Un mois après la faillite de SVB, les banques américaines affichent une santé de fer

Le premier test est réussi : JP Morgan Chase, Citi et Wells Fargo ouvrent la saison des résultats trimestriels sur des profits en net hausse, tirés par la hausse des taux. Même les banques régionales publient des résultats rassurants. Comme si la crise de mars dernier appartenait déjà à de l’histoire ancienne. Mais les observateurs scrutent avec attention le niveau des dépôts et la hausse du coût du risque.
Le géant bancaire JP Morgan Chase voit ses revenus trimestriels dopés par la hausse des taux.
Le géant bancaire JP Morgan Chase voit ses revenus trimestriels dopés par la hausse des taux. (Crédits : © Mike Segar / Reuters)

La saison des résultats du premier trimestre des banques américaines est ouverte depuis vendredi. A plus d'un mois du stress bancaire initié par la faillite, le 12 mars dernier, de la banque californienne Silicon Valley Bank (SVB), et des retraits colossaux sur les dépôts bancaires, ces résultats ont valeur de test (de résilience) du système bancaire américain.

Au vu des premiers résultats, le secteur bancaire semble solide. Ainsi, JP Morgan Chase a publié un bénéfice net en hausse de 52 %, à 12,6 milliards de dollars, et ce malgré 900 millions de dollars de dépréciation sur titres. Le chiffre d'affaires (+25%) à été dopé par les revenus de la marge d'intérêt (+50%), grâce à la remontée des taux d'intérêt de la banque centrale.

« Les consommateurs continuent de dépenser, avec des bilans sains, et les entreprises sont en bonne santé », se félicite Jamie Dimon, PDG de JP Morgan Chase. Même constat chez Wells Fargo Bank, qui délivre un profit net de près de 5 milliards de dollars. Là encore, la hausse des taux aura été bénéfique aux activités de crédit de la quatrième banque commerciale américaine. Enfin, le géant Citigroup présente également des profits supérieurs aux attentes, la hausse de la marge d'intérêt sur les crédits ayant permis de compenser le recul de l'activité de la banque d'investissement. A noter également quelques banques régionales qui ont publié de bons résultats, malgré la crise de défiance dont elles ont fait l'objet en mars. « Le fait que ce soit une banque régionale qui rachète SVB a beaucoup rassuré sur la solidité du système », avance un gérant.

Des dépôts sous haute surveillance

Pour l'heure, plus que les profits, ce sont les flux sur les dépôts qui restent le principal sujet de préoccupation, alors que les banques régionales ont été mises sous pression après la fuite de dépôts vers les grandes banques - un mouvement auquel JP Morgan a clairement profité - mais aussi, et cela concerne tout le secteur, l'arbitrage des clients en faveur de comptes rémunérés ou de fonds monétaires, ce qui risque d'accroitre sensiblement le coût de la ressource bancaire (déjà plus cher sur les marchés).

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« Nous avons constaté une importante activité d'ouverture de nouveaux comptes » et « un afflux de dépôts » dans la banque commerciale, a confirmé JP Morgan Chase pendant le stress bancaire. C'est d'ailleurs un renversement de tendance d'un mouvement de sortie des dépôts à vue vers des placements rémunérés. Au total, la banque indique une baisse de 7 % du montant de dépôts par rapport à l'année précédente mais grâce aux nouveaux flux nés de la crise bancaire, les dépôts ont augmenté de 2% par rapport au trimestre précédent.

Coût du risque en hausse

Mais la recherche d'un meilleur rendement risque de s'accélérer dans les prochains moins : les clients particuliers sont en effet toujours plus lents à réagir que les comptes professionnels ou d'entreprise mais ils sont, à leur tour, en train de découvrir les attraits des placements liquides rémunérés.

L'autre interrogation concerne la politique de crédit des banques et la montée du coût du risque. Une question délicate d'autant que les revenus des activités des banques d'investissement devraient être moins porteuses en 2023 que l'an dernier. Toutefois, ce dernier reconnaît que des nuages sont à l'horizon et que les turbulences du secteur bancaire ajoutent à ces risques. Bref, « le secteur bancaire pourrait réduire le crédit, les banques devenant plus prudentes avec le ralentissement de l'activité », précise le dirigeant.

Les banques américaines commencent à constituer des provisions pour pertes sur crédit comme JP Morgan Chase qui affiche un coût du risque de 2,3 milliards de dollars au premier trimestre, dont la moitié au titre d'annulations nettes de prêts.

Ces solides résultats ont rassuré jusqu'en Europe où le secteur bancaire a mené la hausse des indices. En France, BNP Paribas a gagné plus de 3% vendredi et reprend ainsi le terrain perdu depuis le 13 mars dernier. Société Générale est également en hausse de plus de 3 %, mais le cours de son action reste inférieur de 8% à celui de l'avant crise.

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Commentaires 2
à écrit le 16/04/2023 à 2:26
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Tout va bien pour le secteur bancaire jusqu'au moment où la bulle immobilière éclatera sous le poids de l'inflation commerçante...

à écrit le 15/04/2023 à 10:23
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"Un mois après la faillite de SVB, les banques américaines affichent une santé de fer"... jusqu'à la prochaine fois. Je pense parfois à mon ancienne passion pour la fiabilité des systèmes, il se disait: un événement est un non évènement, deux il exis...

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