
Les craintes sur le secteur bancaire ne sont pas totalement dissipées. A Wall Street, l'action de First Republic, dont le siège est à San Francisco, s'effondre de près de 30 % à l'ouverture, suite à la publication la veille de l'ampleur de la fuite de ses dépôts au premier trimestre, soit quelque 100 milliards de dollars. Au total, la banque californienne aura perdu plus de 90% de sa capitalisation en trois mois.
C'est l'intervention concertée de onze banques américaines, en mars, avec un apport de 30 milliards de dollars de liquidités, qui a permis d'éviter le pire, après les faillites de Silicon Valley Bank, de Silvergate ou de Signature Bank, victimes également d'un « bank run ».
Les tensions se sont apaisées depuis mais les banques américaines restent sous la pression de la vive concurrence pour les dépôts des produits monétaires, mieux rémunérés avec la hausse des taux, et de la plus grande vigilance des autorités prudentielles. La question des dépôts est d'autant plus importante que les banques se refinancent désormais à des taux élevés auprès de la Réserve fédérale pour couvrir les sorties. Au total, les mauvais chiffres de First Republic menacent donc d'ébranler à nouveau la confiance des investisseurs.
Valeurs bancaires en baisse en Europe
En Europe, les valeurs bancaires ont été ainsi immédiatement attaquées ce matin. D'autant que la banque suisse UBS, qui doit fusionner avec la banque malade Credit Suisse, sans doute dès le deuxième trimestre, a publié des résultats inférieurs aux attentes des analystes. En France, BNP Paribas perd 2 % à mi-séance et Société Générale 3%.
En Allemagne, Deutsche Bank, qui avait été violemment attaquée sur les marchés fin mars, considérée comme la banque la plus fragile en zone euro, cède également 2%. La banque allemande doit présenter ses résultats jeudi et la liquidité sera scrutée attentivement. Ce sera également le cas pour les banques françaises, notamment sur leurs activités de banque de détail.
Pourtant, une étude de l'agence de notation Standard & Poor's souligne que les banques européennes ont traversé indemne la période d'extrême volatilité des marchés, déclenchée par la faillite de SVB et le rachat de Credit Suisse. Hors UBS et Credit Suisse, « les notations et les perspectives d'autres banques européennes d'importance systémique mondiale n'ont pas été affectées par la volatilité. Cela est dû en grande partie à leurs profils de financement diversifiés et à leurs positions de liquidité adéquates, qui leur permettent de résister à des marchés plus faibles », souligne Standard & Poor's.
L'étude note cependant que le financement en capital pourrait être plus compliqué, avec notamment un accès limité à la dette subordonnée Tier-1. Seule une perte de confiance généralisée pourrait déstabiliser les grandes banques européennes. Mais les autorités ne laisseront pas se répandre une crise de confiance en Europe.
Un fonds de garantie de 7 milliards d'euros
En France, le fonds de garantie des dépôts et de résolution (FGDR) vient d'ailleurs d'indiquer, dans son rapport annuel, que ses réserves frôlent les 7 milliards d'euros. Chaque client est couvert à hauteur maximum de 100.000 euros sur ses dépôts, ce qui ne représente que 0,5% du total des dépôts (1.400 milliards d'euros).
Il existe aussi un mécanisme européen de résolution, le FRU, alimenté depuis 2016 par les grandes banques européennes et qui devrait atteindre en 2023 son objectif de 1% des dépôts, soit environ 80 milliards d'euros.
Enfin, la Commission européenne envisage la création de nouveaux « filets de sécurité », financés par les banques, pour mieux protéger les déposants des banques moyennes ou petites (ce que doit permettre en principe le FGDR en France). La dernière fois que le FGDR a été sollicité remonte à 1999 lors de la faillite du Crédit Martiniquais.
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