Lehman un an après - Quand le consommateur chinois se réveillera

La consommation ne représente en Chine que 35 % du PIB, mais Pékin se mobilise pour la doper et en faire un moteur de la croissance à côté des exportations.

Depuis la crise et l'effondrement de la demande internationale, le sujet est devenu le leitmotiv de tous les débats : la Chine va-t-elle parvenir à doper sa consommation intérieure et ainsi garantir la pérennité de sa croissance jusqu'ici trop dépendante des exportations ? Cette année, Pékin est d'ores et déjà assuré d'atteindre son objectif d'une croissance de 8 % et probablement plus. Le plan de relance massif (585 milliards de dollars) et le boom des crédits (plus de 146,4 milliards de dollars par mois) sont à l'origine de la reprise dès les premiers mois de l'année. Mais le Premier ministre, Wen Jiabao, n'a pas caché son inquiétude la semaine dernière lors Forum économique de Dalian (nord) évoquant une croissance « instable, déséquilibrée et pas encore solide ».

Bilan mitigé
Pour Bei Xu, économiste chez Natixis, le Premier ministre a envoyé un message quasi explicite : « Après un premier plan de relance en faveur de l'offre, le gouvernement prépare de toute évidence un second plan cette fois axé sur la demande. » Mais quelles mesures seront assez efficace pour réveiller chez l'épargnant chinois (l'épargne représente près de 40 % du PIB) l'appétit d'un consommateur enhardi ? La consommation intérieure ne représente en Chine que 35 % du PIB, le plus faible taux de toutes les grandes économies. « Les consommateurs chinois ne pourront pas à court terme prendre la place des consommateurs américains dans l'économie mondiale. S'ils sont devenus d'importants acquéreurs de produits de luxe, leur spectre d'achat reste limité. Et surtout le revenu moyen d'un Chinois représente le dixième de celui d'un Américain », rappelait Cho Tak Wong, président de Fuyao Glass Industry lors du Forum de Dalian.

Depuis quelques mois, Pékin se mobilise pour corriger ce handicap. Des mesures d'aide à l'achat de voitures ont quasi doublé les ventes en août. Les achats d'appareils d'électroménager ont été subventionnés. Mais le bilan est mitigé. Les ventes de détail ont augmenté de 15,4 % en août. Ce taux flatteur occulte la faiblesse du taux de croissance de la consommation des ménages à proprement parler, comparativement à celle des entreprises et des administrations.

Les freins à la consommation sont identifiés : outre la faiblesse des salaires, l'absence de protection sociale efficace contre le risque santé, le chômage et la vieillesse sans parler du coût exorbitant de l'éducation. En janvier, le gouvernement a décidé de renforcer son système de soins, mobilisant 120 milliards pour porter à 90 % la part de la population totale ayant accès à une assurance santé de base d'ici à 2011. Reste la question des taux de remboursement, généralement faibles, variables selon la capacité financière des villes, souligne Bei Xu. Le pouvoir veut aussi investir 6 milliards de dollars pour assurer le financement et les indemnités des anciens salariés des sociétés d'État, ajoute-t-elle.

Reste l'impact de la crise sur l'emploi et le pouvoir d'achat. Officiellement évalué à 4,3 %, le taux de chômage réel est beaucoup plus élevé. « On sait que les classes moyennes seront un jour l'un des moteurs de la consommation et de la croissance en Chine, mais il faudra attendre au moins sept à huit ans », déclarait Caio Koch-Weser, vice-président de Deutsche Bank lors du forum de Dalian.

 

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