Les néobanques innovent, même dans le domaine des ressources humaines. Au Royaume-Uni, Atom Bank propose, depuis le 1er novembre, à ses 450 salariés la semaine de travail de quatre jours. Les longs week-ends, du vendredi au lundi, seront même la règle par défaut, à l'exception des salariés travaillant pour certaines fonctions opérationnelles, notamment la relation clientèle.
Pour ces derniers, le jour de congé supplémentaire pourra varier dans la semaine pour assurer une continuité de service. C'est une option, et non une contrainte, chacun pouvant rester sur le rythme de cinq jours par semaine. Une phase de test est néanmoins prévue pendant plusieurs semaines pour valider cette réorganisation du temps de travail.
Effet Covid
La direction de la banque justifie sa décision par une nécessaire adaptation de l'entreprise aux nouveaux usages du XXIe siècle, qui se sont singulièrement accélérés pendant la crise sanitaire.
« Depuis mars 2020, Atom Bank, comme presque toutes entreprises, a dû s'adapter à de nouvelles méthodes de travail en faisant voler en éclats de nombreux mythes sur le lieu de travail », explique Mark Mullen, directeur général de la banque. En un mot : il est temps de changer et d'aller plus loin dans l'organisation du temps de travail, au-delà de la question du télétravail.
Toutes les études convergent sur le désir d'un nombre croissant de salariés de réévaluer la relation entre le travail et la vie personnelle, et qui s'est singulièrement développée pendant la pandémie. Déjà pris en compte avant la crise sanitaire, le bien-être au travail est devenu un élément clé de la stratégie de nombre d'entreprises, à la fois pour conserver leurs talents mais surtout pour en attirer d'autres.
« Nous pensons que le passage à la semaine de quatre jours peut offrir une variété d'avantages qui peuvent changer la vie de notre équipe », avance la banque dans son blog.
Un meilleur bilan carbone
Cette dernière entend ainsi suivre l'exemple des entreprises islandaises qui ont testé la semaine des quatre jours entre 2015 et 2019, avec des résultats probants sur l'équilibre et la santé des salariés. Et en conséquence, sur la productivité au travail et le recul des arrêts maladie.
Autre argument avancé, la semaine de quatre jours permet de réduire sensiblement le bilan carbone de l'entreprise. Selon une étude réalisée en 2021 par l'ONG Platform London, le passage à la semaine des quatre jours, sur l'ensemble du Royaume-Uni, pourrait permettre une réduction de 20 % des émissions carbone. Autre exemple, la semaine de quatre jours testée par Microsoft Japon en 2019 avait permis de réduire la consommation d'électricité de 23 % et la consommation papier de 59%.
Boursorama s'engage sur le télétravail
En France, c'est une autre banque digitale qui tente une petite révolution. Filiale de Société générale, Boursorama met en place depuis un an un accord prévoyant deux jours de travail par mois...sur site ! Les salariés affectés à des fonctions support (middle et back office), soit la moitié des effectifs, peuvent ainsi opter pour un rythme de télétravail hors du commun, de 90% à domicile et 10% sur site.
Ce qui permet aux salariés intéressés de déménager loin du siège à Boulogne-Billancourt, la banque prenant même en charge les frais de déplacement et d'hôtels pour les deux jours de présenciel par mois. Le succès de l'offre a été immédiat et la quasi-totalité des salariés concernés ont accepté l'accord. Pour l'heure, dans le secteur bancaire, la règle est de deux jours de télétravail par semaine.
Mais l'initiative de Boursorama pourrait tache d'huile à l'heure où le télétravail est devenu un argument de séduction pour les entreprises désirant recruter. Or, dans le secteur financier, la quasi-totalité des postes (hors agences bancaires) sont « télétravaillables », comme l'a démontré la gestion de la crise sanitaire par les banques et les compagnies ou mutuelles d'assurance.
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