-vous des décisions politiques récentes concernant le secteur bancaire ?

Sur les places financières occidentales, se crée un environnement difficile pour les banques, qu'il s'agisse de la taxe sur les bonus au Royaume-Uni et en France, ou des dernières annonces du président Obama. Certes, après la crise, la régulation doit évoluer. Mais toutes les parties prenantes doivent avancer avec prudence et se rendre compte qu'un climat d'instabilité peut inciter certaines institutions à réévaluer leurs projets à long terme dans ces régions.

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