La perte de Société Générale masque d’excellents résultats opérationnels

Sans surprise, le groupe bancaire affiche une perte de près de 1,5 milliard d’euros au second trimestre, compte tenu de la perte comptable de 3,3 milliards d’euros inscrite au titre de la cession de sa filiale bancaire russe. Sans cet élément exceptionnel, les résultats de la banque sont bien meilleurs que prévu par le consensus des analystes alors que le groupe doit boucler, dans les neuf prochains mois, plusieurs chantiers stratégiques.
La banque vise une croissance moyenne de ses revenus de plus de 3 % par an jusqu'en 2025.

A quelques mois de son départ - le nom de son successeur sera connu à l'automne prochain pour un départ effectif avant mai 2023 -, Frédéric Oudéa, directeur général du groupe Société Générale, peut se féliciter « de deux ans d'intenses transformation et de simplification du business model», même si les nombreux chantiers lancés prendront leur plein effet à partir de 2023. A l'image de son concurrent BNP Paribas, le groupe affiche en effet, au second trimestre, des résultats, bien meilleurs qu'attendu.

Certes, les résultats sont lestés par la perte comptable avant impôts de 3,3 milliards liée à la vente contrainte de sa filiale russe Rosbank. D'où une perte comptable de 1,48 milliard d'euros au second trimestre. Mais l'essentiel est ailleurs.

Rachat d'actions confirmé

Hors l'élément exceptionnel russe, le groupe affiche un résultat net sous-jacent de 1,5 milliard d'euros - mieux qu'au second trimestre 2021 - et surtout il réalise un carton plein sur l'ensemble de ses activités. Au total, le chiffre d'affaires trimestriel dépasse les 7 milliards d'euros (+13%), les coûts sont maitrisés (+5%), ce qui permet d'améliorer le coefficient d'exploitation à 61,8%, le coût du risque reste bas (15 points de base sur une prévision moyenne d'ici 2025 de 30 à 35 points de base) et le résultat d'exploitation réalise un bond de 19% à 2,39 milliards d'euros, supérieur de moitié aux prévisions des analystes financiers.

Dans la foulée, la banque a confirmé son programme de rachat d'actions d'un montant de 915 millions d'euros. Compte tenu de la forte décote du titre en Bourse - le cours représente environ 40 % de l'actif net- la banque compte d'ailleurs poursuivre sa politique de rachat d'actions, à hauteur maximal de 40% de la distribution aux actionnaires (plafonné à 50 % du résultat net sous-jacent).

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Performance de toutes les activités

Dans le détail, tous les indicateurs sont au vert. La banque de détail en France dégage un solide résultat net de 539 millions d'euros sur le trimestre, avec notamment toujours une forte activité dans le crédit. Les marges s'améliorent, même si les deux hausses du Livret A (février et août) devraient avoir un impact négatif de 150 millions d'euros sur l'année. A noter la bonne performance de la banque en ligne Boursorama qui vient d'atteindre les 4 millions de clients (dont 250.000 venant d'ING France), avec un an d'avance sur son plan de marche. La rentabilité du pôle de détail en France atteint 14,4%.

La banque de détail international et les services financiers spécialisés (dont le leasing automobile) se porte à merveille, avec une rentabilité de 25 % et un résultat net de près de 700 millions. Enfin, les activités de marché et de grandes clientèles dégagent un résultat net de 742 millions et une rentabilité de 20%.

Objectifs 2025

Frédéric Oudéa voit donc l'avenir avec un certain optimisme, malgré un scénario de fort ralentissement de la croissance et de baisse des taux à partir du second semestre 2023. « Il s'agira désormais de tirer tous les fruits de la création de nos nouveaux business model », rappelle Frédéric Oudéa, qui seront achevés dans les neuf prochains mois.

Rappelons que le groupe travaille sur l'intégration du groupe néerlandais LeasePlan, leader européen du leasing automobile, une acquisition de 4,9 milliards d'euros qui doit être bouclée d'ici la fin de l'année. Le groupe poursuit également la fusion de ses réseaux de banque de détail en France, qui sera effective du point de vue juridique le 1er janvier, avec une migration informatique des banques du Crédit du Nord vers le système de Société Générale effective à la fin du premier semestre 2023. Enfin, Boursorama devrait finaliser d'ici la fin de l'année l'acquisition des clients d'ING France, déjà réalisée pour moitié.

Le directeur général a donc confirmé les objectifs du groupe à l'horizon 2025, soit une croissance annuelle moyenne des revenus de 3%, un coefficient d'exploitation inférieur à 62%, une rentabilité de 10 % sur fonds propres tangibles et un ratio de solvabilité CET1 à 12% (après impact des nouvelles règles prudentielles Bâle 4).

« Nous abordons les prochains mois avec confiance, tout en étant lucide sur un environnement économique et financier plus incertain, mais nous considérons que notre dynamique du second trimestre et nos perspectives restent extrêmement solides », conclut Frédréric Oudéa.

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