Bourse : Credit Suisse s'effondre, les banques européennes plongent

Par Paul Marion  |   |  727  mots
Ce mercredi, l'action de Credit Suisse s'effondrait dans la matinée de près de 20%, tombant ainsi à son plus bas historique. (Crédits : Reuters)
Désavoué par son principal actionnaire, le titre Credit Suisse a chuté jusqu'à -30% ce mercredi, tombant à son plus bas historique, alors que BNP Paribas a perdu 10%, la Société Générale 12% et Commerzbank 9%. Les indices européens ont chuté dans le même temps, dans un mercredi noir au CAC 40 en chute de 3,5%. Les inquiétudes autour de Crédit Suisse interviennent dans une atmosphère déjà tendue par la faillite de Silicon Valley Bank ce week-end.

Sur les marchés financiers, le vent de nervosité soulevé par la faillite de la Silicon Valley Bank (SVB) ne retombe pas. L'inquiétude vient aujourd'hui d'un établissement en difficulté de longue date, Credit Suisse, sans lien apparent avec la banque californienne SVB si ce n'est un état de tension généralisée sur les marchés financiers.

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Ce mercredi, l'action de Credit Suisse s'est écroulée jusqu'à -30%, tombant ainsi à son plus bas historique après une déclaration de son principal actionnaire saoudien, qui ne compte « absolument pas » soutenir la banque en la recapitalisant. Le titre de la banque suisse a clôturé à -24%.

La banque nationale saoudienne détient actuellement autour de 9,8% de Crédit Suisse, juste en-dessous du seuil critique de 10%. Credit Suisse avait dû lever fin 2022 quatre milliards de francs suisses via une augmentation de capital qui avait permis l'entrée de la Saudi National Bank.

Les indices européens dans le rouge

Dans son sillage, les principales valeurs bancaires européennes ont dégringolé ce mercredi en Bourse. A la clôture des Bourses, BNP Paribas a perdu 10%, la Société Générale 12% et Commerzbank 9%. Les principaux indices européens chutaient dans le même temps, le CAC 40 connaissant un mercredi noir à -3,5% à Paris, -3,3% à Francfort et de 4,5% à Milan. En début de semaine, les titres des banques européennes avaient déjà souffert suite à la faillite de SVB.

Les mesures des autorités américaines et les assurances des gouvernements européens sur la solidité du système bancaire à la suite de la faillite de la Silicon Valley Bank (SVB) étaient parvenues à stabiliser les marchés mardi. Mais « les craintes quant à la solidité du secteur » persistent et « l'ombre de l'effondrement de la SVB plane toujours », souligne Susannah Streeter, analyste d'Hargreaves Lansdown. Le prix Nobel d'économie, Joseph Stiglitz, n'a pas exclu d'autres défaillances dans un entretien à l'AFP mercredi.

La banque centrale suisse (BNS) a annoncé, en fin de journée, qu'elle était prête à mettre des liquidités à disposition de l'institution zurichoise « en cas de besoin ». Grâce à son intervention, Wall Street a limité les dégâts. Le Dow Jones a reculé de 0,87%, l'indice Nasdaq a gagné 0,05% et l'indice élargi S&P 500 a cédé 0,69%.

Elisabeth Borne réagit et pousse les autorités suisses à intervenir

Signe de cette nervosité, la Première ministre française Elisabeth Borne a réclamé ce mercredi après midi aux autorités suisses de se pencher sur les problèmes de la banque Credit Suisse. « Ce sujet est du ressort des autorités suisses. Il doit être réglé par elles », a expliqué devant le Sénat la Première ministre française, assurant que le ministre français des Finances Bruno Le Maire « aurait un contact avec son homologue suisse dans les prochaines heures ».

Pour Credit Suisse, ce nouveau dérapage boursier s'inscrit dans la lignée de difficultés récurrentes. Son titre a fondu plus de 83% de sa valeur depuis la faillite spectaculaire de la société financière britannique Greensill en 2021, qui avait marqué le début d'une série de scandales qui ont fragilisé la banque.

Les difficultés sans fin de Crédit Suisse

Certains actionnaires ont fini par renoncer à leurs parts à l'image de la société d'investissement américaine Harris Associates, longtemps premier actionnaire de Crédit Suisse, qui avait reconnu la semaine passée avoir entièrement vendu sa participation dans la banque.

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En février, Credit Suisse avait fait état d'une perte nette de 7,3 milliards de francs suisses (près de 7,4 milliards d'euros) pour l'exercice 2022, sous l'effet de retraits massifs des dépôts de ses clients et a dit anticiper une perte avant impôts « substantielle » en 2023. Mardi, le titre a déjà été secoué en Bourse quand la banque a averti de « faiblesses substantielles » dans ses mécanismes de contrôles internes.