A Wall Street, les salaires et les bonus à un niveau record

Redoutant le départ de leurs meilleurs éléments, certaines sociétés préfèrent licencier plutôt que de réduire les bonus.
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Voilà un chiffre qui ne devrait pas contribuer à renforcer la cote d'amour de Wall Street. Alors que les Etats-Unis s'enlisent dans le chômage, les salaires et bonus dans la finance devraient atteindre un niveau record de 144 milliards de dollars cette année. C'est 4% de plus que l'an passé, selon le baromètre annuel réalisé par le Wall Street Journal auprès de 35 des plus grands établissements financiers américains. Ces derniers vont ainsi consacrer 32,1% de leur chiffre d'affaires - qui devrait progresser de 3%, à 488 milliards de dollars - pour rémunérer leurs employés.

Crise financière ou pas, Wall Street n'a donc pas mis un frein à la croissance des salaires et des bonus. Notamment parce que la corrélation entre bénéfice et rémunération ne résiste pas à l'épreuve des faits. En 2006, les 35 firmes étudiées avaient dégagé 82 milliards de dollars de profits. Elles ne devraient en engranger que 61 milliards cette année. Mais dans le même temps, leur masse salariale a grimpé de 23%.

"Beaucoup de sociétés expliquent qu'elles risquent de perdre leurs meilleurs éléments si elles ne leur offrent pas des niveaux de rémunérations suffisants", rapporte le Wall Street Journal. Selon un sondage mené par eFinancialCareers.com, 37% des professionnels de la finance font en effet de leur rémunération le critère primordial dans leurs choix de carrière. Du coup, certains établissements préfèrent licencier plutôt que de réduire les bonus de leurs traders.

L'exception Citigroup

Autre élément favorisant la hausse des rémunérations: l'affranchissement des limitations salariales imposées par l'administration américaine dans le cadre du plan de sauvetage du système financier. Goldman Sachs entend par exemple compenser le "faible" niveau des bonus accordés en 2009 en augmentant considérablement le poids de sa masse salariale (43% du chiffre d'affaires, contre 36% l'an passé). A l'inverse, les rémunérations versées par Citigroup vont reculer pour la troisième année consécutive, tombant 25,5% de ses revenus. La banque new-yorkaise n'a toujours remboursé l'intégralité des aides publiques : elle reste donc soumise aux restrictions salariales.

Après cette année record, plusieurs arguments plaident cependant en faveur d'une stagnation des salaires et des bonus. Le renforcement de la régulation financière devrait notamment impacter les profits des grandes firmes de Wall Street. Et les contraindre à couper dans les rémunérations, afin de préserver le retour sur fonds propres de leurs actionnaires. Un durcissement des règles sur certains produits risqués à haut rendement, comme les dérivés, toucherait quant à lui directement les bonus des traders.

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Commentaire 1
à écrit le 19/12/2010 à 19:21
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Même une guerre ne changera pas le système. Alors que faire ?

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