Bruxelles veut réformer le marché de l'audit

La Commission européenne a lancé une vaste consultation sur l'audit légal. Elle compte légiférer en 2011 notamment pour garantir l'indépendance des auditeurs. En ligne de mire : Deloitte, Ernst & Young, KPMG et PricewaterhouseCoopers

La Commission européenne a engagé une réflexion générale pour tirer les conséquences de la crise financière. Et le marché de l'audit n'échappe pas à la démarche. Le commissaire européen au Marchés intérieur et aux Services Michel Barnier a dévoilé le 13 octobre un livre vert sur ce secteur d'activité et lancé une large consultation jusqu'au 8 décembre prochain.

"Ce livre vert vise à tirer les leçons de la crise concernant l'audit légal avec l'objectif de renforcer cette profession et sa crédibilité", a déclaré le commissaire européen. Cette consultation ne restera donc pas lettre morte. "Le statu quo ne sera pas une option retenue par la Commission européenne. Nous serons prêts en 2011 à légiférer sérieusement", a-t-il prévenu.

Les "Big Four" en ligne de mire

Est notamment pointé du doigt dans le livre vert la forte concentration du marché de l'audit légal entre les fameux «Big Four » (Deloitte, Ernst & Young, KPMG et PricewaterhouseCoopers). Ils concentrent à eux seuls 70 % de la certification des comptes des sociétés dans l'Union européenne. Au Royaume-Uni, ils auditent 99 % des 100 premières sociétés cotées.

Que se passerait-il si un des « Big Four » est en faillite comme l'a été il y a près de dix ans le réseau Andersen ? "Nous pensons que cette concentration peut provoquer des risques systématiques", a insisté Michel Barnier. C'est pourquoi, dans le livre vert, la Commission européenne lance des pistes afin de stimuler la concurrence sur le marché de l'audit.

L'indépendance des auditeurs en question

Autre point essentiel, la Commission européenne s'interroge dans le livre vert sur l'indépendance des auditeurs légaux. Comment peuvent-ils l'être alors qu'ils sont rémunérés par leurs sociétés clientes ? Le commissaire européen semble perplexe sur la possibilité pour une société d'audit de faire à la fois de l'audit et du conseil.

"Est-ce que ce cumul ne conduit pas à un cumul des genres voire à des conflits d'intérêts ?", a-t-il lancé. Il ne serait pas non plus sain qu'un cabinet d'audit conserve les mêmes sociétés clientes pendant des décennies.

Le livre vert n'hésite pas non plus à aborder la question de la nécessité d'une supervision européenne. Ce point sera forcément discuté durant la large consultation. De même, la réflexion est lancée pour simplifier les obligations d'audit légal pour les Pme tout en préservant la sincérité de leurs comptes.

Le commissaire européen espère une forte mobilisation sur la large consultation lancée : "Plus nous aurons de contributions, plus les réponses seront adaptées aux réalités du marché". Les "Big Four" ne devraient pas tarder à répondre activement aux questions soulevées par le livre vert.

 

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