Banques : BPCE veut faire la course en tête à l'horizon 2024

Le plan nouveau stratégique 2024 du groupe coopératif est entièrement focalisé sur la conquête, avec un objectif de croissance organique de 3,5 % par an sur les quatre prochaines années.Il dispose aussi d'un trésor de guerre de 8 milliards d'euros pour saisir d'éventuelles opportunités de croissance externe.
Le groupe coopératif vise un résultat net de 5 milliards d'euros à l'horizon 2024.
Le groupe coopératif vise un résultat net de 5 milliards d'euros à l'horizon 2024. (Crédits : Philippe Wojazer)

Aller de l'avant !  : tel est le credo du nouveau plan stratégique 2024 du groupe BPCE. « Nous avons un groupe en ordre de marche et qui souhaite accélérer », résume Laurent Mignon, président du directoire de BPCE, « d'autant que notre modèle singulier est en phase avec les attentes des clients ».

« C'est un beau plan », glisse, en aparté, Nicolas Namias, directeur général de Natixis, qui regroupe les activités de banque de financement et de gestion d'actifs. Au-delà des priorités devenues incontournables pour le secteur bancaire, comme le climat et la finance durable, le recentrage sur le client en pensant « LOBAL » (primauté du local) et la digitalisation, le groupe coopératif multimarques (Banque Populaire, Caisse d'Epargne, Natixis...) veut surtout mettre le cap sur la croissance.

Il table ainsi sur une hausse de ses revenus de 3,5 % par an pour atteindre un chiffre d'affaires de 25,5 milliards d'ici à 2024, contre 22,5 milliards en 2020. Le tout en prenant en compte des hypothèses macroéconomiques « prudentes » et à périmètre constant.

Accélérer sur l'assurance et le crédit à la consommation

Le plan met cependant le focus sur certains métiers et segments de marché. Dans la banque de détail ; l'assurance non-vie est ainsi une priorité, avec un objectif de taux d'équipement moyen des clients de 35% d'ici à quatre ans, soit 300 millions d'euros de revenus supplémentaires. De fortes ambitions sont également affichées en matière de crédit à la consommation, « où nous sommes en passe de devenir le numéro un en France », précise Christine Fabresse, directrice de la banque de proximité.

La conquête passe également par un accroissement du fonds de commerce, soit quelque 800.000 nouveaux clients actifs, particuliers et entreprises. Au passage, Laurent Mignon souligne qu'il « n'existe aucun plan de réduction du nombre d'agences », juste des ajustements pour optimiser le maillage. Et ce malgré une économie de coûts de 800 millions par an à partir de 2024, ce qui permettra de faire descendre le coefficient d'exploitation sous la barre des 65 %. Une performance pour le marché français, alors que les banques européennes les plus efficientes tournent autour de 55-60%. La banque compte parallèlement investir 400 millions d'euros dans l'innovation, notamment dans l'open banking et les paiements.

50% des encours en gestion durable

Après des années difficiles, Natixis, dont la prise de contrôle à plus de 90 % par BPCE (en vue d'un retrait de la cote) doit être finalisée demain, est également priée de pousser les feux de la croissance, mais avec une prise de risque limitée. Une précision d'importance avec les égarements passés de la banque sur des marchés très risqués, notamment sur la dette subprime aux Etats-Unis. Il faut dire que Natixis est à cheval entre deux pays, les Etats-Unis et la France, qui contribuent ensemble de façon égale à 80 % du chiffre d'affaires. Cette implantation américaine n'est pas remise en cause.

L'objectif est une croissance des revenus de 5 % par an d'ici 2024. En gestion d'actifs, dont la croissance attendue est de 3 % par an, le modèle multi-boutiques reste la règle, malgré l'épisode H2O AM. Le divorce officiel avec la boutique de Londres est repoussé à la demande des régulateurs de quelques mois à 2022, le temps que le dossier des actifs non liquides soit définitivement bouclé.

Cependant, des regroupements de différentes sociétés de gestion parmi les 21 affiliés n'est pas à exclure dans les prochains mois, tout en préservant l'esprit entrepreneurial. Au total, Natixis table sur une collecte nette de 100 milliards d'euros sur la période, avec un objectif de « 50 % des encours sous gestion durable ou à impact, soit 600 milliards d'euros », précise Nicolas Namias. Aujourd'hui, sous les normes actuelles, environ 15 % des encours se revendiquent ISR, compte tenu notamment du retard pris aux Etats-Unis.

Sur la banque de financement, la priorité sera donnée aux ETI, surtout auprès de la Tech, et au secteur de la santé. La crise sanitaire est passée par là. La croissance attendue de ses activités de financement est plus soutenue, de l'ordre de 7 % par an, avec de lourds investissements prévus dans les systèmes d'information (400 millions sur la période).

Enfin, au niveau du groupe, un focus particulier concerne la réorganisation du travail et le bien être des collaborateurs sur un principe simple : que l'amélioration de la qualité du travail soit équivalente à l'amélioration de la qualité de services pour les clients. En attendant, sur les fonctions support et de siège, un forfait de dix jours de télétravail par mois se met progressivement en place.

Un trésor de 8 milliards d'euros

Ces objectifs commerciaux devraient permettre au groupe de générer quelque 5 milliards d'euros de résultat net en 2025 et de maintenir un ratio de fonds propres élevé de 15,5%, avec « des cousins de sécurité » de quelque 8 milliards d'euros. Ce qui porte le buffer à 200 points de base par rapport aux exigences de solvabilité.

En clair, c'est un confortable matelas de sécurité, qui « nous offre une flexibilité stratégique », souligne Laurent Mignon. Autrement dit, une capacité d'investissement pour d'éventuelles opérations de croissance externe. Le mot n'est jamais prononcé mais il est sur le bout des lèvres.

Le groupe n'a jamais caché sa volonté de croître dans la gestion d'actifs, sans exclure une acquisition, ni, à plus long terme, une cotation du pôle gestion d'actifs. Bien des regards se portent sur l'exemple d'Amundi, filiale du Crédit Agricole, devenue numéro un du secteur en Europe, et dont les multiples de valorisation sont bien supérieures à ceux de la banque. Pour l'heure, le scénario d'une cotation des activités de gestion d'actifs n'est pas à l'étude, répètent les dirigeants de BPCE. Mais, chacun sait que, dans la finance, tout bouge très vite.

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