Courtier en ligne : Saxo Bank rachète BinckBank

Dans un contexte de concurrence des Fintech et de durcissement réglementaire, la danoise rachète sa rivale néerlandaise pour 424 millions d'euros.
Delphine Cuny
Le siège de Saxo Bank à Copenhague.

Plus de 20 ans après l'émergence des courtiers en ligne, le secteur doit se réinventer et l'une des solutions passe par la concentration. Le Danois Saxo Bank et le Néerlandais BinckBank ont annoncé ce lundi 17 décembre leur rapprochement. Le conseil exécutif et le conseil de surveillance de BinckBank ont recommandé à l'unanimité l'offre de rachat en cash proposée par Saxo Bank à 6,35 euros par action, qui valorise le courtier à 424 millions d'euros, reflétant une prime de 35% par rapport au dernier cours à la Bourse d'Amsterdam (de 38% par rapport à la moyenne pondérée sur trois mois).

L'action BinckBank bondit de 30% ce lundi à 6,14 euros. Beaucoup plus gros, Saxo Bank, non coté, est contrôlé depuis l'an dernier à 52% par le constructeur automobile chinois Zhejiang Geely Holding Group. Ses actionnaires, Geely, le fondateur de Saxo, Kim Fournais (qui détient 25,7%) et l'assureur finlandais Sampo, se sont engagés à un apport en capital de 100 millions d'euros pour financer l'opération.

« À mesure que le secteur des investissements et du trading mûrit et fait face à de nouvelles réglementations, et à la hausse des attentes des clients en ce qui concerne le numérique, les capacités en termes d'échelle, de technologie et d'actifs multiples deviennent de plus en plus importantes pour le succès à long terme », a fait valoir le fondateur et directeur général de Saxo Bank, Kim Fournais, dans un communiqué conjoint, soulignant la « forte compatibilité culturelle » des deux entreprises.

BinckBank, qui employait 579 personnes à fin 2017, contre 1.619 chez Saxo Bank en juin 2018, deviendra une filiale du groupe danois. Le président du comité exécutif du courtier néerlandais, Vincent Germyns, a reconnu que la fusion permettait « d'importantes économies d'échelle »  et aurait, dans un horizon de deux à trois ans, « des conséquences sur les équipes »  : en cas de doublons, il a promis un plan de départ dans de bonnes conditions.

Concurrence des Fintech et investissements digitaux

Fondé en 2000, BinckBank se revendique le leader du courtage en ligne aux Pays-Bas et en Belgique, le numéro trois en France et le numéro cinq en Europe, avec 632.000 comptes à fin 2017. L'entreprise avait annoncé le 22 octobre dernier que son plan de transformation prenait du retard. Les actifs sous gestion avaient reculé au troisième trimestre, de 11% sur neuf mois par rapport à l'an dernier, à 1,01 milliard d'euros.

Fondé en 1992 et actif dans le trading en ligne depuis 1998, Saxo Bank s'est positionné à la fois sur le marché des particuliers et des investisseurs professionnels. Il a dégagé l'an dernier un bénéfice net d'environ 53 millions d'euros pour des revenus de 405 millions, contre 9 millions et des revenus de 148 millions pour Binck.

Dans la justification de l'opération, les deux entreprises insistent sur la nécessité de changer d'échelle :

« Le secteur du courtage et des investissements en ligne est actuellement confronté à de multiples défis, notamment une concurrence âpre, une réglementation accrue, des taux d'intérêt bas, des exigences considérables en matière d'investissements technologiques et un changement de comportement des clients », qui appellent des « actions stratégiques proactives et décisives.»

Les courtiers font notamment face à toutes sortes de startups de la Fintech, en particulier les "robo-advisors", qui proposent du conseil automatisé par algorithme (comme Yomoni en France), mais aussi bientôt des néobanques, à l'image de la britannique Revolut qui va lancer un service de trading sans commission. BinckBank avait d'ailleurs acquis l'an dernier un robo-advisor, Pritle (ex-Fundix), pour 12,5 millions d'euros. En France, la société venait de lancer en novembre un premier contrat d'assurance vie, en partenariat avec Generali.

Delphine Cuny

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