Le Crédit Mutuel célèbre à Strasbourg la réconciliation entre l'Alsace et la Bretagne

La fédération strasbourgeoise du Crédit Mutuel (Crédit Mutuel Centre Est Europe, CMCEE) a tenu son assemblée générale le 26 mai, devant 5.500 sociétaires régionaux venus déguster leur traditionnelle « choucroute fédérale ».
Julien Carmona (à gauche), président du Crédit Mutuel Bretagne et Nicolas Théry (à droite), président du Crédit Mutuel Centre-Est-Europe.
Julien Carmona (à gauche), président du Crédit Mutuel Bretagne et Nicolas Théry (à droite), président du Crédit Mutuel Centre-Est-Europe. (Crédits : Margot L'Hermite)

Une assemblée générale aux allures de fête d'entreprise, et une salle de spectacles (le Zénith de Strasbourg) transformée en dancefloor vers la fin de la matinée par le Crédit Mutuel. Drôle d'ambiance pour une réunion de banquiers. L'exercice formel, dédié à la validation des comptes annuels, a aussi été marqué par la réconciliation récente entre deux entités de la banque fédérale, les frères ennemis bretons et alsaciens du Crédit Mutuel.

Pour la première fois en public, Nicolas Théry, président du CMCEE, s'est félicité de l'accord trouvé le 3 mai entre la Confédération nationale, organe central du groupe pour le régulateur, et Crédit Mutuel Arkéa.

Le protocole signé a mis un terme à plus de dix années de conflits entre les fédérations de Bretagne et du Sud-Ouest et celles regroupées au sein de l'Alliance fédérale, sous la houlette de la puissante fédération de Centre Est Europe. Cette « paix des braves » met fin au projet d'indépendance soutenu par les bretons du Crédit Mutuel en 2014.

Le goût de la décentralisation

« L'accord a été approuvé à l'unanimité des 19 fédérations, un score qui ne souffre aucune ambiguïté », a souligné Nicolas Théry. « Brest et Strasbourg, c'est un peu le choc des extrêmes, mais c'est aussi des valeurs communes (...) et un goût très fort pour la décentralisation », a répondu Julien Carmona, président du Crédit Mutuel Bretagne et du Crédit Mutuel Arkéa, invité à Strasbourg.

A Strasbourg, qualifié de « cœur du réacteur » par le directeur général Daniel Baal, et sur tout le territoire de l'Alsace, le Crédit Mutuel continue d'afficher sa domination dans la banque de détail : 64,3 % des habitants du Bas-Rhin et du Haut-Rhin sont clients de l'Alliance fédérale (Crédit Mutuel ou CIC). La Fédération Centre Est Europe n'affiche pas la même domination dans d'autres territoires plus ruraux, avec 10 % de parts de marché seulement dans la Nièvre ou 14 % dans l'Yonne.

Les résultats financiers, déjà présentés trois mois plus tôt par le Crédit Mutuel, confirment une stabilisation du résultat net à un niveau élevé (3,5 milliards d'euros en 2022) avec un coût du risque en hausse de 9,9 %, à 768 millions d'euros. « Le choc économique est là. Après quarante ans de désinflation compétitive, la banque centrale a sifflé la fin de la récréation. En tant qu'auxiliaires de la politique monétaire, les banques ont obligation de s'adapter », a prévenu Nicolas Théry. « L'orientation est claire : réduire la quantité de monnaie dans l'économie, et donc la taille des établissements bancaires. En 2014, le bilan du Crédit mutuel s'établissait à 510 milliards d'euros. Aujourd'hui, nous sommes à 885 milliards. On s'est tous sérieusement enveloppés », reconnaît Nicolas Théry, invitant ses troupes à réaliser des efforts de réduction des frais généraux. « Pour 100 euros de bilan, notre résultat net s'établit entre 47 centimes et 48 centimes. On doit garder le cap de cette rentabilité et pour y parvenir, nous devons réduire les frais généraux improductifs et mutualiser encore les fonctions support », a prévenu Nicolas Théry.

Les résultats de la consultation interne sur le futur plan stratégique du Crédit Mutuel, établie avec les contributions de 73.000 salariés ou sociétaires, ont été dévoilés à l'occasion de l'assemblée générale. Ils paraissent assez convenus : poursuivre la digitalisation des activités, offrir de la flexibilité et de la reconnaissance au travail, utiliser l'outil technologique comme élément de différenciation, trouver d'autres relais de croissance dans l'entreprise et à l'international. Ce nouveau plan stratégique, prévu entre 2024 et 2027, portera un nom : "Ensemble, performant et solidaire".

« Avec l'intelligence artificielle, nous avons libéré 2,4 millions d'heures de travail et nous avons créé l'équivalent de 1.570 emplois dans le réseau », a rappelé Nicolas Théry. Une formulation maladroite qui traduit, de fait, le transfert du temps de travail consacré à des tâches administratives vers de la relation client. Nicolas Théry a aussi annoncé un nouvel investissement de 230 millions pour « deux futurs data centers ». Ces équipements seront exploités en interne par Euro-Information, souvent considérée comme la "Fintech" du Crédit Mutuel.

« Ces assemblées générales ont perdu un peu de sérieux, elles ont gagné en festivité », a reconnu Nicolas Théry en fin de matinée. Le public s'est alors lancé dans d'improbables reprises à tue-tête des chansons de Johnny Hallyday, de Jean-Jacques Goldman ou de Michel Berger, « La groupie mutualiste » (sic). 5.500 choucroutes ont été servies aux participants, repas traditionnel des assemblées générales du Crédit Mutuel à Strasbourg depuis 1949.

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