Spéculation : l'Autorité des marchés financiers appelle à des initiatives franco-allemandes

"Nous affrontons une grave crise de dette et de finances publiques qui entraîne une défiance jusqu'ici méconnue sur les titres souverains européens (...) L'état d'urgence s'impose", a déclaré Jean-Pierre Jouyet, le président de l'Autorité des marchés financiers (AMF).

Quand, la semaine dernière, l'Allemagne a annoncé l'interdiction des ventes à découvert sur certains titres, l'Autorité des marchés financiers (AMF) s'est empressé de regretter cette décision unilatérale. Mais ce jeudi, son président Jean-Pierre Jouyet, s'est montré favorable à des initiatives franco-allemandes permettant de lutter contre la spéculation et de ramener ainsi le calme sur les marchés.

S'exprimant lors d'un colloque, il a dit souhaiter un meilleur encadrement du marché des CDS (credit default swap), des instruments financiers qui permettent de se couvrir contre les risques de défaut sur la dette. "Nous affrontons une grave crise de dette et de finances publiques qui entraîne une défiance jusqu'ici méconnue sur les titres souverains européens (...) L'état d'urgence s'impose" a-t-il expliqué. Avant d'ajouter : "Pour endiguer la tendance qui se fait jour, des initiatives franco-allemandes sont plus que jamais nécessaires pour proposer un plan de gouvernance de la zone euro", a ajouté le président de l'AMF.
Pour ce faire, Jean-Pierre Jouyet propose de modifier "en profondeur les règles de fonctionnement des CDS qui servent davantage à spéculer qu'à se couvrir" et d'"adopter des mesures comparables pour lutter contre les ventes à découvert sur tous les titres".


Jean-PIerre Jouyet a dit souhaiter que le fonctionnement du marché des CDS permette de distinguer entre les opérations relevant de l'assurance et de la couverture contre les risques d'une part et les transactions purement spéculatives de l'autre. "A défaut, une fermeture temporaire sur les CDS nus souverains s'imposera dès lors que le régulateur en aura les moyens", a souligné Jean-Pierre Jouyet.


C'EST LE DEBAT POLITIQUE QUI VEUT CA
 

Cette déclaration du président de l'AMF appelle cependant à être précisée, estiment des professionnels. "Les déclarations de Jean-Pierre Jouyet manquent de clarté, c'est le débat politique qui veut ça", a estimé Dominique Barbet, économiste de marché à BNP Paribas. "Globalement ce qu'on observe c'est beaucoup de concurrence entre Européens et pas toujours la coordination qu'il faudrait avoir", a-t-il ajouté, regrettant que les Etats de l'Union aient "27 positions différentes" à moins d'un mois de la prochaine réunion du G20 qui doit aborder ces questions de régulations.
 

Mercredi dernier, l'AMF avait regretté le manque de coordination européenne au lendemain de la décision de l'Allemagne d'interdire outre-Rhin les ventes à découvert sur les emprunts d'Etat de la zone euro, une mesure jugée inefficace et préjudiciable à l'euro. Dans une interview à Reuters, Jean-Pierre Jouyet avait indiqué que la France ne prendrait pas de mesures similaires, estimant qu'aucun problème sur la dette souveraine française ne justifiait une telle décision.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 28/05/2010 à 2:55
Signaler
il est bien trop facile de mettre les banques sur la sellette, si les états étaient moins dispendieux, ils auraient moins besoin de faire appel au dites banques, mais les états ne sont pas les seuls responsables : c'est nous qui voulont toujours plus...

à écrit le 27/05/2010 à 17:27
Signaler
3 ans après l'éclatement de la crise des subprimes, il serait temps que l'on commence enfin à réguler les marchés financiers et les banques qui ont mené à cette catastrophe.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.